Un été sombre et horrifique avec Grim

Après l’horrifique et sanguinolent "Silver Coin", le terrifiant et politico-religieux "Seven Sons", nous vous proposons de revenir sur "Grim", sorti en mai 2023. Une fable sur la mort, aux atours fantastiques, qui mélange suspense et action. Aux commandes de ce nouvel univers, la scénariste Stéphanie Phillips et le dessinateur Flaviano. La première est reconnue pour son travail sur "Harley Quinn" et "Wonder Woman", chez D.C. Comics, tandis que le second a avant tout fréquenté l’écurie Marvel avec "New Mutants", "Luke Cage" et "Iron Fist". Les couleurs impeccables sont signées Rico Renzi.

Jessica, faucheuse de son état, accomplit sa mission avec conviction mais dans la banalité du quotidien. Seconder la Mort dans sa tâche, tel est l’honneur dispensé à des âmes de toutes époques qui ont pour mission d’accompagner l’âme des défunts dans l’au-delà. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, celui de la Grande Faucheuse. Du moins, jusqu’à ce que Jessica, sans comprendre comment, entre en contact avec un vivant. Une chose théoriquement impossible, une anomalie qui rompt l’équilibre entre les mondes. La Fin est alors chargée d’y remédier et pourchasse notre héroïne. Comme si cela ne suffisait pas, Jessica est la seule faucheuse à ne pas se souvenir de sa mort et on lui interdit l’accès à ces informations. Pourquoi ? En fuite, elle découvre que la Mort elle-même a disparu. Un mystère de plus…

Couverture étasunienne pour la publication au format souple

© Boom ! Studios

Couverture étasunienne pour la publication au format souple

© Boom ! Studios

L’univers de Grim promet. Dans un graphisme qui mêle le style comics industriel - et il n’y a rien d’injurieux à cela - à quelques influences manga, la scénariste Stéphanie Phillips s’est amusée à mobiliser de nombreuses références issues des contes et religions de par le monde. Que ce soient les mythes grecs et sumériens, la religion chrétienne, les contes (La mort marraine des Frères Grimm…) ou la littérature faustienne. Un condensé des peurs légitimes de tous les angoissés de l’existence, qu’ils aient accepté ou refusé les chemins de la spiritualité.

Illustration de la couverture du chapitre 3 de "Grim"

© Boom ! Studios

© Huginn & Muninn

Grim a une qualité importante pour des auteurs désireux de développer une série, courte ou non : ses personnages. Jessica est une héroïne réussie, d’un graphisme aisément reconnaissable, qui dégage une aura saisissante. Les alliés ou antagonistes de Jessica sont eux aussi aboutis pour un premier album, bien que l’on souhaiterait les voir davantage développés du fait de l’intérêt qu’ils suscitent. Parmi les alliés de Jessica, un faucheur français dont on sait peu de choses. Les prochains tomes devraient permettre, espérons-le, d’éclaircir ce que le lecteur ne fait qu’entrevoir.

© Huginn & Muninn

D’autres points forts amènent le lecteur à apprécier cette aventure parmi les lieutenants de la Mort : un découpage fluide, un graphisme réussi, ainsi qu’un univers très coloré, agréable à l’œil, signé Rico Renzi.

Enfin, l’univers a un immense potentiel puisque reposant sur un principe indéfiniment exploitable. Tous ces faucheurs et faucheuses, issus de différentes époques, pourraient donner lieu à d’innombrables histoires. Ceci sans compter l’exploration du monde de la Mort dont seules quelques bribes nous sont accordées. Il ne serait pas nécessaire d’exploiter de tels filons scénaristiques, mais la possibilité existe. Or, quoi de plus réussi que les histoires qui nous donnent le sentiment que la fin n’est qu’un passage vers autre chose !? Rêvons…

Couverture alternative par Jenny Frison

© Huginn & Muninn