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Gaëlle Hersent : « "Le Boiseleur" est une série sur le métier d’artiste et sur l’art en général » [INTERVIEW]

Par Kelian NGUYEN le 3 septembre 2022                      Lien  
Après un premier tome sorti en 2019, Gaëlle Hersent nous présente le deuxième et dernier volume de la série du « Boiseleur » (Ed. Soleil / Métamorphoses). D’abord prévue pour être une trilogie, cette série, qu’elle a eu tant de mal à terminer, s’achève en guise d’hommage à son scénariste Hubert décédé en 2021.
Gaëlle Hersent : « "Le Boiseleur" est une série sur le métier d'artiste et sur l'art en général » [INTERVIEW]
© Gaëlle Hersent / Soleil

C’est juste avant le vernissage d’une exposition chargée en émotion que nous retrouvons Gaëlle Hersent. À la galerie Achetez de l’Art de Paris, l’autrice présente son ouvrage et ses planches originales, entourée de ses proches. Dans la grande pièce d’exposition ou sur le parvis, pour fuir la chaleur, aficionados de BD et amis d’Hubert se sont rassemblés jeudi 1er septembre 2022.

« C’est avec beaucoup de fierté et d’honneur que j’aborde cette sortie », nous confie Gaëlle. « Évidemment, quand j’ai appris le décès d’Hubert, j’ai été dévasté, mais je n’ai jamais pensé à arrêter. Nous avions parlé et lancé ce projet ensemble et il fallait que je le finisse » Continue-t-elle. « Et puis, la plupart des proches grâce auxquels j’ai terminé le livre sont là ce soir et je l’ai aussi fait pour eux. »

Autour d’elle, auteurs, éditeurs et proches sont là pour elle, mais aussi pour Hubert. Plusieurs nous avouent que son départ a été une lourde épreuve mais que ce groupe s’est resserré jusqu’à devenir une sorte de famille.

Gaëlle Hersent entourée par Vincent Mallié, dessinateur de Ténébreuse, autre scénario d’Hubert qui sort le 2 septembre 2022 (à gauche) et de Ludovic Monnier, galeriste chez Achetez de l’Art (à droite.)
Photo : Kelian Nguyen

Ce deuxième volume ne devait pas, au départ, mettre un terme à l’univers : « "Le Boiseleur" est une série sur le métier d’artiste et sur l’art en général. Le premier tome est sur l’inspiration et la création, le deuxième sur l’apprentissage et le troisième devait traiter des personnes qui font vivre les artistes : les collectionneurs et les experts. Hubert à mis beaucoup de lui dans ce tome, Illian vit beaucoup d’étapes qu’a vécues Hubert durant sa carrière, surtout quand il étudiait aux Beaux-Arts d’Angers. Même l’attraction des statues lui vient d’une anecdote de l’un de ses professeurs de sculpture. Ce professeur disait avoir ressenti exactement ce qui se passe dans l’album avec une sculpture de Giacometti. Je pense que beaucoup de créateurs et d’artistes se retrouveront dans ce tome, puisque c’est comme ça que le scénario m’a parlé aussi. »

Beaucoup moins onirique que le premier, ce second volume change complètement de registre. Fini Solidor, la sculpture sur bois, les petits oiseaux et surtout fini Flora, Illian part avec son nouveau maître Tullio pour Bélizonde, la ville des artistes. « Hubert avait rêvé d’aller visiter Florence, alors j’y suis allé pour m’en imprégner, pour construire l’architecture et les décors. Mais je n’ai pas copié la capitale toscane, je m’en suis inspiré et j’ai composé avec les notes qu’avait laissées Hubert. » Nous explique Gaëlle en plongeant avec nous dans la profondeur des cases exposées.

© Gaëlle Hersent / Soleil

C’est dans cette Florence idéalisé qu’Illian débute son apprentissage dans l’atelier de Tullio et de Zenia. Ils lui enseignent la sculpture sur pierre dans l’espoir de lui confier une lourde tâche : Illian va défendre son atelier dans un duel dont le perdant verra ses portes se fermer à jamais.

Pour remporter le duel, un apprenti de chaque atelier s’affronte dans une épreuve unique. « Le sujet de la sculpture finale fait complètement écho à ce que j’ai ressenti pendant l’élaboration du tome. Hubert l’avait écrit comme ça et, c’était pour moi la plus grosse épreuve de l’album. D’abord, il fallait que je retransmette mes émotions sans en être submergé. Ensuite, il fallait représenter quelque chose en 3D dans un dessin à plat. Il ne fallait pas trop dévoiler la sculpture pour laisser les lecteurs avec leur imaginaire et leurs constructions mentales. Mais surtout, il fallait retransmettre les émotions vécues par les personnages. Ce passage à été rude mais je pense m’en être bien sortie et j’en suis fière. » Affirme avec aplomb la dessinatrice.

Et de l’émotion cet album n’en manque pas, il est difficile de ne pas avoir une pensée pour son scénariste pendant la lecture, mais, comme à l’accoutumée, Hubert nous gratifie d’une poésie inégalable. L’affection mutuelle entre Flora et Illian et l’affection entre Illian et ses maîtres sous-tendent tout l’album. L’amour est aussi bien présent : un amour pour l’art, un amour pour le métier d’artiste…

© Gaëlle Hersent / Soleil

Les planches et la mise en scène de Gaëlle Hersent impressionnent et son passé au sein de studios d’animation se fait ressentir, on apprécie. Le seul petit regret que l’on pourrait avoir, en voyant l’illustration peinte exposée à la galerie, serait que les Editions Delcourt aient donné plus de temps à l’artiste pour la réalisation des planches. Et ainsi éviter la couleur numérique, pour laisser se déployer la couleur directe. Réflexion partagée par plusieurs paires d’yeux présents au vernissage.

Bien que du mouvement soit en cours au sein de la collection Métamorphose (les deux éditrices quittent les éditions Soleil), la réalisation de l’objet reste irréprochable. Comme pour le premier volume, la couverture est radornée de dorure et de relief.

© Gaëlle Hersent / Soleil

Initialement prévu, le troisième tome ne verra donc pas le jour et c’est la dessinatrice qui l’affirme : « On a écrit et dessiné un épilogue avec les souvenirs des discussions que nous avions eus avec Hubert sur ce qu’aurait dû être le troisième volume. Il nous fallait tout de même conclure quelques arcs narratifs et surtout celui entre Illian et Flora. J’avoue que je n’ai pas pensé à la possibilité que quelqu’un veuille reprendre la série. Moi, en tout cas je ne le ferais pas et honnêtement, je pense que personne ne voudra le faire et c’est mieux comme ça. »

Le fait est que Le Boiseleur est indéniablement l’album marquant de la rentrée 2022 chez Soleil. Seul un pincement au cœur tempère notre plaisir.

Voir en ligne : Le site de la vente sur Achetez de l’Art

(par Kelian NGUYEN)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782302098480

Le Boiseleur par Hubert et Gaëlle Hersent - Ed. Soleil - Collection Métamorphoses

Expo-vente jusqu’au 17 septembre à la galerie Achetez de l’Art, 24 rue de Lappe, 75011 Paris.

Propos recueillis par Kelian Nguyen
Photos & vidéos : Kelian Nguyen

Le Boiseleur Soleil ✍ Hubert ✏️ Gaelle Hersent tout public Art Aventure France Événement
 
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