Une superhéroïne se servant de sa cyprine acide pour punir les agresseurs : un pitch qui vous paraît surréaliste ? Et bien, dans Super Cyprine, c’est possible.
Au début de sa vie sexuelle, Cyp’, lycéenne de province, explore sa sexualité mais découvre que ses sécrétions vaginales sont acides au point de brûler ceux qui entrent en contact avec elle. Des rumeurs commencent à apparaître, elle décide alors de tenter sa chance à Paris. Cyp’ atterrit dans un cabaret queer et commence à travailler comme serveuse en échange d’un logement. Elle rencontre des personnalités passionnantes mais est aussi confronté à la misogynie de certains. Cyp’ décide alors d’utiliser son talent acide afin de punir ceux qui ne la respectent pas. En parallèle, elle apprend à contrôler son jet de cyprine et monte un numéro pour le cabaret dans lequel elle détruit des objets à distance. Et surprise : c’est un succès !
Financé par une campagne Ulule, l’album porte un propos féministe et radical, loin du discours mainstream qui pullule dans les médias. L’autrice célèbre une capacité physique exclusivement féminine : la cyprine. Un mot (et un liquide) encore tabou, dont on entend beaucoup moins parler que le sperme, liquide merveilleux aux multiples propriétés (soi-disant...). En effet, entre le sang des règles et la cyprine, rares sont les bandes dessinées, mais aussi toutes les œuvres en général, à représenter ces sécrétions pourtant familières pour la moitié de la planète.
L’autrice détourne la figure viriliste du superhéros classique et fait le choix osé de nommer son héroïne Cyprine, mais en plus d’afficher ce titre sur la bande dessinée éponyme. Tess Kinsky s’inscrit dans la subversion et invite les femmes à se réapproprier leur corps. En outre, c’est ce liquide, honteux et souvent camouflé, qui devient une arme et un moyen de subsistance puisque notre héroïne crée un numéro à partir de sa faculté spéciale.
Plein d’humour, ce récit absurde et ironique ne se prend pas au sérieux mais porte néanmoins un message fort contre les violences patriarcales, la masculinité toxique, la misogynie et le sexisme. Bien que le propos se veuille radical, la narration et le dessin sont, eux, très accessibles.
(par Thelma SUSBIELLE)
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Super Cyprine - Tess Kinski - Massot éditions - 144 pages - 19,50 euros
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