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Biomega Deluxe T. 1 - par Tsutomu Nihei - Éd. Glénat

Par Jaime Bonkowski de Passos le 9 mai 2023                      Lien  
Exploration spatiale, épidémie mortelle, course contre la montre et bolides de métal rugissant... La grande entreprise de réédition de Tsutomu Nihei par Glénat passe par l'inévitable et formidable "Biomega", jalon de l'œuvre de l'auteur qui, à l'époque de sa première parution, continuait d'affûter les qualités qui ont fait sa légende. A-t-on besoin de dire que c'est un must-have... ?

An 3005. L’humanité se lance à la conquête de Mars, mais l’opération tourne mal et au retour de l’équipe sur Terre, leur appareil s’abîme en mer. Flottant dans l’atmosphère, un cadavre est retrouvé atteint d’un mystérieux virus. La suite est aussi prévisible qu’inévitable...

La lutte contre l’épidémie provoquée par le virus devient la préoccupation première de l’humanité. Villes entières sous confinement, corporations créées spécifiquement pour lutter contre la maladie... Dans ce nouveau monde, Zoichi Kanoe est chargé de trouver à tout prix les rares humains immunisés contre la maladie. Mais il est très loin d’être le seul à leur recherche...

Biomega Deluxe T. 1 - par Tsutomu Nihei - Éd. Glénat
© Tsutomu Nihei / Kodansha Ltd.

Un air de déjà vu
Too soon pour se replonger dans des histoires de virus mondial et d’épidémie meurtrière ? Aucun doute que Nihei a fait montre de quelques compétences de divination lorsqu’il a imaginé Biomega, initialement publié entre 2004 et 2009. On y retrouve les obsessions incontournables de l’auteur : le chaos et la ruine, des héros bien trop minus qui affrontent des adversaires (créatures, androïdes, corporation) aux proportions insondables, et cette fascination pour la machine, constante dans l’oeuvre de l’auteur.

Un manga cyberpunk dont le héros arpente le monde juché sur sa moto : la proximité avec Akira est évidente, au moins sur l’aspect visuel. Plusieurs séquences et images fleurent bon l’hommage assumé, notamment la fameuse "akira pose", nom donné à l’image la plus culte du film et souvent reprise dans la pop-culture.

© Tsutomu Nihei / Kodansha Ltd.

Aux références visuelles et contextuelles s’ajoute une ambiance assez similaire entre les deux oeuvres. Dans un chaos assourdissant et violent, une mélancolie, une résignation et en même temps un héros porté par une rage de vivre et de se battre propose une lecture de Biomega comme d’une réécriture d’Akira. Nihei y ajoute ses propres marrotes et son univers, et nous délecte surtout d’une avalanche de plans iconiques, qui soulignent la puissance des affrontements et la badassitude des personnages.

Son rythme est plus posé et régulier que d’habitude : les planches ont (presque) systématiquement quatre cases, pas une de plus ni de moins, disposées de manière à imiter un découpage très cinématique à l’américaine, riche de plans moyens et rapprochés.

Contrairement à Abara ou Blame ! dans lesquels l’auteur fait la part belle aux plans très larges et aux panoramas écrasants, Nihei s’essaie dans Biomega à une narration plus proche de ses personnages, et également moins métaphysique et plus directe. Les enjeux sont bien plus clairs, les personnages plus facilement reconnaissables dans leurs archétypes : le résultat en est d’autant plus accessible pour les néophytes de Nihei, qui pourraient être rebutés par ses œuvres un peu plus conceptuelles.

Niveau dessin par contre rien, ne change : une esthétique brutaliste, des traits arrachés et violents, une virtuosité dans la gestion de la lumière, d’autant plus exceptionnelle que Nihei n’utilise que du noir sans la moindre nuance... Ses chara-design sont très similaires à ceux de Blame !, autant pour le style du héros que des antagonistes androïdes aux visages plats et blancs assez angoissants.

Il innove par contre en imaginant un personnage animal avec Kozlov l’ours, incursion rare (unique ?) du monde animal dans l’univers de Nihei, pour un petit côté Tekken des plus appréciables.

© Tsutomu Nihei / Kodansha Ltd.

Puissant, magnifique, entraînant dès les premières cases : Biomega est une énième itération du génie de Tsutomu Nihei, qui décidemment prouve qu’avec la bonne recette, il n’est pas nécessaire de révolutionner son style pour proposer banger sur banger. Biomega a ceci en plus d’être sans doute l’œuvre la plus abordable de l’artiste pour les non-initiés à son esthétique, de par sa dimension plus "directe" et moins ambiguë dans sa narration.

Publiée en six tomes normaux à la base, la réédition Perfect de Glénat nous proposera la série complète en trois grands tomes, bel effort pour apprécier à moindre coût et en grand format un nouvel incontournable de leur catalogue.

(par Jaime Bonkowski de Passos)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782344055199

Biomega Deluxe T. 1 - par Tsutomu Nihei - Glénat - 438 pages - 14€95.

Glénat Manga ✏️ Tsutomu Nihei à partir de 13 ans Science-fiction Action Arts martiaux, Combats
 
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