Albums

Enfer pour aube - T. 1 : "Aube apache" - Par Philippe Pelaez et Tiburce Oger - éditions Soleil

Par Christian GRANGE le 11 mai 2022                      Lien  
Paris, 1903. Des notables sont assassinés par un inconnu au visage recouvert d'une écharpe rouge. Un Napoléon d'or est laissé près de chacune de ses victimes. Quel est son but ? Qui est-il ? La réponse semble se trouver quelques décennies auparavant...

En 2021, certains célébraient, d’autres commémoraient tandis que la majorité était plutôt indifférente au 150e anniversaire de la Commune de Paris.

Parmi les bandes dessinées publiées sur le sujet, on se souvient des Damnés de la Commune de Raphaël Meyssan (Delcourt), du Cri du peuple de Jacques Tardi et Jean Vautrin (Casterman) ou encore des Passagers du vent : le Sang des cerises de François Bourgeon (Delcourt), des Graines sous la neige : Nathalie Lemel de Roland Michon et Laetitia Rouxel (Locus Solus) ou encore Communardes ! de Wilfrid Lupano et Xavier Fourquemin (Vents d’Ouest) offrant une vision plus féministe, ont cependant moins marqué les esprits.

Pré-publié dans la revue l’Immanquable, Aube apache - tiré d’un poème de Victor Hugo, nous apprend le site de l’éditeur Soleil - se situe certes en 1903, mais plonge ses racines trente ans auparavant. Causes et conséquences.

Ce qui frappe au premier abord dans ce récit, c’est le traitement des couleurs : remarquable travail en noir et blanc d’abord, avec des lavis de gris rehaussés de taches rouges, ici pour l’écharpe du personnage principal, là pour une robe de femme, là encore, pour des taches de sang…

Enfer pour aube - T. 1 : "Aube apache" - Par Philippe Pelaez et Tiburce Oger - éditions Soleil
Deux Apaches en embuscade et l’inconnu à l’écharpe rouge

Ensuite, l’histoire entraine le lecteur dans un mystérieux récit d’aventure où un acrobate assassine un banquier, un avocat, le patron d’un grand magasin...

Qui est-il, ce personnage masqué au large chapeau ? Un anarchiste comme celui de V pour vendetta ? Un justicier dont le manteau se déploie comme une cape ? L’inconnu au visage recouvert de son écharpe rouge laisse à chacune de ses victimes une pièce d’or à l’effigie de Napoléon III.

En ce début de XXe siècle, Paris se modernise dans la foulée des travaux d’urbanisme du baron Haussmann (tronçon aérien et creusement du métro, construction des grands magasins, apparition des automobiles...) et tente d’éradiquer la délinquance incarnée par la pègre de l’époque : les Apaches.

Ce n’est plus la Cour des miracles dont parle Hugo mais la confrontation entre le Paris populaire et une bourgeoisie de plus en plus nantie. Au milieu, la police, l’ordre ici incarné par l’inspecteur Gosselin souffrant d’un mal mystérieux, lequel tente de dénouer les fils de l’enquête avec une relative empathie pour les plus démunis. On le lui fait savoir : « Des opprimés ? Dites Gosselin, vous ne seriez pas socialiste vous ? Voire un peu dreyfusard ? » (planche 35).

Tiburce Oger et Philippe Pelaez décrivent une ville qui est loin d’être... lumière : leurs personnages ont des trognes de roman populaire et de polar poisseux, les décors et le contexte historique, particulièrement documentés par les auteurs, présentent une fiction d’une grande crédibilité dans leur représentation, par exemple, du travail des enfants ou leur description des quartiers populaires de Belleville.

Suite et fin dans le tome 2 Paris rouge.

(par Christian GRANGE)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN : 9782302094390

CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Christian GRANGE  
A LIRE AUSSI  
Albums  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD