La sentence signifie quelque chose comme « Croyez-le si vous voulez mais vérifiez quand même. » C’est une citation de Ronald Reagan qui l’empruntait à un proverbe russe énoncé par Lénine… Quelle lignée : un révolutionnaire et un conservateur ! Cette révélation, on la doit à Jérôme Dupuis, grand reporter à Paris-Match.
Sans doute dans cet opuscule, Nick Rodwell règlera-t-il ses comptes avec ses détracteurs de longue date qui le poursuivent de leur vindicte depuis qu’en 1991, avant d’épouser Fanny Remi, la seconde femme d’Hergé, il a repris en mains les affaires de Tintin. C’était il y a 30 ans...
Terminant avec rudesse les contrats de licence en cours, récupérant les droits audiovisuels, il essuya les foudres de la critique alors que sa gestion de l’univers d’Hergé, aux côtés de son épouse, ne souffre d’aucun reproche en ce qui concerne la fidélité à l’intégrité de l’œuvre, la défense du patrimoine artistique d’Hergé (quand on la compare ce qu’en ont fait les héritiers de Jacobs et même de Franquin…) et la conquête de nouveaux publics multipliant les expositions prestigieuses, créant -sur la cassette de Fanny que nous avons élue personnalité de l’année en 2011- un Musée Hergé qui constitua non seulement un geste architectural remarquable, mais aussi une belle réussite muséale. Il faut y ajouter la concrétisation d’un rêve irréalisé par Hergé : voir Tintin devenir une icône mondiale grâce à de grands réalisateurs anglophones comme Steven Spielberg et Peter Jackson.
Qui dit mieux ? Personne.
C’est évidemment la personnalité de Nick Rodwell qui détonne : fantasque, parfois brutal et incohérent, cause d’une relation en dents de scie avec Casterman, il assume ses travers avec désinvolture. Ses saillies à l’encontre des journalistes et des « tintinologues » de tout poil défraient régulièrement la chronique, et ils le lui rendent bien. Récemment, Le Figaro titrait à son propos : « L’Homme qui a confiné Tintin. ». Ambiance...
Sans aucun doute, il ne mérite pas l’indignité qu’on lui réserve. « Dans mon livre, déclare-t-il à Paris-Match, je vais expliquer comment on fait vivre un héros pendant des décennies sans la moindre nouveauté ! » Un plaidoyer pro domo en forme de bilan ? Prévu pour 2022, il répondra peut-être à cette question lancinante : après Fanny et Nick Rodwell -à qui l’on souhaite une vie longue et paisible- qui héritera de Tintin ? Trust but verify…
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Photos : D.Pasamonik (L’Agence BD)
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