Pourquoi avoir lancé une série dérivée de Pin-Up ?
Poison Ivy est née suite à un souhait de Berthet. Pin-Up n’a jamais été une série à part entière. C’était plutôt une succession de cycles, entre lesquels Philippe reprenait sa liberté pour réaliser des one-shot avec d’autres scénaristes. Nous avions fait ensemble, Captain America, un comics pour les États-Unis. Après, ils avaient proposé à Philippe de créer un super-héros pour eux. C’était une offre excitante, mais nous ne voulions pas travailler de la sorte pour les Américains : nous aurions étés obligés de leur céder la majorité des droits d’exploitation des personnages. Mais l’idée était bonne : pourquoi ne pas créer un super-héros à l’européenne, sans collant ni cape, sans super-pouvoir idiot ? Nous sommes partis du personnage de Poison Ivy qui apparaissait dans les strips de propagande de la série…
Je me suis beaucoup inspiré d’une série d’ Al Capp [1], qui met en scène des Américains dégénérés dans des bayous.
Pourquoi ce petit côté « déjanté » ?
C’est une démarche logique : il fallait que nous accentuons les situations humoristiques pour contrebalancer le dessin réaliste de Berthet.
Vous avez signé le premier tome du « Sang des Porphyre », sous le nom de Balac. Pourquoi utiliser ce pseudonyme, vingt ans après « Plus ne m’est Rien », le premier tome de Sambre ?
Tout simplement parce qu’il s’agissait d’une série sans la moindre once d’humour, d’ironie ou de troisième degré. Bref tout le contraire de ce que je fais sous mon nom de plume habituel. Le Sang des Porphyre sera bouclé en quatre albums.
Qu’en est-il de Narvalo ?
J’ai terminé le deuxième tome. Celui-ci bouclera l’histoire sous la forme d’un album élargi. J’ai appris à me méfier des trilogies où le deuxième manque de rebondissement. J’ai de plus en plus envie, pour ce type de récit, d’aller vers des diptyques. Le premier album lance l’histoire, et le second la conclut. Deux albums totalisent 88 pages. Les auteurs peuvent s’épanouir dans ce format tout en y incorporant des rebondissements…
Quand sortira le « Tombeau des Champignac », le one-shot de Spirou & Fantasio que vous écrivez en compagnie de Fabrice Tarrin ?
Fabrice Tarrin [2] encre une demi-page par jour et en a déjà réalisé plus d’une trentaine. Il a terminé l’entièreté du crayonné de l’album. Celui-ci sortira en novembre. Je suis heureux d’avoir fait cette histoire en sa compagnie. Cela marque, en quelque sorte, l’aboutissement d’une vieille aventure.
La direction éditoriale de Dupuis nous avait proposé, à Conrad et à moi-même, de reprendre Spirou avant Tome & Janry. Mais le contrat spécifiait que nous ne pouvions pas réaliser d’autres séries à côté. C’était plutôt difficile, pour des jeunes auteurs, de se plier à cette exigence. J’ai également eu un projet avec Chaland.
Je réalise aujourd’hui Le Tombeau de Champignac avec Tarrin et une autre aventure de Spirou & Fantasio avec Olivier Schwartz [3]. Cette dernière histoire sera très bruxelloise : Spirou est groom au Moustic Hôtel, alors que celui-ci se voit réquisitionné par la Gestapo pendant la Seconde Guerre mondiale. Notre groom devient donc collaborateur, et le rouge de son uniforme laisse la place au gris. Bien évidement, il cache son jeu, et travaille pour la résistance …
Tarrin a-t-il participé à l’écriture du « Tombeau de Champignac » ?
Oui. Il m’avait demandé un synopsis très complet. Il souhaitait garder la liberté de réaliser lui-même le découpage. Nous sommes en bonne osmose, et je suis très fier de son travail. Par contre, je travaille de manière traditionnelle avec Schwartz, du synopsis au découpage.
(par Nicolas Anspach)
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Lire une autre interview de Yann, réalisée en février 2006.
photo : (c) Nicolas Anspach
[1] Auteur américain, créateur du célèbre comic-strip Li’l Abner.
[3] Pour en savoir plus sur cet auteur, lire son excellente interview chez notre confrère Klare Lijn International.
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