"Ténébreuse" dessiné par Vincent Mallié : l’ultime chef-d’œuvre d’Hubert [INTERVIEW]

En fuite après avoir affronté le Roi, Islen et Arzhur se rapprochent l’un de l’autre à reculons. Entre l’attirance qu’éprouve le fougueux chevalier et les peurs de la piquante brune, la tension provoque des étincelles. Les rencontres qu’ils vont faire sur leur route ne vont guère faciliter la compréhension mutuelle, mais la séduction fait son chemin. Reste la plus grande épreuve : le duo va devoir faire face, successivement, à leurs parents respectifs. Chacun dans sa rancœur, ses frustrations et son besoin de pardon.

Le périple de deux amoureux aux prises avec leurs démons se clôt dans un mélange de romantisme flamboyant et de violence spectaculaire. Déjouant les pièges d’une histoire d’amour linéaire, les auteurs continuent de nous faire réfléchir sur les sentiments, le désir et le pouvoir, tout en jonglant brillamment avec les codes de l’Heroic Fantasy.

Un des derniers scénarios d’Hubert, décédé en 2020, Ténébreuse, dans ses deux volumes épiques, éclaire avec sensibilité nos élans les plus nobles et parfois les plus sombres. Son aspect initiatique permet en outre de balayer les barrières de genre et de catégorie. Ou comment amener une forme moult fois visitée en BD vers les questions universelles.

Comment est née la collaboration avec Hubert ?

Je suis rentré en contact avec lui il y a 6 ans, via une amie commune. Je connaissais son travail depuis pas mal d’année et je voulais faire une histoire dans la tonalité de ce que faisait Hubert, un beau conte médiéval. Je lui ai montré un carnet rempli de petits dessins et un des croquis a attiré son attention. Une étincelle qui a alors lancé l’aventure de Ténébreuse.

Comment s’est passé le travail sur ces deux tomes avec et sans lui ?

Hubert était quelqu’un de perfectionniste. Il pouvait refaire autant de fois des versions de son histoire (parfois une dizaine de versions), jusqu’à trouver l’articulation qui convienne. Il m’envoyait le scénario puis s’en suivait une discussion ou tout était remis a plat, il cherchait à s’améliorer et pour cela n’hésitait pas a prendre les bonnes remarques en compte. Il avait besoin de ce ping-pong verbale. Comme je fonctionne dans ce sens avec le dessin, la collaboration était super enrichissante. Il cherchait les détails de l’intime avec une approche très cérébrale, à la différence de Régis Loisel qui lui, fonctionne beaucoup plus à l’instinct. Ensuite, j’avais le script du tome 2 entièrement écrit, j’ai du faire quelques ajustements mais dans l’ensemble tout était là. L’histoire était prévu en deux tomes dès le départ.

Comment abordez-vous la sortie de ce tome 2 ?

Très content de sortir la suite et la fin de cette histoire. Très fier aussi d’être arrivé au bout et hate d’avoir les retours des lecteurs. Toute l’équipe Dupuis a vraiment fait un excellent travail de suivie et particulièrement Elsa Sztulcman mon éditirice que je veux remercier ici.

Que tirez-vous de ce projet à titre personnel ?

Une parenthèse artistique, belle, tragique et intense.

Quels sont les futurs projets cachés dans vos tiroirs ?

Je fais aussi des livres illustrés avec les Éditions Margot. L’année dernière j’avais sorti un Arsène Lupin. Cette année j’ai remis le couvert avec la première aventure de Sherlock Holmes qui sort en novembre, il s’agit de Une étude en rouge, dans un autre style, plus lèger et en couleurs direct.