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La rentrée BD chez Dupuis : Spirou est mort, EVIV UORIPS ! [PODCAST]

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 27 août 2022                      Lien  
Alors comme cela, Spirou est mort ? Apparemment. C’est ce que nous confie Stéphane Beaujean dans le podcast qui accompagne cet article : « Il est vraiment mort. Il est remplacé. Il y a un nouveau duo de héros qui est annoncé… » Mais bon, on connaît la recette depuis Ponson du Terrail et Conan Doyle : un vrai héros de feuilleton ne meurt pas, sinon pourquoi la série continuerait à s’appeler Spirou, hein, hein ? À moins que comme le Fantôme du Bengale, la charge de Spirou se transmette de génération en génération… Ce qui, pour les auteurs de cette BD, est un peu le cas, non ?

Tout est lié à une relance de Spirou « dont on voit bien qu’il a des problèmes aujourd’hui à retrouver son public », nous dit Stéphane Beaujean dans cet entretien. On se trouve face à une histoire en plusieurs parties qui répondra à la question de savoir ce que Spirou peut encore apporter aujourd’hui à ses lecteurs. D’où la création d’un « Spirou Verse  » où l’on retrouve le Groom et tous les dérivés (Le Petit Spirou, Champignac, Mademoiselle J, Supergroom, Zorglub, le Marsupilami, La Bête, Houba Gags…)

La rentrée BD chez Dupuis : Spirou est mort, EVIV UORIPS ! [PODCAST]

Le choix de l’attelage actuel d’auteurs sur la série régulière allie une certaine tradition avec des plumes Millenials : Olivier Schwartz avait jusqu’ici creusé le sillon « Vintage » avec Yann (dans la collection Spirou par...) ; il est ici associé à des scénaristes pas forcément issus de la BD d’ailleurs : Sophie Guérrive qui nous vient de la BD alternative [1] et Benjamin Abitan est un scénariste réalisateur de fictions radiophoniques (Tintin pour France Culture notamment).

L’enjeu n’est plus de faire dessiner par Schwartz des objets du passé, mais des objets contemporains, modernes. Toute la production de l’album s’est faite pendante la crise du Covid en visio. «  Le but est de recréer un lien avec le lecteur » exhorte Stéphane Beaujean.

Et d’annoncer une décélération dans la production des « Spirou par… » : « Une fois que l’on aura redonné une colonne vertébrale au personnage principal, on pourra réfléchir à donner de la chair à ce personnage  » qui avait perdu, selon les dirigeants de Dupuis « de la lisibilité. »

C’est en tout cas l’événement de la rentrée, avec cette question, déjà partagé sur les résocociaux : qui a osé tuer Spirou ? La chronique sur ActuaBD d’ici à quelques jours.

Spirou est-il mort ? Suspense...
© Dupuis. Dessin d’Olivier Schwartz, scénario de Sophie Guérrive et Benjamin Abitan.
Thomas Gabison, éditeur free-lance, ajoute Dupuis à son activité notamment pour Actes Sud.
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Longueur d’ondes

Et puis, il y a ces « Ondes Marcinelle » célébrées le même jour par la présence de Clara Lodewick, autrice de Merel, une comédie « campagnarde » qui a l’air de rien mais qui est un des bijoux de cette rentrée. Retenez ce nom : Clara Lodewick, une autrice belge dont on n’a pas fini d’entendre parler d’un grande sensibilité avec un sens narratif hors du commun.

Elle incarne ce que Stéphane Beaujean veut faire dans le catalogue Dupuis : s’adresser à des publics inhabituels pour l’éditeur de Marcinelle, des auteurs nés dans et nourri par la BD franco-belge mais qui ne tiennent pas forcément à en perpétuer les tics et les codes.

On avait jusque là Aire Libre, dont le format restait dans la normes des albums Dupuis, on a ici une nouvelle collection de « romans graphiques » dirigée par Thomas Gabison, l’homme qui avait révélé notamment Rutu Modan chez Actes Sud, une collection située dans une orbite excentrique par rapport au catalogue Dupuis.

"Merel", un petit bijou signé Clara Lodewick : retenez ce nom !
Clara Lodewick
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Il y a les « Ondes Marcinelle » mais il y a aussi sa version jeunesse, la collection « Les Ondines », qui démarre avec le tome 1 des Dieux de l’Olympe par Nadja : Aphrodite qui s’emploie à raconter la mythologie grecque de façon décalée comme l’autrice de Chien bleu sait si bien le faire. Là encore chroniques à venir dans quelques jours sur ActuaBD. Voilà l’ambiance de la rentrée chez Dupuis.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782800173832

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Photos : D. Pasamonik(L’Agence BD)

[1Pour la première fois, Frédéric Hojlo va ouvrir une nouveauté Dupuis. NDLR.

Spirou Dupuis tout public Marché de la BD : Faits & chiffres
 
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21 Messages :
  • On devrait peut-être foutre la paix une fois pour toute à ce pauvre Spirou.

    Il me semble que la mort de Sherlock Homes n’était pas un coup marketing de Conan Doyle mais la volonté de l’auteur de se débarrasser d’un personnage qui le fatiguait et dont le succès occultait le reste de l’oeuvre. C’est Franquin, au fond, qui aurait dû tuer Spirou...

    Bref, si cet album marche, on peut s’attendre dans les années à venir à la mort de Blake et Mortimer, la mort de Corto Maltese, la mort d’Alix, etc., qui ne seront pas vraiment morts, en fait, mais bon.

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    • Répondu le 27 août 2022 à  14:14 :

      Rahan puis Superman nous ont déjà fait le coup. Lucky Luke aussi. Et James Bond l’an passé. Mais les héros ne meurent jamais.

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      • Répondu le 27 août 2022 à  23:05 :

        Il me semblait que Spirou était déjà mort depuis longtemps.

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  • Dans le prochain, ils reintegreront son double de Machine qui rève, à moins que ce soit l’inverse...

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  • c’est Dupuis qui a tué Spirou !

    et que vont devenir le spirou par Hardy et le spirou par Dany ?

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  • On peut aussi redouter "La mort de Gaston Lagaffe"

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    • Répondu par denis le 28 août 2022 à  14:53 :

      C’est déjà le cas si la reprise ne se fait pas, ce que je souhaite. Gaston c’est Franquin ou rien

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      • Répondu par Polo le 28 août 2022 à  16:59 :

        Voilà. Parfois c’est la reprise qui tue. J’espère que les éditeurs de chez Dupuis en ont pris conscience ( et qu’ils sauront résister aux directeurs commerciaux...)

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  • « [1] Pour la première fois, Frédéric Hojlo va ouvrir une nouveauté Dupuis. NDLR. »

    Eh eh... Peut-être. Mais ce ne serait pas la première fois quand même. Quoique ?...

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    • Répondu le 29 août 2022 à  07:12 :

      Et vous allez l’ouvrir à main nue et sans peur d’attraper des maladies ?

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      • Répondu par Frédéric HOJLO le 29 août 2022 à  08:32 :

        Masque, vaccin, distanciation physique et tout le tremblement. C’est un minimum non ?

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 31 août 2022 à  16:08 :

      C’est une taquinerie, bien sûr. « Toute la BD, du moment que c’est une bonne bande dessinée », telle est notre devise !

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      • Répondu par Frédéric HOJLO le 31 août 2022 à  18:38 :

        Et c’est bien ainsi que je l’ai pris (moi qui ai tous les Spirou jusqu’aux Tome et Janry). Ma curiosité est éveillée pour ce nouveau volume en tous cas. Et j’espère qu’il amènera de nouveaux lecteurs à Sophie Guerrive, sa série "Tulipe" est formidable.

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  • La rentrée BD chez Dupuis : Spirou est mort, EVIV UORIPS ! [PODCAST]
    29 août 2022 07:27, par Capitaine Kérosène

    Restons dans l’inspiration-des-comics-en-prise-avec-les-problèmes-de-la-société-contemporaine.

    Un successeur se voit désigner pour reprendre le flambeau groomesque. Il s’agit d’une lesbienne noire de style camionneur. Elle revêt un nouveau costume créé par Alex Ross. Un large "S" dessiné sur son opulente poitrine l’identifie désormais sous le nom de "Spirale".
    Fantasio, dépité, décide de changer de sexe dans le but de pouvoir séduire Spirale. Devenue transsexuelle, ielle adopte le nom de Fantasia.
    Spirale et Fantasia vont vivre en couple de palpitantes aventures que Dupuis nous fera découvrir sous un nouveau label : LGTB-IA (car confiée à une IA transgenre pour la partie graphique ceci afin d’économiser sur les droits d’auteur). Les dialogues seront entièrement écrits en écriture inclusive et imprimés à l’aide d’encres bio sur du papier issu de forêts bla bla bla.
    Pour sa première saison nos deux héroïnes affrontent un groupe de dangereux islamo-gauchistes.

    Spirou, quant à lui, revient à la vie sous forme d’un zombie alors que Spip sombre dans la drogue. Une série parallèle rebaptisée Zpirou se développe. On y voit nos deux héros opposés à des suprématistes blancs dirigés par Zorglub réincarné en Zemmour.
    Tandis qu’à Champignac, on découvre les bienfaits des drogues hallucinogènes.

    Un crossover avec Tintin converti en rabbin est en cours de pourparler avec Moulinsart. Joann Sfar est pressenti pour la réalisation de ce roman graphique qui s’annonce aussi volumineux que le talmud. Les Schtroumpfs et Largo Winch pourraient se joindre à la fête.
    Ces projets de grande ampleur devraient à terme bouleverser aussi bien le Dargaudverse que le Dupuisverse et rebattre les cartes vers une direction qui s’annonce pleine de surprises.
    On attend avec impatience ces nouveaux produits de l’industrie du divertissement qui n’excluent toutefois pas une réflexion sur les enjeux de nos sociétés.

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    • Répondu le 29 août 2022 à  11:18 :

      C’est pas drôle votre petit délire réac, avec des passages vraiment douteux et nauséeux mais continuez comme ça, il y en a beaucoup que ça fait rire.

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      • Répondu par Capitaine Kérosène le 30 août 2022 à  02:19 :

        Le risque avec un texte qui fait appel à l’ironie, au détournement et au pastiche est qu’il se trouve toujours des lecteurs pour le prendre au sérieux. :-)
        Heureusement, les modérateurs l’ont mieux compris que vous.

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    • Répondu le 30 août 2022 à  07:00 :

      Cher capitaine,
      votre texte hilarant m’a beaucoup fait rire, résumant à lui seul l’époque actuelle. Cela m’a rappelé Desproges époque « tribunal des flagrants délires ». Mes respect mon capitaine

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  • Interview intéressante sur l’avenir du personnage phare des éditions Dupuis. Enfin on va s’intéresser au personnage de Spirou à travers sa propre série (qu’il partage avec le compère Fantasio) et non plus seulement aux auteurs qui se l’approprient le temps d’un album. Les "Spriou" par, "Blueberry par".... sont très à la mode mais font du tort à la série mère en donnant chacun des interprétations graphiques et des personnalités fort différentes à ce personnage. Sans critiquer la qualité des albums "par" qui pour beaucoup sont bons, ils n’ont fait que proposer une version de Spirou par l’auteur parfois très éloigné du personnage de base.
    L’éditeur veut remettre en avant la série, c’est bien avec un trio qui a l’air inventif et motivé.
    Espérons qu’on leur laisse le temps de s’installer et placer ce personnage dans notre époque. Tome et Janry l’avait très bien fait en apportant un peu de modernité, la suite avait été moins réussie. Bon courage à eux !
    Je ne suis pas d’accord en revanche avec l’expression utilisé par Stéphane Beaujean sur Spirou "coquille vide". Non, ce personnage a des valeurs, a des convictions qui ont évolué avec le temps et les époques (comme tout le monde) et un environnement propre à lui. Il conserve une stature droite qui ne peut être modifiée et surtout ne pas en faire un personnage ambivalent comme c’est à la mode en ce moment. Les personnages volontaires, et sensibles (ce qu’est Spirou) il n’y en a plus tellement dans la BD d’aujourd’hui.
    En espérant que le Groom trouve sa place dans la BD actuelle avec des messages porteurs sur notre société.
    Attention cependant à ne pas toujours jouer la carte de l’introspection, qu’est-ce qu’un héros du XX° siècle dans le XXI° siècle ? Quelle est sa place ?
    Le héros est là pour agir, pas toujours pour que sa place soit interrogée.
    Je suis également d’accord avec la perte d’identité avec ce "Spirou verse" avec différentes séries annexes comme Le Comte de Champignac, Zorglub... Par contre inutile d’en créer de nouvelles comme la piste évoquée par S Beaujean avec une série centrée sur la ville de Champignac. Certes c’est séduisant, mais assez de l’overdose du Comte et de Champignac. Ce qui fait l’intérêt de ce lieu un peu désuet devant s’adapter à la modernité c’est que les auteurs apportent leur touche à travers Spirou sur l’évolution de ce qu’est la ruralité aujourd’hui. Des albums centrés là dessus, ce sera sans moi comme la plupart des dérivés.

    Vivement le tome 57 de cette belle série qui traverse les siècles.

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    • Répondu par Milles Sabords le 30 août 2022 à  05:13 :

      Et si les éditeurs investissaient sur de nouveaux auteurs, avec de nouvelles séries et des nouveaux personnages, en leur laissant le temps de se développer plutôt que de tout arrêter dès le second tome... il est là aussi le métier d’éditeur !

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  • Je ne comprends pas vraiment ce que les plans pour Spirou ont de fondamentalement différents du passé du personnage. C’est étonnant, en revanche, de ne pas chercher à se rapprocher de Franquin. C’est la période la plus connue du personnage.

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    • Répondu le 1er septembre 2022 à  09:09 :

      Le discours de Stéphane Beaujean ne m’a pas convaincu. Espérons que je me trompe sur ce que je pense de ses arguments.

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