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Aux Eisner Awards de San Diego 2023, seul Blacksad occupe le podium, et pas un seul Français

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 25 juillet 2023                      Lien  
Ils étaient pourtant 14 à être nommés dans la short list. Mais hélas, ce n’est pas cette année que les auteurs franco-belges brilleront de tous leurs feux aux 43e Will Eisner Comic Industry Awards, les « Oscars » de la BD américaine. Cette situation reflète bien une situation internationale où les palmarès ont tendance à se replier sur la production locale. Seule BD européenne (dont l'éditeur d'origine est français : Dargaud) surnageant à ce palmarès très autocentré : le très américain "Blacksad" de de Juan Díaz Canales et Juanjo Guarnido. Pas de cocorico cette année, donc.

C’est DC Comics qui rafle la mise cette année, avec Batman en tête de gondole pour quatre nominations parr un jury de libraires et de spécialistes présidé par l’incontournable Jackie Estrada.

Aux Eisner Awards de San Diego 2023, seul Blacksad occupe le podium, et pas un seul Français

Les aventures de Batman sont publiées en France par Urban Comics sauf, pour le moment, cette histoire courte de Batman : Finding Batman par Kevin Conroy & J. Bone publiée dans le collectif DC Pride 2022, un collectif placée sous la bannière LGBTQI+ (jusqu’ici inédit en France).

Il a marqué le public US (et donc le jury) par son sujet : il s’agit de l’histoire autobiographique de l’acteur gay Kevin Conroy qui a vécu dans les années 1970 une situation terriblement édifiante d’exclusion par l’homophobie, encore aggravée par la crise du SIDA dans les années 1980. Conroy finit cependant par jouer le rôle de Batman pour la première fois dans la série animée de 1992, incarnant ce rôle pendant près de trente ans, notamment dans les animatiques des très appréciés jeux vidéo Arkham.

© DC Comics

En clair, sa voix a marqué des millions de lecteurs américains de Batman. Cette BD est très étonamment dessinée dans une ligne claire très peu batmanesque. L’histoire a cependant capté l’attention du jury. Kevin Conroy ne pourra pas profiter de son triomphe : il est décédé le 10 novembre dernier à quelques jours de son 67e anniversaire.

On distingue aussi dans ce palmarès La Revanche des bibliothécaires de Tom Gauld qui a déjà obtenu un joli petit succès en France grâce à son éditeur.

On vous laisse commenter les autres lauréats, chers lecteurs omniscients.

Voici sans plus attendre le palmarès sans bande dessinée francophone (sob !)

Meilleure Histoire courte

Finding Batman par Kevin Conroy & J. Bone publié dans DC Pride 2022 (DC)

Meilleur One-Shot

Batman : One Bad Day : The Riddler, par Tom King & Mitch Gerads (DC)

Meilleure Série

Nightwing, par Tom Taylor & Bruno Redondo (DC)

Meilleure Série Limitée

Public Domain, par Chip Zdarsky (Image)

Meilleure Publication Jeunesse (jusqu’à 8 ans)

The Pigeon Will Ride the Roller Coaster ! par Mo Willems (Union Square Kids)

Meilleure Publication Jeunesse (9-12 ans)

Do A Powerbomb ! par Daniel Warren Johnson (Image)

Meilleur album humoristique

Revenge of the Librarians, par Tom Gauld (Drawn & Quarterly)

Meilleure Anthologie

The Nib Magazine, sous la direction de Matt Bors (Nib)

Meilleur album basé sur des faits réels

Flung Out of Space, par Grace Ellis & Hannah Templer (Abrams ComicArts)

Meilleure autobiographie

Ducks : Two Years in the Oil Sands, par Kate Beaton (Drawn & Quarterly)

Meilleur album

The Night Eaters, Book 1 : She Eats the Night, par Marjorie Liu & Sana Takeda (Abrams ComicArts)

Meilleure nouvelle édition (réimpression)

Parker : The Martini Edition—Last Call, par Richard Stark, Darwyn Cooke, Ed Brubaker, & Sean Phillips (IDW)

Meilleure adaptation d’une œuvre littéraire

Chivalry par Neil Gaiman, d’après Colleen Doran (Dark Horse)

Meilleure édition américaine d’une œuvre internationale

Blacksad : They All Fall Down Part 1, par Juan Díaz Canales & Juanjo Guarnido, traduction de Diana Schutz & Brandon Kander (Dark Horse)

Meilleure édition américaine d’une œuvre internationale - Asie

Shuna’s Journey, par Hayao Miyazaki ; traduction de Alex Dudok de Wit (First Second/Macmillan)

Meilleure collection patrimoniale (datée de plus de 20 ans)

Come Over Come Over, It’s So Magic, and My Perfect Life, par Lynda Barry (Drawn & Quarterly)

Meilleur scénariste

James Tynion IV, House of Slaughter, Something Is Killing the Children, Wynd (BOOM ! Studios) ; The Nice House on the Lake, The Sandman Universe : Nightmare Country (DC), The Closet, The Department of Truth (Image)

Meilleur auteur complet (scénario et dessin

Ducks : Two Years in the Oil Sands, par Kate Beaton (Drawn & Quarterly)

Meilleur encreur

Greg Smallwood, The Human Target (DC)

Meilleur artiste multimedia

Sana Takeda, The Night Eaters : She Eats the Night (Abrams ComicArts) ; Monstress (Image)

Meilleur artiste pour une illustration de couverture

Bruno Redondo, Nightwing (DC)

Meilleur coloriste

Jordie Bellaire, The Nice House on the Lake, Suicide Squad : Blaze (DC) ; Antman, Miracleman par Gaiman & Buckingham : The Silver Age (Marvel)

Meilleur lettrage (typo)

Stan Sakai, Usagi Yojimbo (IDW)

Meilleur travail critique sur la bande dessinée

PanelXPanel magazine, sous la direction de Hassan Otsmane-Elhaou & Tiffany Babb (panelxpanel.com)

Meilleur ouvrage sur la bande dessinée

Charles M. Schulz : The Art and Life of the Peanuts Creator in 100 Objects, par Benjamin L. Clark & Nat Gertler (Schulz Museum)

Meilleur travail académique

The LGBTQ+ Comics Studies Reader : Critical Openings, Future Directions, sous la direction d’Alison Halsall & Jonathan Warren (University Press of Mississippi)

Meilleur design de mise en page

Parker : The Martini Edition—Last Call, mise en page de Sean Phillips (IDW)

Meilleur Webcomic

Lore Olympus, par Rachel Smythe (WEBTOON), https://www.webtoons.com/en/romance/lore-olympus/list?title_no=1320&page=5

Meilleure bande dessinée sur support digital

Barnstormers, par Scott Snyder & Tula Lotay (Comixology Originals)

Entrent dans le “Hall of Fame” (le meilleurs artistes de tous les temps) :

Par le choix du jury  : Jerry Bails, Tony DeZuniga, Justin Green, Bill Griffith. Jay Jackson, Jeffrey Catherine Jones, Jack Katz, Aline Kominsky-Crumb, Win Mortimer, Diane Noomin, Gaspar Saladino, Kim Thompson, Garry Trudeau, Mort Walker, Tatjana Wood

Choix du public : Brian Bolland, Anne Nocenti, Tim Sale, Diana Schutz

Prix Russ Manning de l’artiste débutant : Zoe Thorogood

Prix Bill Finger Award du scenario : Barbara Friedlander, Sam Glanzman

L’Anglaise Zoe Togorood est distinguée par le Prix Russ Manning pour la première oeuvre. Elle est publiée en France par Bubble Editions.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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9 Messages :
  • Le style de l’histoire de Kevin Conroy convient au contraire parfaitement à celui développé par Bruce Timm pour les séries animées, qui l’auront fait connaitre. Ce style étant leur signature, le choix graphique était logique pour illustrer ce témoignage.

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  • Pour être honnêtes, les comics "mainstream" ne sont pas plus à l’honneur dans les palmarès des festivals francophones. Contrairement à ce que suggérait Uderzo dans son catastrophique "Le ciel leur est tombé sur la tête", il semble que le gouffre culturel vis à vis de la BD franco-belge est bien plus profond avec les comics qu’avec les mangas. Ce gouffre est donc apparemment ressenti des deux cotés de l’Atlantique.

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    • Répondu le 26 juillet 2023 à  16:06 :

      « il semble que le gouffre culturel vis à vis de la BD franco-belge est bien plus profond avec les comics qu’avec les mangas » Que voulez-vous dire par là ? Gouffre culturel ou commercial ? Merci.

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    • Répondu par Michel Dartay le 26 juillet 2023 à  20:04 :

      C’est triste et confirme que nos BD n’arrivent pas à accrocher à l’extérieur de la Franco-Belgique. Même symptôme pour le cinéma français, pourtant gorgé de subventions..... Pendant ce temps, le public franco-belge a fait son choix ; il se gave de mangas et dans une moindre mesure de traductions de comics.

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  • Blacksad est une BD francophone publiée par un éditeur français, mêmes si les auteurs n’ont pas un nom très français. C’est aussi français que Buck Danny et Lucky Luke. ;-)

    Wildcats n’est pas coréen à cause de Jim Lee, Batman n’est pas écossais à cause de Grant Morisson, Superman n’est pas Philippin à cause de Leinil Francis Yu...

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    • Répondu le 26 juillet 2023 à  21:42 :

      Blacksad est une BD espagnole même si son éditeur est franco-belge. La Bd espagnole a une longue histoire et de très grands auteurs. La Bd italienne aussi, ô combien ! Il n’y a pas que la BD franco-belge en Europe. D’ailleurs la plupart des grands auteurs Franco-belges avaient des influences américaines. Si la BD franco-belge touche si peu le reste du monde, c’est probablement parce qu’elle peine à se renouveler, et que, persuadée à tort d’avoir tout inventé, elle ne sort pas d’un certain nombrilisme.

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      • Répondu par LAURENT le 27 juillet 2023 à  16:47 :

        Je pense que la nationalité d’une oeuvre tient à l’éditeur, pas à celle des auteurs... le contraire me semble être une négation du travail de l’éditeur.

        Dire de Blacksad que c’est trop américain, c’est aussi nier la franco-belgitude de Soda, Buck Danny, Sammy, XIII, Largo Winch, des tuniques bleues, et même des 4 de Baker Street, des Innommables... il nous reste quoi ? Les Bidochon ?

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        • Répondu le 27 juillet 2023 à  22:01 :

          Non, c’est la nationalité de l’artiste qui fait la nationalité d’une œuvre, pas celle de l’éditeur. Le public se fiche bien de savoir d’où vient l’argent quand il lit un livre ou regarde un film. Par contre la culture et donc l’origine de l’auteur, et aussi sa nationalité ont une influence sur la connaissance et la perception qu’on a d’une œuvre.

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          • Répondu par LAURENT le 17 avril à  06:37 :

            Igor Kordey est croate, Salvador Larroca est espagnol, Olivier Coipel est français, Frank Quitely est écossais… ça ne fait pas de des X-men, des Avengers, de Cable… des BD croates, espagnoles, françaises, écossaises.

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