"Dogma", une réflexion de Stéphane Betbeder sur le dogme et la foi

Bruges, Jeudi de l’Ascension, l’acteur jouant le rôle de Jésus-Christ entre en transes et prononce des phrases étrange avant de transformer la sainte relique sensée contenir quelques gouttes du sang du Christ, en un liquide ressemblant au vrai fluide vital.

Cet événement met le Vatican sur le pied de guerre, il envoie des émissaires aux quatre coins du monde avec pour mission de ramener les Saintes Reliques de la Passion en Terre Sainte.

À Jérusalem, Grâce, la jeune religieuse stigmatisée, est pourtant désespérée. Elle qui détient le pouvoir de savoir si une relique a bien été en contact avec le Christ, n’identifie aucune de celles qui ont été rassemblées à prix d’or par les mercenaires du Vatican. Dès lors, comment interpréter les signes qui se multiplient : les 128 stigmatisées qui quittent le couvent pour le Mont des Oliviers ? Les divers signes solaires et les apparitions de Marie qui se succèdent ? Miné par la culpabilité du dogme qu’il continue à entretenir, le Pape accompagné de ses ministres doit-il y voir le signe de la Parousie, du retour du Christ sur Terre ? Ou au contraire celui du Démon venu signer la fin de l’humanité ?

Le premier tome de Dogma demeurait plus énigmatique que captivant, pour ne pas dire confus. Stéphane Betbeder s’était principalement centré sur ses personnages principaux, en oubliant de donner du souffle à son intrigue, ce qui la rendait hermétique.

D’emblée, le deuxième tome de cette trilogie contextualise la trame et les destins de ces mêmes personnages . Même si quelques points demeurent vagues (intentionnellement ?), on comprend mieux les motivations du Vatican et du couple de héros. Le titre de la série prend toute sa saveur, car le scénariste pose des questions judicieuses sur le dogme (im)posé par l’Église catholique, ainsi que l’importance et la priorité de celui-ci face à la foi, simple et branlante. C’est donc avec plaisir et intérêt que l’on dévore ce nouvel opus, même si le discours de certains religieux est parfois empreint d’une naïveté déconcertante, que cela soit volontaire ou non.

Aux quatre coins de la planète, les serviteurs de l’Eglise tentent de rassembler les reliques de la Passion du Christ

Le tome 2 du savoureux Inlandsis vient également de paraître

Dans une ambiance moins fantastique que pour L’Ordre des Dragons, le travail d’Elia Bonetti se place globalement au service de l’intrigue. On profite de très belles doubles pages, qui donnent de l’ampleur et de la profondeur à l’intrigue. Mais certains aspects demeurent néanmoins perfectibles, comme des cadrages parfois acrobatiques alors que le sujet n’en vaut pas toujours la peine. On sent néanmoins une belle progression par rapport au premier tome. Mais on attend également une meilleure discussion avec la coloriste Élodie Jacquemoire, car les ombres parfois très présentes et les points lumineux ne sont pas toujours coordonnés.

Pour les amateurs des scénarios de Stéphane Betbeder, notez que le tome 2 d’Inlandsis vient également de sortir. On poursuit la découverte de ce très beau conte inuit, avec un passionnant chassé-croisé entre les conquérants du pôle nord et les acteurs de ce mythe à la personnification très bien construite. Une magnifique immersion dans une civilisation souvent méconnue, mais dont l’intensité du scénario et le superbe dessin de Frichet donnent une grande intensité à ce récit sauvage.

Toujours du même scénariste, mais cette fois-ci dans l’anticipation, on sera attentif au tome 2 de 2021 qui sortira au printemps, afin de savoir ce que le futur nous réserve.

Inlandsis, par Betbeder & Trichet - Soleil