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Christophe Blain et Jean-Marc Jancovici imaginent le monde sans fin qui est le nôtre

Par Philippe LEBAS le 29 octobre 2021                      Lien  
Quand deux poids lourds dans leur domaine, l'auteur de BD reconnu de tous Christophe Blain, et un spécialiste réputé des énergies et du changement climatique, Jean-Marc Jancovici, se rencontrent, cela donne un album hors-norme, dont la lecture ne peut laisser indifférent. Cet album tombe particulièrement bien à l'heure de la flambée des prix de l'énergie, du "chèque énergie", de la COP 26 sur la transition écologique et d'une présidentielle où ces sujets seront incontestablement au centre des débats.

La rencontre entre Blain et Jancovici semblait une évidence, tant Blain cherchait à en savoir plus sur le changement climatique et tant Jancovici s’emploie, depuis plus de vingt ans, à partager ses connaissances et ses inquiétudes par tous les canaux possibles. Après avoir tenté sa chance (en vain), auprès du monde du cinéma, Jancovici ne pouvait laisser passer cette aubaine que de s’associer avec un des plus talentueux auteurs de BD actuels, et il ne devrait pas le regretter.

Christophe Blain et Jean-Marc Jancovici imaginent le monde sans fin qui est le nôtre

Autant le dire tout de suite, on tient là du lourd : presque 200 pages, des informations nombreuses, rigoureuses et techniques, une vue générale sur la révolution apportée par l’emploi des énergies dans la vie des humains. On comprend aisément que tout cela ne pouvait se dire en 48 pages.

Sans entrer dans tous les détails et débats scientifiques (encore faudrait-il en avoir les compétences et ce n’est pas le propos d’une chronique d’album), on pourra tout de même retenir que l’exploitation des énergies fossiles [1] a été un des faits majeurs de ces deux à trois derniers siècles de révolution industrielle (même si le terme n’est plus trop employé par les historiens actuels). Cette révolution énergétique a été porteuse de nombreux progrès difficilement contestables, comme la montée de l’espérance de vie et celle des revenus, pendant que le temps de travail baissait.

Le problème, c’est que les conséquences négatives sont tout aussi nombreuses et incontestables : l’augmentation des températures, les épisodes climatiques excessifs (canicules, sécheresses dans certains endroits, pluies violentes et ouragans dans d’autres).


L’intérêt principal de cet ouvrage réside dans l’étude des effets paradoxaux de cette révolution. Toutes les énergies offrent leur lot d’avantages et d’inconvénients. Rien n’est simple et Jancovici sait nous prendre à revers, allant contre certaines idées toutes faites (non, les villes ne sont pas forcément la solution, elles qui génèrent une consommation énergétique plus forte que les campagnes étalées, et critiquées pour cela ces derniers temps) ou nous offrant des idées inattendues : "L’énergie abondante a aussi permis d’augmenter le nombre de logements plus vite que l’accroissement de population... et a largement facilité le divorce." Fallait y penser !

Dès lors, quelles solutions s’offrent à nous ? Aucune ! Enfin, aucune de parfaitement satisfaisante. Réduire notre consommation énergétique, c’est-à-dire, changer de mode de vie ? C’est un impératif, mais y sommes-nous prêts ? Et nos politiques dans l’affaire, dont ceux qui nous dirigent n’ont que le mot de croissance à la bouche, qu’en attendre ? Ne sont-ils d’ailleurs pas le reflet de nos propres contradictions ? À ce propos, on pourrait ajouter que nos gouvernements sont eux aussi accrocs aux énergies, tout particulièrement en France, où les taxes pesant sur elles sont très élevées, d’où le fait de ne pas y toucher, au profit d’un chèque énergie moins impactant pour les finances nationales. Tout miser sur les énergies renouvelables ?

Jancovici n’y croit guère à court terme tant leur place demeure encore minime et leur production aléatoire.

Continuer nos petits gestes du quotidien, comme prendre le vélo plus que la voiture, c’est bien, mais ça ne saurait suffire, tant le problème est beaucoup plus global. Compter sur le nucléaire, dont l’impact climatique est plus faible, mais les dangers sont patents, même si Jancovici les relativise quelque peu, notamment en ce qui concerne les déchets nucléaires que l’on va léguer à de nombreuses générations futures ? À voir. [2].

De ces débats sans fin sur ce monde sans fin, vous en apprendrez encore bien plus dans l’ouvrage, et ce de manière ludique, grâce au talent de Christophe Blain. On retrouve avec joie ses personnages au grand nez (Blain himself). Le rythme de l’album est soutenu, ce qui ne surprendra pas les amateurs du dessin nerveux de Blain (Ah, ces planches de Quai d’Orsay largement aussi dynamiques que l’adaptation cinématographique qu’en a faite le regretté Tavernier !), au diapason du débit de parole de Jancovici, comme en témoigne n’importe quelle interview de ce dernier.

La bonne idée de mise en scène réside dans l’introduction du superhéros Iron Man, qui personnifie ce que nous sommes devenus : des humains aux super-pouvoirs difficiles à contrôler, dopés aux énergies.


Iron Man se retrouve confronté à Mère Nature, autre bonne idée de mise en scène. Gironde et à la longue chevelure rousse, Mère Nature est là pour rappeler à Iron Man toutes les conséquences de ses actes.


L’inventivité et l’humour sont omniprésents dans l’album, ce qui permet d’alléger un propos particulièrement copieux. Blain arrive même à nous rendre intéressants des graphiques.

Face à tous ces atouts, les quelques remarques suivantes pèseront peu : une couverture vraiment très proche de celle du tome 2 de Quai d’Orsay ; une densité d’informations dans laquelle il est possible de se perdre ; des affirmations qui peuvent surprendre ou heurter certains d’entre nous, comme sur le nucléaire par exemple. Plus globalement, si l’on partage l’idée d’un monde accroc à l’énergie, elle-même à l’origine du changement climatique, on ne peut pas non plus faire de l’énergie la seule grille explicative de notre monde.

Pour le reste, cet album est une très belle réussite dans le domaine de la BD documentaire. Sans nul doute, le bilan carbone (méthode inventée par Jancovici !) de cet album risque de ne pas être bon, à la hauteur du nombre d’exemplaires que l’on devrait trouver sous le sapin de Noël.

(par Philippe LEBAS)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782205088168

Le Monde sans fin - Par Christophe Blain et Jean-Marc Jancovici - Dargaud

Sur ActuaBD.com, lire les chroniques de quelques uns des ouvrages de Blain, de Gus (tomes 1, 2, 3 et 4), au dernier Blueberry, en passant par l’incontournable Quai d’Orsay, tomes 1 et 2

[1Pour ceux qui s’intéresseraient plus spécifiquement au pétrole, à son histoire et à ses conséquences géopolitiques, lire La Malédiction du pétrole, belle BD de Jean-Pierre Pécau et Fred Blanchard (2020), éditions Delcourt (112 pages - 17,50 €)..

[2Pas sûr que cela puisse convaincre Étienne Davodeau qui, dans son tout récent Le Droit du sol s’interroge sur ce "legs", faisant de Bure dans la Meuse, futur lieu d’enfouissement de déchets nucléaires, le point d’arrivée de sa balade... nationale.

Dargaud ✍ Jean-Marc Jancovici ✏️ Christophe Blain à partir de 13 ans Documentaire France 🏆 Sélection officielle Angoulême
 
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32 Messages :
  • D’après les extraits de cette BD on constate que Jancovici est présenté comme un Grand Gourou qui sait tout ; et les politiciens et les économistes, comme des nains en cravates, en bas de page ! ...Cette BD est-elle une sorte de petit livre vert à la gloire du Grand Conducator Jancovici ? Celui-ci émets des assertions en valeur absolue alors que la transformation de l’énergie ... c’est ni plus ni moins que de l’économie, donc une affaire de rentabilité, de politique publique, etc. ! alors il ferait mieux de ne pas mépriser les économistes ni les politiciens, car voila un terrain où il n’est certes pas légitime ! Par ailleurs, nos ados se font bourrer le mou toute la journée par cette idéologie de la décroissance largement véhiculée par l’Inéducation Nationale, donc ce n’était peut-être pas nécessaire d’en rajouter une couche avec cette BD soi-disant "éducative" ? ....la multiplication de ces BD de propagande m’effraie ....

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    • Répondu par rémi le 29 octobre 2021 à  12:49 :

      @ PATYDOC
      Qu’une chose à répondre : ok boomer...
      (On était à deux doigts de lire les fameux "écolo fachos" et "khmers vert", quand même.)

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      • Répondu par LEMOINE Gilles le 4 novembre 2021 à  16:41 :

        Ce qui est étonnant dans votre réaction à cette critique virulente de l’album et au delà du travail de Jancovici, c’est que vous classez et l’un et l’autre, comme authentiquement écologiste, ce que je partage tout à fait.

        Il faut que vous sachiez que toute une frange de l’écolo-sphère soutenu par notamment par Mediapart s’attaque à la fois à l’homme en tant que tel car il appartiendrait à l’élite "honnie" mais bien sûr à son travail. Son crime ; mettre un gros pavé dans le cloaque des inepties antinucléaires qu’ils débitent depuis des décennies sans être inquiété par un quelconque travail journalistique.

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    • Répondu par RD le 29 octobre 2021 à  13:01 :

      Bien sûr, critiquons un livre de deux cents pages à partir de quelques malheureuses reproductions...

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    • Répondu par Gaëtan le 29 octobre 2021 à  13:12 :

      Oh un commentaire de l’ancien monde..! Prenez le photo ou en screenshot, ils sont en voie de disparition (et ceux là on ne va pas chercher à les sauver :p).

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    • Répondu par Milles Sabords le 29 octobre 2021 à  14:07 :

      Je rejoins Patydoc ; tous ces albums de bd oublient une chose fondamentale, véritable levier de l’économie mondiale : les 90 multinationales les plus influentes n’ont qu’un but, pousser les peuples à toujours plus de consommation afin de neutraliser la concurrence et accroître la voracité des actionnaires. L’obsolescence programmée en est le plus bel exemple. Notre utilisation d’internet n’est pas non plus anodine. C’est tout un changement de société et d’habitudes de consommation qu’il faudrait radicalement changer pour sauver le climat. Mais personne ne veux en payer le prix.

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      • Répondu par rémi le 29 octobre 2021 à  14:54 :

        Commencez par vous appliquer cette recommandation, Mille Sabords, ça nous fera des vacances et nous évitera de lires vos commentaires habituels de vieux grincheux. Et peut-être même sauverez-vous la planète !

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        • Répondu le 1er novembre 2021 à  16:22 :

          Vous avez le droit de ne pas être d’accord avec un intervenant sur ce site, mais pas la peine de le dénigrer. Donnez vos solutions, que l’on puisse juger sur pièce.

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        • Répondu par Jean Ferrette le 1er novembre 2021 à  20:55 :

          "Boomer", "vieux grincheux"... Si je comprends bien, il découle de notre âge que nous avons tort. La gérontophobie est-elle autre chose qu’une variante du racisme ?

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          • Répondu par rémi le 9 novembre 2021 à  11:38 :

            Disons que votre génération a bien profité et contribué à dégrader les choses et qu’elle n’est pas vraiment concernée par les bouleversements à venir. Juste garder son petit confort jusqu’au bout. Or c’est la frange de la population souvent la plus réactionnaire et qui s’exprime le plus. Comme ici et dans les urnes.

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            • Répondu par Milles Sabords le 9 novembre 2021 à  12:02 :

              Les nouvelles générations ne font pas mieux, et d’ailleurs ce n’est pas une question de générations, mais plutôt de système. N’oubliez pas que les "anciens" avaient un rapport et un respect à la terre beaucoup plus pertinent que le nôtre. Ce que les citadins découvrent grâce aux jardineries pour leur balcon, n’est ni plus, ni moins, que du bon sens "paysan". La permaculture n’est pas née par hasard, mais elle résulte du fruit d’observations des précédentes générations. Par-contre, le droit à polluer des grands groupes en s’achetant des crédits carbone, reste l’un des nœuds du problème. Votre grand-mère avait raison : "la critique est aisée"...

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              • Répondu par rémi le 16 novembre 2021 à  09:17 :

                Recourir aux "anciens" est un argument d’historicité (ou de tradition), "argumentum ad antiquitatem", et est fallacieux. Ce sont aussi les anciens qui ont eu recours massif à la chimie et aux pesticides dont on peine encore à se défaire. Ce n’est pas parce qu’on faisait quelque chose avant qu’elle est donne ou juste. Les exemples sont nombreux.
                La permaculture est un concept systémique et global qui vise à créer des écosystèmes respectant la biodiversité. L’inspiration vient de la nature et de son fonctionnement, pas du "fruit d’observations des précédentes générations".
                Si les "anciens" en faisait, c’est qu’ils observaient la nature.

                En effet, ma grand-mère avait raison. C’est pourquoi je m’évertue à pratiquer la permaculture et l’agro-écologie sur quelques hectares et m’efforce d’adopter un mode de vie le plus respectueux possible de l’environnement.
                Il se trouve que je fais aussi du dessin et de la bd professionnellement (rémi n’est pas mon vrai nom) et donc je sais à quel point ces sujets sont "difficiles"...au contraire de la critique aigrie permanente à laquelle vous vous livrez au fil des commentaires sur ce site.

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                • Répondu par boomer71 le 17 novembre 2021 à  10:09 :

                  Visiblement, vous n’avez pas suffisamment vécu à la campagne pour vous aperçevoir à quel point les anciennes générations avaient un respect de cette terre qui les nourissait. Vous oubliez également les politiques agricoles d’après-guerre, ou il fallait nourrir tout un pays, et par la suite, leurs dérives industrielles en produits chimiques. Vous ne semblez pas connaître non plus, les nombreux artisans à travers les régions, qui continuent encore, contre vents et marées, à perpétuer les techniques ancestrales respectueuses de la biodiversité, de la culture, ainsi que de l’environnement en ne ponctionnant que ce qui est nécessaire. Vous dessinez, vos paroles sont donc paroles d’évangile ? Vos goûts en matière de BD ne sont pas ceux de tout le monde et en cela, vos interventions sont souvent à charge. Maintenant, rien ne vous empêche de créer votre propre site. Là, personne ne vous contredira.

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                • Répondu par Antoine Cahier le 24 mars 2022 à  22:21 :

                  "La permaculture est un concept systémique et global qui vise à créer des écosystèmes respectant la biodiversité. L’inspiration vient de la nature et de son fonctionnement, pas du "fruit d’observations des précédentes générations"
                  Je pense que vous confondez le discours très marketing des permaculteurs ( trop souvent commerciaux ) et la réalité : la permaculture a été développée par des générations d’amérindien.ne.s ! Désolé de vous dire cela mais votre discours sonne comme celui d’un individualiste qui pense pouvoir réinventer la permaculture à lui tout seul sans devoir quoi que ce soit à personne...Cette vision libérale -libertaire ne fera pas le poids face aux boomers qui promeuvent les méthodes agroindustrielles pures et dures !

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              • Répondu par Antoine Cahier le 24 mars 2022 à  21:37 :

                La permaculture est surtout héritée des sociétés amérindiennes qui ont développé une agriculture sans travail du sol ! Puis ensuite nos amis australiens s’en sont inspiré et ont inventé le terme...Mais parallèlement, Sepp Holzer dans ses montagnes d’Autriche avait une démarche similaire sans jamais avoir entendu parler de Holgren & Mollisson !

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      • Répondu le 29 octobre 2021 à  15:37 :

        Ce n’est pas du tout ce que Patydoc. Ce que dit Patydoc, c’est qu’il est climatosceptique, rien de plus.

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      • Répondu par Antoine Cahier le 24 mars 2022 à  22:07 :

        Je suis en bonne partie d’accord avec vous pour dire que c’est une des faiblesses de JMJ que de ne pas suffisamment s’en prendre au système capitaliste. Cependant, nous devons essayer de voir quels sont nos leviers d’action car de tout remettre sur le dos des capitalistes nous contraint à une seule alternative : l’impuissance et l’inaction ou la révolution. De plus, si l’on prend le temps de réfléchir un peu aux dynamiques du système tel qu’il est aujourd’hui, on voit que le capitalisme est apprécié et maintenu par une partie des occidentaux : nos fonds de retraite comptent comme une grande partie des fonds d’investissements dont les actionnaires tentent de maximiser les gains. Le développement des énergies fossiles et la société de consommationa profité aux classes moyennes et laborieuses occidentales (d’un point de vue matériel du moins, pour le reste, c’est autre chose ! ). Historiquement, l’obsolescence planifiée n’a pas été développée qu’à l’avantage des capitalistes : elle a aussi été développée avec l’aval des syndicats et des sociaux-démocrates qui y voyaient un puissant moyen de lutter contre le chômage de masse (s’assurer qu’un réfrigérateur ne dure que 4 ans, c’est s’assurer que quelqu’un aura à la remplacer dans 4 ans)
        https://www.youtube.com/watch?v=5eSoBBapXCg
        En ce sens, la vulgarisation de JMJ fait œuvre utile en nous rappelant qq grandes lignes simplificatrices qui , il faut l’admettre, se doivent d’être temporisées par des critiques plus radicales, précises, de bonne foi et cohérentes !

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    • Répondu par LEMOINE Gilles le 4 novembre 2021 à  16:56 :

      Je n’ai pas encore lu l’Album mais pour autant qu’il m’en souvienne Jancovici ne nie pas la Science Economique sinon qu’il met en exergue avec brio son biais fondamental depuis les Physiocrates (Jean- baptiste Say) qui font des ressources naturelles (minérales fossiles, halieutiques, etc...) des biens "gratuits" en laissant croitre que son renouvellement est totalement infini.

      C’est le drame dans lequel être l’humanité s’enfonce.

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    • Répondu par Patrick Lefebvre le 25 décembre 2021 à  15:32 :

      Polytechnicien spécialiste des énergies, auteur de la notion de Bilan Carbone, fondateur de Carbone 4, enseignant à l’Ecole des Mines, Jean-Marc Jancovici a longtemps fourni EDF, l’Etat, et le GIEC en études et rapports sur les enjeux et options de la transition énergétique, et le fait toujours à l’occasion.
      Las, le personnel politique pratique depuis trop longtemps la doctrine que Machiavel expose dans Le Prince : "Ne jamais pousser à l’évolution, suivre la demande de l’opinion publique pour proposer des options consensuelles".
      Nos économistes sont actuellement chargés de relayer par des modèles ouverts, le mythe de la croissance sans fin, qui fait les beaux jours des promesses électorales.
      Il est sain qu’un livre pose les enjeux, recadre les proportions, explique les causes et les conséquences, démasque les évolutions historiques et nous indique ce qui nous attend : Sans déni.

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  • Mauvais, le bilan carbone de cet album ? En comptant les émissions futures évitées par l’influence qu’il aura eu sur ses lecteurs, leur entourage et la population en général, il y a fort à parier qu’il sera très bon, au contraire.
    La même erreur a été faite à propos des transatlantiques à la voile de Greta Thunberg. Nombreux et bruyants furent les commentateurs qui, parce que des équipiers avaient pris l’avion, crièrent au "coup de com’", dirent qu’elle eût mieux fait de prendre l’avion comme tout le monde et crurent pouvoir ainsi discréditer sa manière peu ordinaire de rejoindre le World Summit. C’était sans compter l’immense influence de son geste sur les millions de personnes qui en ont été témoin, la fissure qu’il a produite dans le paradigme du voyage en avion moderne, abordable pour des millions de personne et - grâce à elle notamment, de moins en moins - avantageux socialement, évitant ainsi bien plus de voyages en avion que ceux qui lui permirent ses traversées.
    Estimer les émissions futures évitées est au fondement de tout geste engagé pour le climat. Sans cette valorisation et puisque quasiment tout acte génère des émissions, personne ne pourrait rien faire qui fût bon, et même les travaux du GIEC, de l’Ademe ou du Haut Conseil pour le Climat, qui nous permettent de mieux connaître et comprendre les enjeux climatiques et donc de travailler à notre nécessaire transition, auraient un bilan négatif. Comme disait mon prof de math, "attention aux erreurs de calcul" !

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    • Répondu par Philippe LEBAS le 31 octobre 2021 à  07:10 :

      Merci pour ce commentaire à la fois éclairé et apaisé. Terminer la chronique sur cette pirouette était aussi une sorte de boutade, pas complètement hors de propos cependant, dans la mesure où l’ouvrage dénonce la surconsommation, alors même qu’il est lancé en octobre (pas très loin de Noël donc). Par ailleurs, il n’est pas sûr que cet ouvrage puisse convaincre ceux qui ne sont pas déjà convaincus d’avance. Le débat reste ouvert en tout cas et merci d’y avoir contribué sereinement.

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      • Répondu le 31 octobre 2021 à  11:18 :

        Le problème est plus largement celui du roman graphique vendu entre 20 et 30 euros. Quelque soit le sujet abordé, quelle que soit la sincérité des auteurs, le prix de vente de ces livres exclut d’emblée la large majorité de la population qui n’a pas les moyens d’acheter si cher une BD. On voudrait changer le monde, informer le vaste public, ici même sauver la planète, et accessoirement concurrencer les manga, qui, eux, ont une vraie assise populaire, mais les prix pratiqués font que dans tous les cas, on ne s’adresse qu’à la bourgeoisie et aux CSP+.

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        • Répondu par Milles Sabords le 31 octobre 2021 à  18:51 :

          Rajoutons à cela que même les 48CC vendus minimum 15 euros, deviennent trop cher pour beaucoup de personnes.

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        • Répondu par jul le 2 novembre 2021 à  05:33 :

          Je ne serais pas aussi défaitiste que vous : vous oubliez les bibliothèques qui restent très fréquentées et qui seront probablement nombreuses à l’acheter.
          par ailleurs, Jancovici diffuse ses idées par d’autres canaux (ex YouTube, « gratuit »), la bd n’est donc qu’un support pour s’adresser à une population qui ne l’aurait pas encore découvert.

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          • Répondu le 2 novembre 2021 à  07:23 :

            Ce n’est pas du défaitisme. Il y a plein d’autres moyens en effet. Mais les romans graphiques en général ne visent qu’un public aisé et c’est bien dommage, ce n’était pas l’idée de départ.

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          • Répondu par Milles Sabords le 2 novembre 2021 à  07:30 :

            Bien souvent, le public qui aura lu des albums en bibliothèque, ne les achètera pas dans les commerces, puisque la source est abordable (abonnement à l’année) et exploitable (prêt autant de fois que l’on veut et possibilité de photocopies). Le prix des albums va de plus en plus devenir un frein et la crise du pouvoir d’achat que nous traversons ne va rien arranger.

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            • Répondu le 2 novembre 2021 à  22:10 :

              Vous décrivez une situation qui existe déjà. Le livre est un produit cher et cible de plus en plus une clientèle aisée. Les catégories populaires sont tenues à l’écart de la culture de qualité. Ils doivent se contenter des télévisions devenues néfastes et abrutissantes depuis les privatisations, et de l’internet qui nivelle vers le bas, puisque le but là-aussi est de vendre de la pub et des données personnelles. Théâtre, livres, expositions et bientôt films en salle ne seront bientôt plus accessibles qu’à la bourgeoisie. Effectivement les bibliothèques et médiathèques résistent encore. Et puis il y a des exceptions, comme le succès des mangas qui sont moins chers.

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              • Répondu par Milles Sabords le 5 novembre 2021 à  08:54 :

                Je ne décrit pas une situation qui existe déjà, je vous démontre juste que votre solution des bibliothèques, n’est pas une bonne solution.

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        • Répondu par cazin le 8 novembre 2021 à  19:42 :

          Sinon vous avez les 20 heures de cours des mines sur Youtube et ses 200 interventions au sénat, assemblé, HEC, IEP, ena, polytechnique ESSEC etc... Bon vous me direz ça consomme de l’électricité et un abonnement internet...

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  • Elle est chouette la couverture, avec un parfum de Metropolis.

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    • Répondu par Philippe LEBAS le 31 octobre 2021 à  07:12 :

      C’est vrai, même si dans un premier temps,comme dit dans la chronique, c’était plutôt la couverture du deuxième tome de Quai d’Orsay qui m’était venue à l’esprit.

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    • Répondu par Carbonnieux le 16 janvier 2022 à  11:40 :

      Personnellement cette couverture m’inspire plutôt l’avant dernière case de la dernière planche de "La Déviation" du regretté Gir/Moebius. Courte histoire publiée en janvier 1973 !

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