La chambre des officiers - par Philippe Charlot et Alain Grand - Éditions Grand Angle/Bamboo

Alors que le conflit vient tout juste d’éclater, le lieutenant Adrien Fournier est grièvement blessé par un éclat d’obus, quelque part sur les bords de la Meuse. Profondément défiguré, le jeune homme est transféré vers l’hôpital militaire du Val de Grâce, rejoignant le groupe des soldats mutilés de la face. Loin des tranchées, Adrien va connaître en compagnie de ses compagnons d’infortune une longue période de reconstruction physique et psychologique. Pendant cinq ans, il va vivre au rythme des opérations destinées à lui refaire un visage humain. Ce temps sera aussi celui d’une histoire d’amitié avec ses camarades parmi lesquels un aviateur, un capitaine de cavalerie et une infirmière également atrocement blessée. Mais comment reprendre une vie normale après une telle parenthèse ? C’est ce long apprentissage qui va constituer le cœur de cette chronique du retour à la vie d’Adrien.

Un traitement pudique et retenu du traumatisme du blessé.

Dans le cadre d’un contrat passé avec l’éditeur JC Lattès, le label Grand Angle propose l’adaptation de grands succès littéraires. Après La malle aux souvenirs d’Olivia Ruiz réalisée par Véronique Grisseaux, Amélie Causse et Winoc, c’est au tour du best-seller de Marc Dugain d’être décliné sous forme d’album.

Philippe Charlot, scénariste prolixe, à qui l’on doit déjà plusieurs albums ( Le Train des orphelins, le Cimetière des innocents avec Xavier Fourquemin, le Royal fondement avec Eric Hubsch chez le même éditeur) ayant pour toile de fond des périodes historiques précises, a su respecter l’esprit et la lettre du texte original.

Un découpage cinématographique parfaitement maîtrisé.

Vendu à plus d’un million d’exemplaires et multi primé, le roman s’est taillé un beau succès, réactivé par son adaptation au cinéma par François Dupeyron en 2001.
Qu’apporte alors ce passage à la BD ? Rien de plus et ...rien de moins ! Tout en restant fidèle le plus possible au roman, Philippe Charlot propose une autre lecture ni complémentaire, ni réductrice. Le découpage suit la chronologie initiale, allant jusqu’à intégrer un déroulé en chapitre reprenant un extrait du texte de Marc Dugain en introduction. Cette incursion de l’écrivain, outre qu’elle rythme la narration, témoigne aussi d’une profonde relation à l’original. De ce point de vue le pari de l’adaptation se révèle réussi.

La mise en image effectuée par Alain Grand repose sur un graphisme réaliste et très documenté. Le traitement des blessures reste sobre et discret, évitant tout excès ou recherche d’effets sensationnels ou gore ! L’ensemble reste conforme à l’esprit initial du livre, en insistant sur une histoire d’amitié qui dépasse les effets néfastes de la mutilation des corps et des esprits provoqués par la boucherie de la première guerre mondiale.

Une page d’histoire écrite à la première personne mise en images avec force et retenue.