November entremêle les histoires de trois femmes : une jeune paumée à qui un type louche offre un travail facile et très bien payé, une standardiste d’un commissariat de police, à la vie privée compliquée, et une jeune qui trouve une arme dans la rue et qui en fait part à ladite standardiste, établissant ainsi les liens entre ces trois personnages.
Si l’on accepte de perdre ses repères dans cette histoire non linéaire, mêlant passé et présent, sans savoir où cela mène puisqu’il ne s’agit ici que du premier des deux volumes, on se laissera facilement happer par cette histoire à l’ambiance cafardeuse, dans une ville gangrenée par les trafics, les flics pourris, les personnages paumés, dans la plus pure tradition du polar américain à la James Ellroy. Il faut dire que les scénaristes savent y faire, avec Matt Fraction (Sex Criminals, Hawkeye et Adventureman très récemment), associé avec l’illustratrice française de comics Elsa Charretier(Infinite Loop, entre autres). Le dessin de cette dernière, mis en couleur de manière douce [1] par Matt Hollingsworth, fonctionne très bien. Le découpage est rythmé (de courts chapitres introduits par une pleine page représentant un grillage troué ouvrant sur le suivant), varié et très cinématographique (variation des plans et des angles, comme sur la planche suivante)
BD efficace, au texte court et aux dialogues percutants, November, paru en 4 tomes aux États-Unis, de 2019 à 2021, est regroupé en deux volumes par les éditions Sarbacane. Pour les plus mordus (et anglophones), il faut se reporter à l’édition américaine pour connaître la fin de l’histoire, prometteuse visiblement. Pour les autres, il faudra patienter (pas trop quand même) jusqu’en novembre (justement). On a hâte.
(par Philippe LEBAS)
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[1] On est loin des comics habituels aux couleurs criardes