Voici un pur produit de la période sarkozyste qui s’achève. Sans le discours trempé de cynisme, aux objectifs bien affichés, qui a caractérisé le quinquennat de M. Sarkozy, ce pamphlet -car c’en est un- n’aurait pas vu le jour.
Le temps viendra où les politologues se pencheront sur les discours qui structurent la production actuelle de la bande dessinée, investie comme jamais dans la politique. Après une production tendant vers la personnalisation où fleurissaient les portraits-charges des hommes politiques, les auteurs s’attaquent maintenant au corpus idéologique lui-même.
Cela n’est pas nouveau : après tout, ce n’est pas par hasard si le masque de V pour Vendetta d’Alan Moore et David Lloyd est devenu l’emblème des indignés. Mais jusqu’à présent, la critique était feutrée.
Pas ici : si vous êtes la victime d’une injustice sociale et que tous vos recours en justice sont annihilés par un patronat trop habile, capable de mobiliser une armée d’avocats susceptibles de faire traîner les procédures jusqu’au siècle prochain, poussez la porte d’une bouquinerie au nom steinbeckien : Les Raisins de la colère. Là, dans la pénombre des bibliothèques, vous attend Revanche, un super-héros redresseur des torts sociaux.
C’est naïf comme un chromo, simpliste comme un discours politique, mais roboratif comme un chocolat chaud au petit déjeuner par temps d’hiver.
C’est en outre merveilleusement mis en images par Chauzy, que l’on avait vu récemment dans une éclairante biographie de Marine Le Pen.
À lire par les temps qui courent...
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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