Romans Graphiques

Le Meilleur des Mondes - Par Fred Fordham - Ed. Philéas

Par Stéphane GROBOST le 16 janvier 2023                      Lien  
Première adaptation en roman graphique du classique de la SF d’Aldous Huxley sur une traduction de Michel Pagel. Le dessinateur londonien Fred Fordham donne une identité visuelle inédite à cette célèbre dystopie du XXe siècle qui reste toujours un reflet et un avertissement pour l’époque que nous vivons : une profonde réflexion sur les rapports entre humanisme, hédonisme et technologie.

On plonge avec plaisir dans les 240 pages de ce roman graphique à la hauteur de l’œuvre littéraire publiée en 1932.
Un de ses thèmes centraux a particulièrement inspiré l’auteur, celui du bonheur : bonheur véritable, bonheur passion chez des sauvages qui sont restés des hommes, en opposition à un bonheur factice, de pacotille, écœurant, dégoulinant.

Fred Fordham a été touché par le fait que contrairement à 1984 d’Orwell, l’asservissement du peuple puisse se faire par le confort.
Bien que venant du milieu de la peinture, l’auteur a fait le choix du dessin et de la mise en couleur numérique, ce qui, pour une fois, est cohérent avec la froideur de l’univers exploré, mais il utilise parfois ses aquarelles qu’il remixe numériquement. Il dit s’inspirer de Bastien Vivès pour le rythme et l’expression de sa narration et voue une admiration sans borne à Moebius et Frank Quietly.

Le Meilleur des Mondes - Par Fred Fordham - Ed. Philéas

Le choix de couleurs éthérées donne un aspect « surréel » à l’histoire alors que le choix d’utiliser l’iconographie des emojis et des réseaux sociaux est un malin clin d’œil à la culture moderne des réseaux qui donne à ses utilisateurs de brefs coups de dopamine contribuant ainsi à les rendre accros.
La devise « Communauté, Identité, Stabilité » est emblématique : un des grands postulats de cette société est la stabilité c’est-à-dire le maintien des individus dans leur caste, la disparition de toute révolte, de toute contestation et de toute envie de contester.

On regrette certains raccourcis scénaristiques (l’explication du clonage des individus, par exemple) mais l’histoire nous embarque toujours dans ses méandres.
L’utopie proposée anéantit en fait l’individu, sauf à avoir pour idéal de ne plus penser par soi-même et d’avoir pour but la vie sous Soma. John le sauvage en est le héros tragique : au final le lecteur se trouve confronté à une contre-utopie (ou dystopie) qui a de troublants échos avec la crise mondiale actuelle et les aspirations à la décroissance qu’elle génère.

Une adaptation réussie qui plaira sans doute aux lecteurs du roman et donnera aux autres l’envie de le découvrir.

Voir en ligne : https://www.lisez.com/livre-grand-f...

(par Stéphane GROBOST)

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Code EAN : 9782491467562

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