Quelques grands rendez-vous, devenus incontournables au fil des éditions, se sont tenus dans le Xe arrondissement parisien ce dernier week-end de septembre. La dédicroisière, le SuperLotoBula ou encore la planche pour l’apéro ont tous été couronnés d’un franc-succès. Cette dernière accueillait d’ailleurs un invité de marque cette année, tout droit débarqué des États-Unis d’Amérique, le Grand prix d’Angoulême 2021 : Chris Ware ! Le père de Jimmy Corrigan en a profité pour délivrer une masterclass à laquelle l’équipe d’ActuaBD a pu assister, retrouvez-en un extrait ici.
10 ans et une crise d’ado précoce, c’est ainsi que l’on pourrait présenter l’exposition Caprices dont le commissariat était assuré par Raphaël Barban et Thomas Bernard. Dix ans, dix artistes, dix planches, dix, dix dix… Mais comment sélectionner dix artistes ? Comment créer un fil conducteur, directeur entre leurs œuvres ? Florence Cestac, Nicole Claveloux, Jean-Claude Forest, Gébé et Daniel Goossens, pour « l’ancienne garde », Nine Antinco, Killofer, Lucas Méthé, Victor Walbrou et Chloé Wary pour la nouvelle. Leur point commun ? Ne jamais avoir été exposés par le Festival Formula Bula alors même que l’importance de leur œuvre y est régulièrement convoquée. Mais cela n’est bien évidemment pas suffisant à la construction d’une exposition cohérente (en plus d’être un poil bancal).
C’est dans les planches, et ouvrages dont elles sont tirées, que l’exposition construit sa propre histoire. Dessiner les différents âges de la vie et représenter le passage du temps pour l’humain, à travers dix artistes. Et là tout prend sens, depuis L’Encyclopédie des bébés de Daniel Goosens, au Papa, Maman, fiston de Lucas Méthé, en passant par l’adolescence du Saison des roses de Chloé Wary ou l’homme mûr futuriste du En Chair et en fer de Killofer, sans oublier la jeune adulte borderline du J’aime un économiste de Nicole Claveloux.
Toute une vie, disposée de façon chronologique, du quatre pattes aux trois pattes, en seulement dix artistes. C’est peut-être là la force de la bande dessinée. Permettre à son lecteur bien plus d’existences qu’un chat n’en a jamais rêvé, et tout ça depuis son canapé. Il fallait toutefois parvenir à s’en décoller pour se délecter des originaux présentés. Une superbe exposition, accrochée jusqu’au 16 octobre prochain, et qui vous est chaudement recommandée.
Poursuite de la balade dominicale, direction le village des éditeurs ! Nous aurions adoré vous offrir quelques images du déballage de l’exceptionnelle collection de Norbert Moutier, cet homme (auteur ?), dont l’œuvre est en cours d’exploration par Xavier Girard, et qui a réalisé pas moins de 1000 fascicules de BD dans sa jeunesse entre 1946 et 1960. Mais l’auteur de cet article étant une personne à l’organisation douteuse, les « déballages vivants » lui ont échappé. Nul doute toutefois que cette collection refera parler d’elle et que de nouvelles expositions à son sujet verront le jour. Restons attentifs.
Le village des éditeurs c’est un peu la caverne d’Ali Baba. Toute l’édition indépendante ou presque s’y donne rendez-vous dans une ambiance chaleureuse et conviviale. Des maisons iconiques comme L’Association ou Cornélius, en passant par les plus jeunes éditions Réalistes ou Flutistes, et jusqu’au fanzine, c’est l’occasion pour le badaud de compléter sa collection tout en découvrant les nouvelles plumes de la bande dessinée indépendante.
Alors oui, les porte-monnaie repartent bien légers et les cartes bleues carbonisées. Les vils éditeurs s’en sont encore mis plein les poches. Pour les plus petites bourses, les exemplaires défraîchis et impropres à la vente sont également disponibles, soldés sur de nombreux stands. Une fois tout ce beau monde contenté, nous n’avions plus qu’à nous en retourner des étoiles plein les yeux, direction nos fabuleux canapés voyageurs spatio-temporels pour se plonger dans nos dernières trouvailles. Quel régal !
Si la dixième bougie de Formula Bula était assurément l’un des événements culturels de cette rentrée à ne manquer sous aucun prétexte, nul doute que nous nous en irons souffler la onzième avec joie, l’année prochaine, un dimanche de septembre.
(par Thomas FIGUERES)
(par Alexandre Delaitre)
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