Belgique : la bande dessinée s’invite dans les élections européennes du 9 juin

Tout cela n’est pas nouveau. La politique et la BD font depuis longtemps bon ménage, en Belgique aussi. Et voici qu’en 2024, c’est un parti politique qui utilise le médium pour interpeller directement les électeurs.

Ces ouvrages retraçaient le plus souvent le parcours d’une femme ou d’un homme politique ou encore des propos généraux sur les élections. Il est plus inhabituel que ce genre d’exercice précède un scrutin... Eh bien, les Belges l’ont fait !

Car certes, le 9 juin prochain, il y a l’échéance des élections européennes, mais en Belgique, le même jour, se tiennent à la fois le scrutin national et celui des parlements régionaux, suivis quelques mois plus tard par les communales. De quoi rebattre complètement les cartes politiques du pays : l’enjeu est de taille !

Aussi, le parti écologiste francophone belge, et plus précisément Baptiste Erkes, ancien responsable de la communication numérique du parti a-t-il décidé de prendre l’initiative, et puisque les Belges aiment la BD, on va leur en offrir une ! Rien de neuf non plus pour les Verts dont on connaît le Prix Tournesol remis chaque année lors du Festival d’Angoulême, ni pour les Verts belges dont le co-président de l’époque, Jean-Michel Javaux, nous avait déjà avoué en lire quotidiennement, affirmant que « la bande dessinée est salutaire pour [s]a santé mentale ! ».

Chapeauté par Thierry Tinlot, ex-rédacteur en chef de Journal de Spirou et de Fluide Glacial, ce nouveau magazine éphémère disposera de trois numéros spéciaux, consacrés respectivement au climat, aux jeunes et au féminisme. Comment se sont-ils coordonnés pour les réaliser ?

« Baptiste Erkes a géré tout ce qui touchait le parti : contact avec les membres, quelles idées mettre en avant dans les magazines, comment les aborder, sous quels angles, etc., nous confie Thierry Tinlot. Pour ma part, je me suis focalisé sur la concrétisation en bande dessinée : le casting des auteurs, la communication avec eux, la gestion des délais, les budgets, le planning, la maquette, etc. Bref, chacun a donné le meilleur de lui-même pour optimiser le résultat final. »

Le point fort du magazine est son concept imaginé par Tinlot : un format A4 qui se déplie en A3 pour livrer une première rencontre avec un/une ou plusieurs élu(e)s du parti. On déplie encore le magazine pour avoir un A2 composé de deux grandes planches A3. Et enfin, on déplie une dernière fois le journal pour découvrir une affiche ou un jeu en A1 en lien avec le thème du numéro.

Excepté la grande image centrale, le contenu des magazines se partage globalement en deux parties : d’un côté, les reportages liés à une rencontre avec les élus ou des militants du parti, souvent des personnalités connues du public belge ; de l’autre, une vision plus personnelle de l’auteur qui livre son point de vue concernant la thématique. Avec un style plus orienté vers le roman graphique, l’objectif est d’intéresser la lectrice et le lecteur en l’amenant à réfléchir sur des questions brûlantes de l’actualité écologique, pour voir s’il ou elle adhère ou pas aux propositions du parti pour ces élections.

Si les idées véhiculées par Le Pli restent naturellement liées à la doxa de son commanditaire, on peut néanmoins se féliciter de voir la bande dessinée utilisée pour communiquer et faire réfléchir sur ces sujets fondamentaux, dans la foulée d’une bande dessinée documentaire avec, en tête de gondole le succès barnumesque du Monde sans fin. D’autres partis, en France comme en Belgique prendront-ils le pli ?