Le prétexte est lourd comme un menhir dans Le Combat des chefs : un Schtroumpf tombe sur la tête et se met… à ne plus parler comme un schtroumpf, mais du françoys ordinaire, de la langue d’oil (on est au Moyen-Âge, ne l’oubliez pas). Révolution : plus question de « passe-moi le schtroumpf ! », plus question de cette grammaire sophistiquée à propos de laquelle Yvan Delporte, rédac-chef de Spirou, ironisait, signalant qu’un mot commençant par cinq consonnes était, selon les pédagogues consultés « impossible à lire ! » Quelle bonne idée que cette atteinte directe à la sémantique, immédiatement perçue par les petits êtres bleus de Peyo comme une nouvelle invention de Gargamel (la Schtroumpfette était la première). Révolution car le "Schtroumpf" était devenu dans les cours de récrés des années 1960 un infra-langage auxquels les adultes, à l’époque, ne comprenaient rien. Depusi, ils ont appris...
L’album, intitulé "Qui est ce Schtroumpf ?" sort en mai, mais les bonnes pages paraissent déjà dans Le Journal de Spirou. Et là aussi, c’est une révolution ! On n’avait plus vu les lutins bleus dans une histoire à suivre dans Spirou depuis… 2006, et encore, c’était une repasse du Schtroumpfissime !
C’est que les Schtroumpfs, depuis les années 1980 sont publiés, non plus chez Dupuis, mais au Lombard et c’est toujours le cas aujourd’hui. Un studio mené par Thierry Culliford, fils de l’artiste et grand connaisseur de BD, a produit en coulée continue des Schtroumpfs, des Benoît Brisefer et même des Johan et Pirlouit ! Comme pour Disney, les « assistants » étaient tenus de se couler dans le moule. Il y a aujourd’hui davantage d’ouvrages produits par le studio que de Schtroumpfs « canoniques ».
Ce « Schtroumpf par… », éminemment loufoque, est des plus réussis. L’auteur de Captain Biceps et de Raowl est reconnaissable par son trait enlevé qui conserve sa personnalité tout en respectant les personnages initiaux. Il faut dire que même si les formes diffèrent, l’encrage et la gamme chromatique restent fidèles. On comprend la parodie autant que l’hommage. Les premières pages parues dans Spirou enthousiasment. Impatience de lire l’album en entier, d’ores et déjà un des événements marquants de ce printemps !
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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