C’est le paradoxe de Demon Slayer : débuté au Japon en 2016, le titre passe longtemps inaperçu, au point que sa première publication en France, en 2017, se révèle être un échec et s’arrête au bout de trois tomes. À l’époque, nous avions d’ailleurs noté le désintérêt des éditeurs "classiques" des séries du Weekly Shônen Jump pour ce manga.
Mais tout changea en 2019 avec l’adaptation en animé alors que le manga entrait dans son arc narratif final.
Fin 2020, les ventes au Japon de Demon Slayer atteignaient 150 millions d’exemplaires pour 23 tomes. Autant dire que le succès du jour au lendemain surprit tout le monde, surtout par son ampleur inédite.
Mais l’ironie fut que la série était sur sa fin et se termina en 2020. Un phénomène à la durée limitée, mais comme en France tout était à faire, Panini Manga put profiter de deux ans et demi de très belles ventes en republiant la série du début, tout en l’accompagnant de quelques œuvres complémentaires.
Et nous voici au tome final. Toutes les Lunes Supérieures ont été vaincues et il ne reste plus que le vampire original, celui à la source de bien trop de malheurs et de tragédies : Muzan Kibutsuji. Le vaincre semble presque impossible mais, grâce au sérum créé par Tamayo, il se trouve affaibli. Malheureusement, pour le tuer définitivement, les pourfendeurs de démons doivent attendre, et surtout survivre, jusqu’au lever du soleil.
Une longue et interminable nuit qui s’achève ici avec les ultimes sacrifices et rebondissements. Fidèle à sa mécanique, le récit ne souffre d’aucun temps mort et les morceaux de bravoure alternent avec les scènes de cruauté, mais nous n’aurons pas de flashback émouvant avec Muzan : il reste un monstre, dans tous les sens du terme, jusqu’au bout.
Un dénouement riche en émotion à défaut de surprise : Koyoharu Gotouge a usé de formules simples et bien connues jusqu’à la fin, mais l’a fait avec un immense talent, en se focalisant sur deux aspects principaux : de longues batailles désespérées et des histoires personnelles, dramatiques et cruelles, que ce soit pour les protagonistes ou pour les antagonistes.
Pour le chapitre final, Koyoharu Gotouge se permet néanmoins une petite coquetterie narrative qui, de façon inattendue, achève son histoire sur une note légère.
C’est ainsi que se referme ce manga-phénomène qui n’a pas usurpé son succès et nous a offert une passionnante histoire de chasseurs de démons à l’efficacité redoutable. Un classique presque instantané, qui incarne sans aucun doute la quintessence du shônen manga dans ce qu’il a de plus flamboyant et d’émotionnel.
(par Guillaume Boutet)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Demon Slayer T. 23. Par Koyoharu Gotouge. Traduction Xavière Daumarie. Panini Manga, collection "Shônen". Sortie le 6 juillet 2022. 232 pages. 7,29 euros.
Demon Slayer sur ActuaBD :
Lire la chronique des tomes 1 & 2
Lire la chronique du tome 4
Lire la chronique du tome 6
Lire la chronique du tome 10
Lire la chronique du tome 14
Lire la chronique du tome 18
Lire la chronique du tome 20
Participez à la discussion