À la frontière entre l’Australie occidentale et les Territoires du Nord, il y a deux manières de gagner sa vie : travailler à la mine d’or ou servir dans les bars où les mineurs viennent dépenser leur paie. Deux voies opposées choisies par deux filles très différentes. L’aborigène Ellie est sérieuse et conduit d’immenses camions-bennes au fond de la mine à ciel ouvert. Tandis que Birdy la délurée bosse dans un rade paumé et ne rêve que de se casser loin de ce bled… sauf qu’elle n’a pas un dollar devant elle et que sa mère est mourante.
Deux filles qui n’ont rien en commun, sinon une rage de vivre. Elles n’auraient d’ailleurs jamais dû se rencontrer… jusqu’au jour ou Birdy rend son tablier lorsque son patron lui demande de servir les clients seins nus. Elle fait du stop et tombe par hasard sur Ellie. Un hasard qui va mener les deux jeunes femmes dans un terrible engrenage où elles affrontent gangsters, policiers, gardiens de sécurité corrompus et surtout un dirigeant qu’aucun scrupule n’étouffe. Une fois la première pièce de ce domino retirée, tout va s’effondrer dans un grand fracas...
Décidément, Nathalie Sergeef devient la scénariste experte du Bush australien. Après Down Under et Burke & Wills, la voici qu’elle livre coup sur coup ces cinquième et sixième albums se situant dans l’Outback, sauf qu’à la différence des précédents, celui se déroule bien à notre époque.
Ce sont pourtant bien les règles du western que la scénariste applique avec succès dans ce diptyque, au mode "film d’action… australien" ! Une fois le décor planté en dix pages, elle délivre près de cent planches pétaradantes remplis de retournements de situation et de quelques flashbacks explicatifs.
Outre le cadre géographique fascinant, l’aspect attractif du récit se focalise sur ses deux héroïnes. Bien sûr que tout les oppose, comme pour tous les tandems réussis du genre. On prend cependant beaucoup de plaisir à suivre leur explosive progression, surtout que les dialogues sont ponctués de quelques répliques bien senties.
Bernard Khattou sert très bien le tempo de ce film d’action transposé en bande dessinée : ses grandes cases déploient les splendeurs du Bush australien et son trait réaliste permet de vivre le récit comme dans un long métrage en cinémascope. Même si quelques visages auraient pu être affinés, il donne toute la consistance nécessaire aux deux héroïnes pour les transformer en badass dont on se plaît à suivre les velléités.
S’appuyant sur l’aspect spectaculaire et distrayant de ce diptyque, l’éditeur a opté pour des couvertures percutantes qui illustrent pertinemment l’album sur le mode : « On va s’amuser en suivant les péripéties de ces deux jeunes femmes, et ce divertissement plein de cascades se suffit à lui-même ». Un résultat dopé par la sortie simultanée des deux premiers tomes, car le cliffhanger qui conclut le tome 1 aurait laissé les lecteurs sur une faim inextinguible si le tome 2 n’avait pas été pas immédiatement disponible.
(par Charles-Louis Detournay)
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