La Buse, T. 1/2 - Par Jean-Yves Delitte - Glénat

Nous vous en parlions il y a quelques semaines : non content de surfer sur les vagues du succès avec ses Grandes Batailles navales, l’infatigable Jean-Yves Delitte allait renouer avec les récits de flibustiers via le lancement d’un nouveau diptyque. Voilà chose faite, avec le premier tome de La Buse, qui vient de paraître, toujours chez Glénat.

Mais qui est cette Buse ? C’est ainsi qu’est surnommé Olivier Levasseur, un fils de bourgeois de Calais qui a toujours rêvé de servir la Royale comme officier, ce qu’il ne pourra jamais concrétiser, faute de titre de noblesse. Alors il est devenu corsaire, ce qu’on pourrait résumer comme un pirate assermenté par le Roi de France. Mais à la fin de la guerre de Succession d’Espagne, en 1714, la période de paix qui s’installe le place au chômage forcé. Mais Levasseur refuse de se ranger et devient donc pirate !

Difficile de suivre à la trace sa vie pendant les années qui ont suivi, mais l’on connaît surtout son coup de maître : s’emparer avec une aisance déconcertante du vaisseau portugais qui transporte dans ses cales une décennie de trésors accumulés par le vice-roi des Indes orientales ! Hélas, l’aventure se termine mal pour le pirate. Après une quinzaine d’années de rapines en tous genres, il est arrêté et mené à l’échafaud. Au moment de se faire passer la corde au cou, il crie à la foule qu’il a caché un fabuleux trésor, et qu’il appartiendra à celui qui le trouvera. De quoi faire générer des centaines d’années de mythes sur les chasses au trésor des pirates !

Où La Buse a-t-il caché son trésor ?

À n’en pas douter, Jean-Yves Delitte est l’auteur rêvé pour mener un récit de pirates. La précision de ses gréements et les trognes de ses personnages sont deux des qualités qui nous assurent de passer un excellent moment en ouvrant son album.

Rappelons pourtant que l’auteur n’en est pas à son coup d’essai. Durant les six tomes de Black Crow, il mettait en scène un corsaire du roi d’Angleterre, occidental habillé à la mode indienne et qui ne fait pas de cadeaux à ses ennemis, tout en dirigeant ses hommes d’une main de fer. N’oublions pas non plus le précédent diptyque Black Beard, au sein duquel l’auteur nous contait le destin peu commun de Edward Teach, plus connu sous le nom de Barbe Noire.

Pour cette nouvelle évocation en bande dessinée, Delitte reste donc au début du XVIIIe siècle pour s’intéresser à cette image iconique française qu’est La Buse. Sans tomber dans la facilité d’inventer à tour de bras, Delitte choisit l’évocation la plus probable du destin de Levasseur, en se concentrant surtout sur la dernière partie de sa vie, tout en tournant essentiellement sur sa prise la plus faramineuse, à savoir le galion entier du vice-roi d’Espagne.

Une double-page du récit

L’authenticité apportée par Delitte (même lorsqu’il évoque Libertalia, il passe au conditionnel) alliée à la qualité de ses restitutions donne vraiment l’impression de profiter d’un morceau d’histoire, dans le concept de ce qu’il propose avec les Grandes Batailles navales. Les grandes cases au milieu de la jungle ou en pleine mer apportent également énormément de souffle au récit, contribuant à de très belles atmosphères. Le tout est parachevé par les grandes double-pages dont l’auteur a maintenant fait sa marque de fabrique. Difficile de ne pas succomber.

Bref, avec Delitte, on sent l’odeur des pirates, on devine tantôt leur fraternité, tantôt leur convoitise. Et surtout, on a le sentiment de vivre pleinement les événements qui font encore parler d’eux des centaines d’années plus tard. Les fans de thriller maritime apprécieront.