Batman Rebirth Intégrale T. 2 - Par Tom King & Collectif - Éd. Urban Comics

Qu’est-ce qui est pire qu’un super-vilain ? Deux supers-vilains. Et qu’est-ce qui est pire que deux supers-vilains ? Deux supers-vilains qui s’allient. Mais alors, qu’est-ce qui est encore pire que ça ? Deux supers-vilains qui se mènent une lutte à mort dans Gotham, entraînant dans leur suite tous les criminels de la ville et mettant les rues à feu et à sang.

C’est ce que doit affronter Batman, alors qu’il vient à peine de se remettre de son affrontement épique avec Bane, dans sa super-prison. Le Joker et l’Homme Mystère, les deux plus terribles antagonistes de la chauve-souris, ont en effet décidé de s’entre-tuer pour savoir qui aurait le droit d’éliminer Batman pour de bon, aucun ne voulant laisser ce plaisir à l’autre.

Dans leur conflit, ils recrutent tous les pires criminels de la ville et du monde, qui se réunissent dans les allées sombres de Gotham pour se mettre sur la tronche façon guérilla. Et entre les deux feux, Batman est plus que dépassé, et ce, malgré l’aide de son amie, amante et acolyte Catwoman. Avec en suspens la question à mille dollars : Batman est-il seulement capable d’arrêter toute cette folie ?

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Grands enjeux, petit Batman

Voici venir la suite de la réédition intégrale de Batman Rebirth, dernier plus gros reboot de la licence dans l’univers DC mené d’une main de maître par Tom King.

Après un premier tome qui réunissait les volumes sur la guerre entre Batman et Bane, c’est maintenant le conflit entre le Joker et l’Homme Mystère qui occupe la scène. Cette trame est assez intéressante car elle relègue notre héros au second plan, l’attention des deux vilains n’étant pour une fois pas braquée sur lui. On ne suit donc pas un Batman qui enquête, découvre et combat, mais un Batman qui tente à tout prix de limiter les dégâts alors que deux tempêtes se déchaînent, de toute la puissance de leur folie, dans sa ville.

C’est là un rôle assez inhabituel pour Bruce Wayne, et une fois encore, après le premier arc sur Bane, on retrouve un Tom King qui aime placer son personnage hors de sa zone de confort. Il s’amuse en outre à déplacer le scope de l’histoire pour nous la donner à voir à travers les yeux d’autres personnages, pour le moins inhabituels. On a ainsi toute une séquence racontée par l’indicible Kite-Man ("trop mortel"), d’aucun diraient le pire super-vilain du Bat-Verse à qui Tom King offre l’occasion de se dévoiler. Résultat : on en vient à ressentir de l’empathie et de l’affection pour un bouffon déguisé en cerf-volant : bravo Tom.

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Après ce premier arc, qui occupe une bonne moitié de volume, on a droit à plusieurs mini-arcs moins ambitieux mais tous structurés autour d’un heureux événement, qu’on voyait advenir à la fin du précédent tome et qui se concrétise enfin : l’union de Batman et de Catwoman. Oui oui, le chevalier noir va se marier. Cette thématique est un moyen pour King d’explorer les relations intimes et amicales de Bruce Wayne, avec au passage quelques séquences mémorables (la rencontre des ex), voire vraiment drôles (la fête foraine en double-date avec Superman et Loïs).

Ce sujet (le bat-wedding), fait partie des poncifs de l’univers Batman, tout le crédit ne revient donc pas à Tom King en la matière. Mais il le traite avec une sincérité touchante, ce qui allège fortement le récit. Et nous donne à voir les failles du héros infaillible, en n’hésitant pas à le tourner en dérision au besoin.

Après les bastons testostéronées contre Bane et les énigmes machiavéliques pavées de bombes de Nigma, ça fait aussi du bien d’avoir un peu autre chose à lire, même si c’est juste Batman qui mange un corn-dog à la foire. Et on ne va pas se mentir, le jeune couple formé par Sélina et Bruce est très attendrissant.

Au niveau dessin, on est sur du DC mainstream, donc c’est très correct voire beau, mais rien qui ne révolutionne le médium non plus. Le traitement graphique des personnages féminins transpire toujours trop l’ère pré-#MeToo, avec des formes voluptueuses riches en scolioses et des postures un peu trop pin-up pour être crédibles, mais en dehors de ce détail, tout de même gênant, on a droit à du très bon travail.

Rebirth avait pour vocation de revitaliser l’univers DC et de le rendre plus accessible aux jeunes fans des univers parfois centenaires. Batman Rebirth remplit assurément ces deux critères, et on a avec les deux premiers tomes de cette réédition une formidable porte d’entrée dans le Bat-Verse pour les débutants. Les fans aguerris y trouveront aussi leur compte (on reste en effet sur du bon voire du très bon comic contemporain), et on ne peut donc qu’attendre la suite avec impatience.

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