Cosey et le sommeil des dieux

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Nous vous avions parlé il y a quelques jours de Cosey à propos de « Jonathan » dont le 17e et dernier album vient de sortir au Lombard. Ici, avec « À l’heure où les dieux dorment encore », il s’agit d’un beau livre, un album magnifique de 300 pages, aux dessins remarquablement reproduits et édités par le galeriste Daniel Maghen, sous la houlette d’un directeur artistique de grand talent : Vincent Odin. Un ouvrage qui perpétue un peu la tradition de ces « livres d’artistes » inventée par Ambroise Vollard, éditeur et galeriste lui aussi, au début du XXe siècle, et qui revient sur la carrière du grand artiste suisse.

Cet ouvrage de Cosey se situe entre le carnet de route et le journal intime, un parcours des voyages effectués par le dessinateur tout au long de sa carrière et qui ont directement influencé ses livres : les Alpes valaisannes dont il est originaire -Cosey est suisse, comme vous le savez-, Barcelone, Saint-Paul de Vence, les Cyclades, le Japon, le Tibet, la Chine, l’Inde. Il y a dans cet album le souvenir de l’Autre rencontré sur la route et avec qui il a parlé seulement avec les yeux, des croquis, des portraits, des paysages, de magnifiques aquarelles que Cosey a pris soin de commenter, avec des anecdotes et des petites notations, philosophiques parfois, comme cette question : « - Combien faut-il de passages pour créer un sentier ? ». Il y évoque la différence et des points communs entre le dieu Krishna et les Schtroumpfs, enfin la couleur dont il parle avec des mots d’esthète. C’est sublime évidemment.

Chemin faisant, Cosey parle de son métier, de ses débuts avec le dessinateur suisse Derib, l’auteur de Yakari et de Buddy Longway, qui est un peu son mentor : il évoque ses influences et ses admirations dans la bande dessinée : Hergé, à cause de Tintin au Tibet sans doute, Franquin -il y a plusieurs hommages au Marsupilami-, Peyo, Benoit Brisefer, Johan & Pirlouit et et les Schtroumpfs (Derib a été l’assistant de Peyo) et Walt Disney car Cosey a aussi dessiné un album de Mickey Pour Glénat où il a réhabilité le personnage de Minnie.

Bref, À l’heure où les dieux dorment encore est un album idéal pour les fêtes et pour voyager en chambre, si par malheur la Covid nous retombait dessus. Dans la mythologie grecque, on sait que la titanide Mnémosyne est la déesse de la mémoire et la mère de toutes les muses… Chez Cosey, au moment où les dieux se retournent dans leur lit, force est de constater que Mnémosyne est déjà au turbin.

Cosey nous en parle longuement dans ce Podcast où il nous présente une exposition qui se prépare à la Galerie Maghen (Du 17 novembre au 11 décembre 2021).