À la suite de la publication des mangas Après la pluie et Kowloon Generic Romance de Jun Mayuzuki, qui ont convaincu les lecteurs, Kana propose cette fois-ci un one-shot de l’autrice sous le titre Jun Mayuzuki Anthologie 2007-2017. Une édition avec une jaquette réversible qui offre d’un côté, un visuel regroupant toutes les héroïnes et de l’autre, la très belle illustration originale parue dans l’édition japonaise de ce volume.
Ce recueil de six histoires courtes réunit des œuvres de la mangaka dont sa première création Good Bye Daisy. Dans chacun de ces récits, le lecteur découvre une héroïne différente en proie à des questionnements divers comme la transidentité, la quête du bonheur, l’amour, la sexualité, le féminisme, la communication avec l’autre…
Dans plusieurs situations décrites, la femme mise au premier plan est confrontée à une relation malsaine avec un homme. Que ce soit le copain qui voit sa copine comme un objet pour satisfaire ses désirs ou celui qui impose à sa copine ses avis et ce qu’elle doit faire, les héroïnes ont du mal à reconnaitre leur valeur en tant que femme et être elle-même.
D’ailleurs, les protagonistes se retrouvent dans des situations complexes qui sortent des clichés habituels et qui brisent des tabous féminins. Par exemple, avec la question de la marginalisation au travers de l’histoire d’une personne transgenre et de sa relation avec un homme. Il y a également une critique des réseaux sociaux qui déforment l’image que l’on renvoie, un moyen pour l’héroïne en question de fuir son quotidien fade et surtout sa relation amoureuse défaussée. Mais aussi, le récit d’une femme qui a un complexe sexuel qui l’empêche d’avoir un orgasme. En somme, des adultes imparfaits en pleine remise en question qui cherchent à être heureux.
Contrairement à ses longues séries, le ton et le rythme de cet album sont plus directs avec leurs propos parfois crus. Le fait de réunir des œuvres de périodes distinctes donne l’occasion de voir l’évolution du trait de l’artiste japonaise, de sa narration et surtout de son découpage qui est l’une de ses grandes forces.
L’absence des date de publication et de la postface détaillée de Jun Mayuzuki (présente dans l’édition japonaise) retire un élément pertinent à la compréhension de ces pages pour en saisir le contexte. Le format, également, empêche un développement approfondi des thématiques proposées et des personnages. Le rythme est parfois rapide et ne permet pas forcément de bien entrer dans certaines des histoires ce qui en enlève l’impact. Ainsi, dans Good Bye Daisy, le scénario évolue trop vite et de nombreux évènements s’enchaînent sans laisser le temps de profiter de ce qui est raconté et des sentiments que traverse l’héroïne.
Les sujets abordés par la mangaka, comme la transidentité ou bien la sexualité féminine, sont certes rafraîchissants car rarement développés dans les mangas avec une telle acuité. En revanche, le traitement de certains personnages n’est pas assez poussé en raison de la brièveté du récit, ce qui est frustrant, surtout lorsque les situations sont atypiques et invitent réfléchir à de nombreux niveaux. Dommage.
(par Malgorzata Natanek)
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