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13-Novembre : reportages et dessins pour mémoire

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 13 novembre 2022                      Lien  
Le 13 novembre 2015, au Stade de France, au Bataclan et dans Paris, la France vécut l’un des plus horribles épisodes terroristes de son histoire, réplique de celui qui avait frappé quelques mois plus tôt la rédaction de « Charlie hebdo ». Sept ans plus tard, après une instruction et un travail de police minutieux, un procès est venu soumettre au fléau de la justice les responsables de ces actes atroces, du moins ceux qui n’avaient pas choisi le suicide. Pour nous tous, ce fut un moment d’explication, de compréhension, mais surtout de prise en compte des paroles des victimes. Trois publications viennent illustrer la chronique de ce procès hors normes qui eut lieu pendant neuf mois.
13-Novembre : reportages et dessins pour mémoire

Gigantesque : 149 audiences, 1800 parties civiles convoquées, 330 avocats, 141 médias, 540 tomes de dossier d’instruction dont 750 pages pour la seule ordonnance de renvoi, l’adjectif n’est pas usurpé.

Sylvie Caster, autrice d’un ouvrage intitulé «  13 Novembre – Chroniques d’un procès » (Les Echappés), rédactrice de Charlie Hebdo des origines, celui de Cavanna, de Choron, de Cabu, de Wolinski… constate le changement de rapport du brûlot anticlérical de la rue des Trois Portes avec la justice. Naguère, il s’agissait d’une confrontation entre un énergumène -le « Professeur Choron »- et une magistrate, la juge Madame Rozès, sorte de Simone Veil en tailleur Chanel, qui disait le droit. Aujourd’hui, c’est un « barnum » qui accueille une assemblée de plaignants soumis à des normes de sécurité drastiques dans des locaux spécialement aménagés. 132 personnes perdant la vie, des centaines de blessés, venaient demander justice. En face, dit Caster, «  beaucoup d’accusés se sont tus. » Forcément, un silence de mort...

Alors allez illustrer cela ! Il faut tout le talent d’une Noëlle Herrenschmidt qui a déjà couvert de dessins les procès Barbie, Touvier ou Papon, pour rendre en quelques traits et touches d’aquarelles (aidée par le magistrat Antoine Garapon et le rescapé du Bataclan Arthur Dénouveaux) un portrait, une attitude, un regard…

Pourquoi d’ailleurs n’y a-t-il pas de photographes dans ces procès ? Parce que la loi n° 54-1218, dite loi du 6 décembre 1954, interdit de photographier et de filmer les débats judiciaires. C’est le résultat d’un constat : celui que l’accusé pouvait utiliser cet auditoire pour insulter ou remettre en cause la justice et jouer de ce spectacle, comme cela avait été le cas dans le procès de Marguerite Steinheil en 1909. Le dessin permet de la distance, d’atténuer les incidents d’audience, et d’éviter l’exhibition d’habits tachés de sang et autres éléments horribles. Chez Noëlle Herrenschmidt, on a tout le sel d’un dessin pris dans le vif, des portraits surtout, oh pas des portraits-charges !, mais des instants respectueux, parfois ponctués d’une « petite phrase » qui en dit long. C’est en tout cas un ressenti qui profite de la longue expérience de ces procès-fleuves, des instantanés de procès qui illustrent la fragilité du moment.

L’exercice est plus choral dans le Hors-Série de Charlie Hebdo qui mêle articles (Sylvie Caster, Lorraine Redaux et Xavier Thomann) et dessins (Emmanuel Prost, Corentin Rouge et Benoît Springer) pour rendre compte des nombreux visages qui ont vécut cette tragédie. Ces ouvrages ne se referment pas sur un mauvais épisode de notre histoire : ils évitent le silence de l’oubli et surtout les ravages d’un insidieux révisionnisme qui viendrait nier ou amoindrir la responsabilité des assassins et de leurs complices.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782357661936

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