Lors du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil de décembre 2010, nous avions déjà évoqué la collection Lily Mosquito. Elle a été lancée, au rythme d’environ trois albums par an, en parallèle à sa production traditionnelle, par Mosquito, la structure indépendante iséroise éditrice de Sergio Toppi en français.
Par ailleurs lauréat du Prix du Patrimoine d’Angoulême 2011, avec la réédition de Bab-el-Mandeb d’Attilio Micheluzzi, le Moustique y publie des auteurs confirmés comme Marc Wasterlain, le créateur des Pixels, du Docteur Poche et de Jeannette Pointu. L’illustratrice Capucine Mazille et sa scénariste, Sylvie Chausse, y ont produit Le Château invisible, premier d’une suite d’albums mettant en relief un sympathique dragon bleu : Barbaro.
Pour septembre 2011 est en outre annoncée La Créature des ténèbres de François Corteggiani et Pierre Tranchand (alias Pica).
Animateur de la collection, Michel Jans s’était aussi exprimé en cette occasion sur sa volonté d’y faire découvrir de nouveaux talents tel Félix Sintès, créateur de La Princesse et le Jongleur.
Un choix thématique audacieux
L’héroïne du titre, en train de mourir, est appuyée dans sa quête de prolongement de la vie par deux sympathiques personnages animaliers, mais doit affronter le sombre Jongleur.
Michel Jans résume les thèmes hardis de cette collection : « L’album jeunesse peut aussi aborder des sujets très sérieux comme, en l’occurrence, le rapport que les enfants peuvent concevoir avec la mort et la maladie, traité d’une belle façon. »
Félix Sintès, né en 1985, est issu de l’école lyonnaise Émile Cohl où il a commencé à réaliser les vingt premières planches de sa bande dessinée en guise de travail de fin d’étude. Elles furent repérées par l’éditeur de Saint-Égrève.
Avec cette histoire, Félix Sintès ne cache pas avoir voulu redonner du lustre au conte de fées à l’ancienne en n’hésitant pas à y intégrer des éléments résolument plus modernes, un alliage qui fonctionne plutôt bien.
Le dessinateur se reconnaît des influences éclectiques. Il les assume volontiers, se décrivant comme longtemps fasciné par Frank Miller ou Mike Mignola concernant les comics, voire Osamu Tezuka ou Akira Toriyama dans le domaine du manga. Même si, pour La Princesse et le Jongleur, un retour à la référence primordiale d’un certain savoir-faire franco-belge s’est opéré pour lui. Tout en soulignant son attrait pour André Franquin, il précise s’être s’inspiré notamment d’Hergé et de « sa façon de raconter et de faire tourner la page », pour inciter à la lecture.
L’audace de Félix Sintès ne se résume pas aux sujets dont il s’empare. Conscient d’avoir pris un risque commercial en intégrant le mot princesse dans son titre, qui pourrait le couper d’une frange du jeune public masculin, il s’en trouve néanmoins récompensé. Car il a pu constater lors de dédicaces qu’il parvenait à rallier à lui non seulement d’enthousiastes petites filles, mais encore des garçons. Certains d’entre eux osent en effet s’affranchir du cliché lié au sexe du lectorat censé être concerné en priorité par son récit. S’y ajoutent des adultes amateurs de belles histoires et d’un dessin certes toujours en pleine évolution, mais riche de promesses.
(par Florian Rubis)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
La Princesse et le Jongleur - Par Félix Sintès - Mosquito
En médaillon : couverture de La Princesse et le Jongleur © 2011 Félix Sintès & Mosquito
La Princesse et le Jongleur - Par Félix Sintès – Mosquito – 48 pages, 13 euros
![Serge Monfort : « En lisant, l'enfant devient le chien, comme il deviendrait chevalier dans une BD médiévale ! » [INTERVIEW]](local/cache-gd2/07/a53eabf15a5df16adbd03466676855.jpg?1713070409)
