L’histoire est toute simple, celle de trois sœurs puissantes aux parcours cabossés. L’aînée, Margaret, qui vit seule depuis la mort de son enfant, propose d’accueillir sa sœur cadette, Moira, qui se retrouve seule avec ses deux enfants après la mort de son mari, scène qui ouvre l’album. Les deux aînées sont rejointes par Effie, la benjamine, abandonnée par son mari volage. On a connu sort plus heureux pour chacune d’entre elles.
Et pourtant, sans pathos, la vie reprend. Il faut d’abord apprendre à cohabiter, à partager les tâches (ce que la cadette, Effie, essaie d’esquiver), à composer avec l’histoire familiale et les jalousies. Il faut surtout réapprendre à vivre, à s’ouvrir aux autres, à aimer. C’est cette renaissance que nous raconte Cécile Becq, au cours d’un album qui avance doucement au rythme des mois (qui forment des chapitres) et des échanges entre sœurs, avec la délurée Effie comme détonateur le plus souvent, elle qui n’a pas la langue dans sa poche et qui pousse ses sœurs à sortir de leur réserve. Ce sont bien trois chardons, car qui s’y frotte s’y pique, mais leur piquant n’empêche pas la floraison, en particulier sur l’île de Skye (le chardon étant d’ailleurs l’emblème national de l’Écosse).
La mise en page, les dessins et les couleurs sont au diapason. Pas d’effets de manches, de rythme effréné, mais de la douceur, ponctuée de planches pleine-page contemplatives, permettant d’admirer la belle et sauvage nature de l’île de Skye. On terminera par la couverture, qui nous offre une parfaite synthèse de ce bel album.
(par Philippe LEBAS)
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