Christophe Blain : « J’adore écouter les gens et essayer de retranscrire exactement ce qu’ils sont physiquement. » [PODCAST]

Christophe Blain est dans l’actualité ces jours-ci et surtout dans le top des ventes de BD avec son album Le Monde sans fin, miracle énergétique et dérive climatique, coécrit avec Jean-Marc Jancovici, ingénieur spécialiste des questions énergétiques et de l’impact sur le climat. L’album a été retiré une demi-douzaine de fois depuis sa parution fin 2021. Nous avons profité de sa présence à la Galerie Barbier à Paris pour lui tendre le micro.

Une interview de Thelma Susbielle - Une production d’ActuaBD.com

Il raconte cette collaboration qui paraît avoir été faite simplement, comme une évidence. Pas de défi particulièrement difficile pour ce dessinateur chevronné : ce genre d’exercice lui est naturel, la difficulté est ailleurs : "Il fallait remettre une narration : c’est fait sous le ton d’une conversation. Il fallait rester vivant en permanence. Et aussi il y a avait un volume et une densité qui était très importants, donc il fallait la tenir, ça demande un esprit de marathonien." Les 196 pages de ce copieux album en sont la preuve.

En créant des personnages à partir de concepts inertes, le savoir scientifique est conté de manière ludique. Toute l’imagination de Blain est mise au service du discours de Jancovici. Le dessinateur mentionne les nombreuses discussions qui l’ont enrichi : des questions présentes dans le livre mais aussi dans l’actualité. Ce sont elles qui aiguillent la narration et modifient le plan du discours : "La narration en premier, on la fait pour soi." Il raconte avoir beaucoup appris pendant cette collaboration.

Pour cet album, le dessinateur n’a pas utilisé de case, contrairement à ses bandes dessinées de fiction. Il s’en explique : "Le fait de ne pas avoir de case permet de se concentrer sur l’élément central." Dans la fiction, le cadre permet de placer un décor, d’offrir une vision cinématographique. Le style de dessin n’est pas ici si différent, mais cette absence de case donne, selon ses mots, "plus d’immédiateté et donne moins l’impression d’être mis en scène."

Ce touche à tout, qui a fait de la BD, du reportage, des illustrations, de l’animation, du graphisme, etc. mentionne l’importance de la diversité de ses travaux. Pour son carnet de voyage Nord-Sud réédité chez Casterman, il dessine sur le vif, une pratique qui n’a rien à voir avec la bande dessinée.

Blain insiste : "C’est très important de faire beaucoup de choses différentes. D’abord parce que ça m’a permis d’en vivre." Il commence sa carrière par faire des carnets de voyages et de l’illustration pour les enfants : des missels notamment. Il devient alors dessinateur dans la presse catholique et fait du reportage, des contes pour enfants et des récits divers... Aujourd’hui, il continue de diversifier ses projets : "J’ai toujours eu besoin de faire pleins de métiers différents. [...] J’ai besoin de changer souvent pour me renouveler, pour tenter des trucs et sortir de ma zone de confort." Preuve qu’il n’a pas fini de nous surprendre...