Toujours en formes, Miss 130 reprend aussi des couleurs

Un trou de mémoire par rapport à cette série mythique ? Heureusement, l’introduction signée par l’éditeur Nicolas Cartelet vous rappelle les hauts faits de cette héroïne, et surtout de son mangaka qui vint le premier s’imposer sur le marché européen. En effet, Glénat a beau évoquer son voyage au Japon à l’origine de l’arrivée d’Akira, premier grand succès japonais sur le marché français, il n’était ni le seul, ni le premier !

Le mangaka Susumu Tsutsumi, c’est son vrai nom, signe différents types de récits dans les années 1980, dont des Hentaï sous le pseudo de Tomo Chiyoji. C’est en 1985 que l’éditeur barcelonais Josep Maria Berenguer, fondateur de la maison d’édition La Cupula, découvre ses récits et décide de le traduire pour l’Europe, ce qui en fait l’un des premiers auteurs de Hentaï arrivés chez nous.

En 1991, Berenguer lance le magazine érotique Kiss Kiss Comix traduit en français sous le nom de La Poudre aux rêves. Après avoir traduit les histoires de Tomo Chiyoji, Berenguer innove en lui demandant de produire directement pour le marché espagnol et européen, ce que le mangaka accepte ! Sans passer par un éditeur japonais, l’auteur se met au travail et réalise ses pages directement dans le sens de lecture occidental, mettant en scène sa plantureuse héroïne.

Dans de courts récits de 16 pages produits donc exclusivement pour la presse espagnole et européenne, Tomo Chiyoji se permet volontairement des écarts avec les codes du Hentaï : la sexualité est explicite, que cela soit dans la présentation des organes génitaux ou même des poils (interdit spécifique au Japon), quitte à en faire parfois des histoires spécialement dédiées. La sudation des personnages, par exemple, est exagérée, dans des rapports intenses, où les personnages laissent libre cours à leurs instincts les plus sauvages.

Dynamite avait déjà publié un recueil de près de 300 pages en noir et blanc de ces récits en 2015. Qu’est-ce qui diffère dans cette nouvelle édition ? Outre une pagonation abondante : 700 pages noires et blanches réalisées par le mangaka, s’y ajoutent 300 pages en couleurs, dont 10 histoires sont ainsi rassemblées dans cet ouvrage.

Qu’est-ce qui on y retrouve ? Des récits qui donnent une image décalée de la société tokyoïte, surtout avec notre héroïne plurielle Reiko. En effet, le mangaka joue avec son personnage : elle change de couleur de cheveux, elle est parfois mariée, parfois veuve, parfois célibataire ou elle peut céder sa place à un autre personnage le temps d’une histoire. Mais ce qui demeure est toujours cet aspect sauvage qui caractérise les rapports présentés, sans oublier l’opulente poitrine de l’héroïne.

« Miss 130 est un archétype de la femme au foyer japonaise, explique l’éditeur Nicolas Cartelet. En réalité, toutes les héroïnes sont la même femme et des femmes différentes à la fois. La plupart du temps Chiyoji les appelle Reiko. On peut considérer que dans chaque histoire, on découvre une femme différente qui répond cependant aux mêmes fantasmes du lecteur. Et les différentes couleurs de cheveux vont dans le même sens, des femmes différentes et une seule femme à la fois. »

En fin d’ouvrage, on retrouve une dizaine d’illustrations pleine-pages, dont une partie ont servi à des éditions espagnoles de Miss 130 dans les années 2000, chez la maison d’édition La Cupula. De plus, comme c’est le cas depuis le début de l’année, cet ouvrage reprend deux nouvelles cartes du fameux jeu lancé par Dynamite-Seikô. Et comme nous vous l’annoncions récemment, les lecteurs qui commandent directement l’album de Miss 130 sur le site de l’éditeur, peuvent gagner une carte secrète en mentionnant un code : avis à tous les fans, vous n’avez que jusqu’au 10 mai pour en bénéficier !

Au final, c’est donc une excellente surprise de retrouver ce nouveau recueil d’histoires en couleurs. Rajoutons que ceux qui désirent prolonger ces retrouvailles peuvent régulièrement retrouver des planches originales de Miss 130 en vente sur le site de ventes au enchères Catawiki !

Propos recueillis par Charles-Louis Detournay.