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Rivage de la colère - Par Galandon, N’Haoua et Degreff d’après Laurent - Éditions Philéas

Par Patrice Gentilhomme le 22 décembre 2022                      Lien  
La décolonisation de l'ïle Maurice ne s'est pas faite dans la clarté et la transparence. C'est ce que raconte cette histoire qui oscille entre romance et enjeux géopolitiques peu reluisants.

Quand en 1967 Marie-Pierre Ladouceur fait la connaissance de Gabriel, jeune Mauricien nommé auprès de l’administrateur colonial des Chagos, un petit archipel rattaché à l’île Maurice, elle est loin de s’imaginer que cela va bousculer son destin.

Lorsque Maurice accède à l’indépendance, les Chagossiens sont contraints d’abandonner leur île et tout ce qu’ils possèdent (maisons, animaux...) sans véritable solution d’hébergement. Cette expulsion de près 2 000 personnes est la conséquence d’un marché conclu en sous-main par les autorités britanniques avec les Américains afin de récupérer cette île et d’en faire une base militaire. Commence alors un long combat pour cette population spoliée afin de faire reconnaître ses droits. Un long chemin pour retrouver sa dignité dans lequel Marie-Pierre va s’engager en dépit de tous les risques.

Rivage de la colère - Par Galandon, N'Haoua et Degreff d'après Laurent - Éditions Philéas

Repéré avec son premier diptyque L’Envolée sauvage réalisé avec Arno Monin, le scénariste Laurent Galandon est l’un des premiers auteurs à aborder des thèmes souvent difficiles portés sur une certaine réflexion et un devoir de mémoire en s’intéressant souvent à des faits historiques inconnus ou très mal connus. Il y a plus de dix ans, avec Shahidas il n’hésitait pas à se confronter à l’islamisme ou à à la Guerre d’Algérie avec Tahia el Djazaïr. De l’affaire Lip à l’épopée du groupe Manoukian, Vivre à en mourir, au fil de ses albums, il réussit à mettre la lumière sur des anonymes (ou presque) pris dans les tourments de l’histoire.

Avec ce récit de près de cent pages, il revient sur un fait fort mal connu, peu digne au regard d’une décolonisation manipulée par... le colonisateur. Un marché de dupe dont toute une communauté se retrouve la victime.

On suit avec intérêt les difficultés de cette jeune femme qui à travers ce combat découvre tous les moyens d’émancipation de la servitude à la découverte de la lecture, de la culture mais aussi grâce à une histoire d’amour compliquée et des relations sociales.

Passé par le dessin animé, la publicité, le Journal de Mickey et Spirou le trait de Rachid N’Haoua reste marqué par ses expériences. Avec cette histoire, son graphisme de facture assez classique et appliquée sert avec efficacité et sensibilité le récit de Galandon, adapté du roman de Caroline Laurent.

Mention spéciale pour les couleurs traitées par Degreff qui s’accordent avec l’esprit Outremer et l’exotisme d’une histoire dont l’engagement politique reste à saluer. Un bon point pour la jeune et dynamique maison d’édition Philéas portée par Steinkis.

(par Patrice Gentilhomme)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782491467395

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