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Retour aux sources pour Delcourt

Par Charles-Louis Detournay le 29 novembre 2011                      Lien  
L'éditeur au triangle rouge relance deux séries mythiques qui l'avaient installé à de ses débuts : Aquablue & Horologiom. Un pari globalement réussi, prouvant une nouvelle fois que Delcourt est incontournable sur le marché actuel.

Pas de doute : si l’année 2011 devait saluer un seul éditeur, c’est Delcourt qui emporterait la palme, grâce à sa prise de contrôle des éditions Soleil, à sa diversification et ) la bonne tenue générale de son catalogue, nous y reviendrons. Concentrons-nous pour l’instant autour de deux événements annoncées comme "marquants" en début d’année : le retour d’Aquablue et d’Horologiom.

Aquablue ; une nouvelle équipe aux commandes

On connait l’histoire de Guy Delcourt qui, après s’être fait débarquer de chez Dargaud, impulsa il y a vingt-cinq ans un nouveau souffle à l’édition de la bande dessinée en France.

Aquablue est emblématique de cette ascencion, avec son scénario résolument écologique et la consécration d’un dessinateur qui va inspirer une génération d’auteurs : Olivier Vatine. Remettre donc la série sur les rails est un fait marquant pour un éditeur qui s"inscrit désormais dans l’histoire.

Cinq ans après le tome 11, qui terminait un diptyque intéressant sans être inoubliable, Thierry Cailleteau et Siro laissaient donc la place à un nouveau duo, chargé de dépoussiérer cette série culte.

Retour aux sources pour Delcourt
Nao découvre le lien entre la Terre et Aquablue aux fonds des glaces polaires...
Delcourt fête ses 25 ans en proposant des albums spéciaux en grand format.

Le scénario s’inscrit néanmoins dans une continuité : la fondation de Nao vient de faire la découverte que certaines espèces terriennes pourraient descendre d’Aquablue. De retour après une longue absence, Nao annonce à son peuple adoptif son souhait de poursuivre les recherches sur Aquablue. Mais le précédent passage des Terriens n’a pas laissé un très bon souvenir au peuple d’Aquablue et les humains semblent d’ailleurs très désireux de revenir en masse pour investir la planète bleue.

D’emblée, l’implication de Régis Hautière apporte du crédit à cette relance car ce scénariste s’est progressivement imposé avec, entre autres, Le Dernier Envol, Vents contraires et plus récemment le splendide De Briques et de sang. Il choisit de recentrer la série sur ses bases originelles, la planète Aquablue et ses personnages marquants (bons et mauvais), prolongeant le thème la jalousie suscitée par la scientifique Chiara. Reprenant le thème écologique d’origine et la question de la différence au cœur des premiers tomes de la série, cette reprise se laisse lire avec plaisir et même un petit goût de nostalgie. Après une mise en place certes bien construite, mais plutôt lente, on attend le prochain tome pour s’emballer vraiment pour ces nouvelles aventures.

L’innovation vient du dessin de Reno. Delcourt annonçait avoir été très content par travail réalisé par ce dessinateur sur Valamon , mais déçu de ne pas avoir pu prolonger l’aventure avec ce jeune auteur de Strasbourg. Le dessinateur explique son apport à Aquablue : « J’ai tâché de reproduire le ‘métissage’ que j’avais ressenti en lisant les premiers tomes il y a vingt ans, mais en le réactualisant : une base franco-belge, une bonne mise en scène cinématographique, un traité inspiré des techniques de l’animation et une pointe d’influence asiatique pour le design. »

Effectivement, il semblait impossible de refaire du Vatine et l’innovation était de mise. Passé le premier choc, il faut reconnaître que certaines planches sont vraiment réussies tandis que d’autres souffrent de cadrages par trop acrobatiques, ou d’une trop grande présence de l’outil informatique dans la réalisation des personnages humains. Ce pari osé est pourtant réussi car, après la phase d’acclimatation, on entre progressivement dans l’univers avec l’envie de prolonger sa lecture.

Comme d’autres de ses albums couronnant le 25e anniversaire de l’éditeur, ce tome 12 d’Aquablue est disponible en grand format.

La scientifique Chiara viendra-t-elle semer le trouble au sein du ménage de Nao ?

Nouvelle mouture pour Horologiom


Outre Neopolis, la collection Terres de Légendes fut un autre grand pôle du catalogue des éditions Delcourt avec La Nef des fous, mais également Horologiom. Inspiré notamment du Roi et l’oiseau, Fabrice Lebeault avait développé un splendide univers robotisé et bureaucratisé à outrance que l’arrivée d’un jeune humain extérieur allait conduire progressivement à sa perte.

Plus de dix ans après la conclusion de ce beau récit, Lebeault revient sur la série qui l’a fait connaître en proposant un premier one-shot se situant antérieurement au premier cycle : il nous décrit en détails le Service des Violences Privées, qui s’occupait des déviances criminelles qui n’étaient pas liées à la religion ou à la politique. Mais on sombre dans le mystère lorsqu’un propre membre de ce service se fait décapiter. C’est ce que le major Meursy devra élucider en entrant aux plus profonds des arcanes du système qui gère la ville.

Un one-shot dense qui développe les personnalités des fonctionnaires, tout autant que les arcanes d’Horologiom
S’impliquer dans son intrigue n’empêche pas quelques dérisions...

Si le nouvel Aquablue revient aux sources, Fabrice Lebeault ne pouvait encore amener une personne extérieure sans clef, comme cela avait été le cas dans le premier cycle. C’est donc un policier zélé qui remonte le fil rouge pour pénétrer encore plus profondément dans les secrets d’Horologiom. Alors que le premier cycle était une longue course-poursuite avec de nouveaux amis rencontrés au fil des pages, cette nouveauté est véritablement un one-shot policier qu’on suit avec intensité.

Bien entendu, certains adeptes de la verve poétique des premiers tomes regretteront cette enquête plus dense, exempte des cavalcades sur les toits ou dans les bas-fonds de la ville, mais l’auteur est parvenu à réaliser le tour de force de prolonger son univers et de conserver l’attrait de la nouveauté en modifiant l’angle d’entrée.

Les couleurs jouent également un rôle important car, après les tons chauds de Florence Breton, les couleurs informatiques donnent une atmosphère légèrement austère, bien en lien avec l’univers bureaucratique décrit, mais en rupture avec les tomes précédents.

L’enquête policière n’empêche pas de profiter de nouveaux automates...

Mais après tout, qu’importe ! On prend toujours autant de plaisir à se plonger dans cette ville fantasque à laquelle nos mégapoles tendent à ressembler de plus en plus, et les automates de Fabrice Lebeault sont toujours aussi inventifs. La première édition reprend un cahier graphique qui décrit des études de personnages, l’élaboration du scénario et des pages de story-boards. On profite également d’un résumé de l’univers d’Horologiom dans les pages de garde du récit : un bijou ! Alors que les cinq premiers tomes d’Horologiom sont ressortis pour l’occasion, un septième volume devrait prolonger ce tournant de la série, prévu pour 2013.

D’autres surprises ?!?

Les deux albums de Donjon dessinés respectivement par Sfar et Trondheim et annoncés début 2011 n’ont finalement pas vu le jour. Même si les scénarios de ces 46 pages sont bouclés, on dirait que chacun des deux auteurs phares de la nouvelle génération attend que son collègue commence l’album pour s’y mettre.

Si vous cultivez néanmoins l’âme nostalgique de ces séries mythiques qui ont fait vibrer le monde de la bande dessinée pendant ces dernières années, Delcourt a ressorti quelques immanquables albums dans une version anniversaire. L’occasion de découvrir (ou faire découvrir) quelques albums marquants de ce catalogue : From Hell, L’Origine, Pourquoi j’ai tué Pierre, Chroniques Birmanes, Happy Sex, Trois Ombres, Ile Bourbon, 7 Missionnaires, …

Joli palmarès !

Une sélection d’albums marquants de Delcourt est proposée pour cette année anniversaire.

(par Charles-Louis Detournay)

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Consulter le dossier de Delcourt consacré à Aquablue et ses nouveaux auteurs

Illustrations : © Guy Delcourt Productions – 2011

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10 Messages :
  • Retour aux sources pour Delcourt
    7 décembre 2011 11:45, par la plume occulte

    Reno a fait un travail formidable ;bien dans la mouvance actuelle dans le monde,très moderne:le style global mélange des influences franco belge,manga,comics,cinéma,animation qui est la vraie nouveauté de ces vingt dernières années.

    Des influences très modernes,plus narratives que graphiques,ce qui donne moins accès à la reconnaissance et à la consécration des médias et autres....

    Pourtant c’est très beau:et on sent qu’il en a encore beaucoup sous la pédale.On attend donc la suite.

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  • Retour aux sources pour Delcourt
    8 décembre 2011 10:23, par la plume occulte

    Il parait que James Cameron prépare une suite à son film Avatar qui se passerait dans la partie aquatique de Pandora.Sûr qu’il va encore jeter un œil sur la série Aquablue !

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    • Répondu le 8 décembre 2011 à  21:26 :

      Faut peut-être arrêter de penser que le monde entier est nul et qu’il ne peut rien inventer sans copier sur la BD franco-belge (oh regardez Jason Bourne ils ont tout copié sur XIII !!!)

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    • Répondu le 9 décembre 2011 à  00:12 :

      je préfère de loin le splendide Avatar à cette série de ce lamentable éditeur obscur que personne ne connait sur Terre mis à part les collectionneurs franco-belge. Entre Terminator,Abyss,Avatar et ça, y a pas photo, et de loin

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      • Répondu par la plume occulte le 9 décembre 2011 à  10:40 :

        Splendide avatar ?Certainement.Mais captivant ça....

        Croyez bien que les "yeux "de Hollywood ont le regard partout !

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        • Répondu par MC le 9 décembre 2011 à  11:44 :

          ça dépend des goûts et ca ne sert à rien de clamer que son avis est un décret de vérité.
          Ensuite un éditeur qui crée un label "série B" qui s’inspire platement depuis les débuts des aliens,predator et de l’imagerie américaine SF/Fantastique est fort mal placé pour jouer les créateurs malchanceux. La jalousie mal placée envers le succès et la vanité larvée, encore des défauts bien français hérité du catholicisme.Suffit pas d’arrêter les églises pour changer de comportements

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        • Répondu le 9 décembre 2011 à  15:44 :

          Cameron est un excellent réalisateur qui a des choses à dire et le mérite d’être clair et assumé. Cette jalousie est d’autant plus mal placée que ses films ont été copié en bd sous un label "série B" (sic).Mieux vaut ça que des éditeurs gourous et paranos

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        • Répondu par az le 9 décembre 2011 à  16:00 :

          l’histoire d’Avatar est rebattue depuis la littérature SF des années 30 à 50 ; les Silverberg et co.ont écrit plein d’histoires écologiques gentils peuple/ envahisseurs technologiques. Alors le aquablue-influencé par le cinéma us par ailleurs-, hein, ca en touche une sans secouer l’autre...

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          • Répondu le 9 décembre 2011 à  23:58 :

            C’est également l’histoire de Valerian "Bienvenue sur Alflolol".

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  • Retour aux sources pour Delcourt
    8 décembre 2011 21:28

    C’est pas très joli de mettre des personnages dessinés dans un décor photographique, ça ne se marie pas bien, ça heurte l’oeil car ce n’est pas le même niveau de réalité.

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