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Hitman Vol. 1 - Par Garth Ennis & John McCrea - Ed. Urban Comics

Par Marc Vandermeer le 15 novembre 2023                      Lien  
Dans la même veine que "Preacher", "Hellblazer" ou encore "The Boys", voici enfin "Hitman" de Garth Ennis, pour la première fois en version française. De quoi faire saliver les amateurs du genre "Hard Boiled" !

Il était attendu depuis des lustres ! Après Preacher et Hellblazer, voici également l’une des autres œuvres phares du catalogue de Garth Ennis, enfin publiée en langue française et prévue en quatre volumes chez Urban Comics pour la collection Urban Cult. Un récit rocambolesque aux multiples ramifications mêlant adroitement plusieurs genres (polar, fantastique, horreur) comme c’est généralement le cas pour les ouvrages d’Ennis, jonglant sur des tableaux variés mais visant surtout à miser sur des protagonistes envoûtants ou envoûtés.

Hitman se focalise sur les missions de Tommy Monaghan, vétéran de la guerre du Golfe reconverti en tueur à gages professionnel. Lors d’une de ses missions foireuses, celui-ci se retrouve à moitié mort sur un lit d’hôpital suite à sa rencontre avec un monstre parasite. Mais les forces ennemies extra-terrestres ne constituent qu’une partie du problème puisque les membres de la famille maffieuse Heavington Dubelz, jouent également leur rôle, estimant à tort que le responsable de la mort de leur patron n’est autre que Tommy Monaghan.

En se remettant de ses blessures, Tommy Monaghan se découvre peu à peu deux nouvelles capacités qui le démarqueront de sa précédente personnalité : la compétence de lire dans les pensées d’autrui et celle d’une vision à rayons X. Mais dorénavant, le voici lié au démon jaunâtre Etrigan, créé par Jack Kirby en 1970, une entité maléfique dont le but consiste à le tourmenter…

C’est en septembre 1993, qu’Hitman apparaît pour la 1ère fois dans Demon Annual 2, le crossover Bloodlines. Le leitmotiv repose sur des aliens parasites agressant des terriens pour les dévorer mais étonnamment, certains humains, à la suite de leurs morsures ont développé des super-pouvoirs. Nous baignons au cœur des années 90 où la mode était aux supers justiciers bodybuildés et aux faciès caricaturaux empreints d’un certain charisme. Et Hitman se démarque du lot autant sur l’envergure de la saga que pour sa durée, nettement plus longue, s’étalant entre 1996 à 2001.

Hitman Vol. 1 - Par Garth Ennis & John McCrea - Ed. Urban Comics
©John McCrea / Urban Comics

Lorsqu’on évoque des grands noms tels que Garth Ennis, Warren Ellis ou Mike Carey, on sait que ces derniers ont la particularité de pimenter leur récit de dialogues et de répliques cinglantes teintées d’humour noir. Une marque de fabrique qui leur sied à merveille déployant un récital de proses parfois poétiques, souvent à la limite du politiquement correct.

La force de Garth Ennis réside dans sa capacité à captiver d’entrée le lecteur, grâce notamment à une succession rapide de séquences-choc. Dans un registre Hard Boiled qui cogne sec, qui canarde à tout-va, ce sont les armes qui prennent la parole, rythmées par des dialogues percutants sans réels temps morts, si ce n’est lors de certains longs monologues, distillés par la pensée de Tommy Monaghan, en perpétuelle introspection quant à sa situation. Le scénariste brise les normes du code traditionnel du super-héros en les façonnant à sa sauce.

La partie graphique signée John McCrea, l’associé de longue date de Garth Ennis, ne plaira cependant pas à tout le monde. Des personnages bouffis aux traits déformés, un style déconcertant à l’ambiance crasseuse, morbide, déjantée, évoluant dans un registre purement vintage. On croirait que certains personnages en sont restés à leur phase de prototype : expressions de visages surjoués, regards hagards. En fonction du contexte décalé, cela peut plaire à certains lecteurs, mais indéniablement pas à tous.

©John McCrea / Urban Comics

Des ennemis et monstres aux allures tantôt terrifiantes, tantôt ridicules, en fonction de l’angle du découpage et du texte. Ici, personne n’est épargné, tout le monde en prend pour son grade. Même Batman qui fait office de personnage secondaire se voit malmené ainsi que d’autres super-héros sous l’emprise de la drogue. Vu l’ultra-violence omniprésente, les mœurs parfois légères, le vocabulaire ordurier, tout ce qui touche aux vices de près comme de loin, font de ce Hitman un ouvrage qui s’adresse à un public averti, et ce en dépit d’un humour au dixième degré.

La colorisation est d’une justesse irréprochable. Le trio d’artistes, à savoir Carla Feeny, Gene d’Angelo et Glen Murakami contribuent à donner du relief à cette œuvre au travers de nuances tantôt sombres, tantôt très lumineuses.

Cette brique de plus de 575 pages reprend les 20 premiers chapitres du héros Tommy Monaghan ainsi que son introduction sur Demon Annual 2. Un concentré d’adrénaline stéroidée qui plaira immanquablement aux afficionados de ce genre survolté. La suite est certainement déjà attendue au tournant.

(par Marc Vandermeer)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9791026826651

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