Qui veut la peau d’Alix Yin Fu, la pulpeuse James Bond de la Chine Nouvelle ? Tout le monde, apparemment : les Tigresses blanches, la société secrète dont elle fait partie, jusque-là pro-communiste, qui vient de retourner son qipao en faveur des nationalistes de Tchang Kai-shek ; le vieil ennemi britannique ; et Kang Shen, le chef des services secrets du Parti. Seule la CIA est prête à l’aider contre un coup de main pour dénicher le trésor de guerre japonais. La tigresse va-t-elle vraiment pactiser avec l’impérialisme U.S. ?
Tiens, pourquoi nommer cet album, Tome 1 du cycle 2 ? Cette stratégie (marketing ?) peut sembler étrange. En tout cas, elle engendre quelques planches introductives, pas franchement nécessaires pour celui qui suit la série depuis ses débuts…
Un des principes de base de Tigresse Blanche est de d’appuyer le récit sur des éléments historiques que les gens connaissent bien pour les montrer sous un angle nouveau. Ici, par exemple, Wilbur et Didier Conrad nous offrent une vision post-atomique d’Hiroshima. Le propos n’est bien sûr pas historique, mais il s’appuie sur une atmosphère plus vraie que nature. Toujours aussi bien documenté sur les débuts de la Guerre froide et notamment l’émergence de plus en plus marquée de puissants services d’espionnage, La Stratégie du Mikado nous montre une Alix Yin Fu (toujours aussi délicieusement sexy) ballotée entre CIA, camp communiste et nationalistes de Tchang Kai-shek.
Nouveauté graphique pour ce nouvel opus : des pleines pages parsèment l’album et permettent d’apprécier le style faussement naïf mais toujours parodique de Didier Conrad.
Un tome quelque peu en demi-teinte au regard des précédents, mais gardons espoir : la motivation des auteurs pour cette série est grande…
(par Laurent Boileau)
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