BD d’Asie

Avec "Kaiju n°8" Kazé peut voir les choses en grand !

Par Aurélien Pigeat le 27 septembre 2021                      Lien  
Nouveau phénomène issu des catalogues "shonen" de Shueisha - mais cette fois versant numérique - "Kaiju n°8" revisite habilement le motif des gros monstres déferlant sur le Japon. Histoire installée sur les valeurs classiques de la collection Jump, action dynamique, un humour plutôt bien dosé et des graphismes qui prennent la mesure d'un sujet pas évident car marqué, justement, par la démesure : la nouveauté de Naoya Matsumoto possède tout pour rencontrer chez nous un succès mérité.

Dans une réalité alternative les kaiju - ces monstres gigantesques popularisés par la figure de Godzilla - font partie du quotidien, ou presque. Leurs attaques régulières, notamment sur le Japon, ont donné naissance, en réponse, à des unités de défense spécialisées dans la lutte contre ces créatures dévastatrices. Sur-équipées, sur-entraînées, ces unités font l’objet d’une véritable héroïsation auprès d’une population appelée plus souvent qu’à son tour à se réfugier dans des abris pendant que des quartiers entiers se voient dévastés.

Avec "Kaiju n°8" Kazé peut voir les choses en grand !
Scène d’ouverture : un kaiju abattu en pleine ville
KAIJYU 8 GO © 2020 by Naoya Matsumoto/SHUEISHA Inc.

Petites mains plutôt que gros bras ?

Kafka, du mauvais côté de l’action
KAIJYU 8 GO © 2020 by Naoya Matsumoto/SHUEISHA Inc.

Kafka, notre héros à nous, aurait bien aimé faire partie de ces forces de défense. Mais voilà : recalé année après année lors des épreuves d’entrée, il s’est reconverti dans l’équarrissage des bestiaux. Car oui, sur les cadavres des créatures abattues prospère - littéralement - un nouveau secteur économique florissant, le nettoyage et la réparation après le passage des soldats.

Héroïsation des forces de défense
KAIJYU 8 GO © 2020 by Naoya Matsumoto/SHUEISHA Inc.

Il y a là déjà un premier tour de force de la part de Naoya Matsumoto. Sa façon d’aborder le motif des kaiju par cet angle inattendu - celui des nettoyeurs invisibles, des petites mains du "problème" kaiju - s’avère drôle et rafraîchissante. Et même si la suite du récit nous conduit sur des sentiers plus classiques, ceux des gros bras, notamment avec le recrutement au sein des forces de défense, cette promesse initiale élargit le spectre du récit et nous présente d’emblée un univers plus ouvert, plus nuancé et somme toute plus intéressant que ce que l’on voit habituellement dans ce type d’histoires.

Une autre curiosité dans cette ouverture de série réside dans le twist qui transforme Kafka en hybride humain-kaiju. Outre un élément d’intrigue nécessairement central pour développer une véritable histoire et caractériser son héros, cette péripétie permet de combiner le motif kaiju avec un autre, classique et cousin : celui des sentai (mais si, vous savez : les héros en tenues de couleur, comme Bioman ou Power Rangers). En effet, Kafka va apprendre à endosser, comme un costume, son corps de Kaiju pour combattre les monstres qu’il rencontre. Et là encore, le mangaka laisse entrevoir de riches possibilités qui pourraient nous emmener vers des affrontements titanesques et jubilatoires.

Un héros du côté des petites mains plutôt que des gros bras
KAIJYU 8 GO © 2020 by Naoya Matsumoto/SHUEISHA Inc.

Un futur succès monstre ?

Des moments de tension, à potentiel horrifique
KAIJYU 8 GO © 2020 by Naoya Matsumoto/SHUEISHA Inc.

D’autant que, on le sent, Kaiju n°8 doit bien quelque chose au phénomène manga de ces dernières années : L’Attaque des titans. Centre de formation dans lequel le héros va devoir trouver sa place, héros lui-même secrètement hybride, star féminine parmi les chefs d’escadron, adversaires gigantesques et nimbés de mystère : les points communs s’imposent assez rapidement à l’esprit.

Mais Kaiju n°8 s’écarte du modèle par une tonalité plus légère, un humour plus prononcé, un personnel moins torturé, en bref par une coloration nettement plus shonen. Et un graphisme plus classique, de très bonne facture, dans la lignée d’un My Hero Academia, particulièrement efficace pour installer de la tension et déployer le dynamisme nécessaire à l’action décrite.

Transformation en hybride kaiju
KAIJYU 8 GO © 2020 by Naoya Matsumoto/SHUEISHA Inc.

Par ailleurs, au rang des inspirations, plus distantes sans doute, on pense aussi à Evangelion. Pour ses paysages de villes modernes dévastées par des créatures gigantesques, pour les combinaisons de ses héros et surtout pour une des héroïnes, lointain avatar d’Asuka Langley.

Ainsi, Kazé intègre à son catalogue un titre au potentiel évident, drôle, pêchu et rythmé, en un mot excellent. Au Japon, le succès est d’ores-et-déjà au rendez-vous puisque la série s’est imposée comme la plus rapide à avoir atteint le million d’exemplaires écoulés parmi celles du Jump+, versant numérique du Shonen Jump dans lequel Kaiju n°8 se trouve publié. Seul regret, que le lancement de la série en France ne s’effectue qu’avec le premier volume et non les deux premiers. Il faudra attendre décembre pour le tome 2, et ça c’est dur.

Les épreuves de recrutement, un classique du genre
KAIJYU 8 GO © 2020 by Naoya Matsumoto/SHUEISHA Inc.

(par Aurélien Pigeat)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782820341075

Kaiju n°8 T1. Par Naoya Matsumoto. Traduction Sylvain Chollet. Kazé, collection Shonen. Sortie le 06 octobre 2021. 6,99 euros.

Kaiju n°8 Kazé
 
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