Dans la banlieue de Marseille, Leyli Maal fait le ménage dans des hôtels pour subvenir aux besoins des trois enfants qu’elle élève seule. Issue de l’immigration la jeune femme cache un lourd secret. De son départ de Bamako au petit appartement de Port-de-Bouc, elle a connu tous les déboires du parcours d’une petite émigrée, d’abord frappée de cécité, exploitée par des passeurs peu recommandables, puis prostituée. Des activités minables et humiliantes semblables à de l’esclavage qui n’empêchent pas Leyli de se battre aussi pour ses enfants.
Tandis qu’elle décrit les péripéties de son périple, commence une investigation sur une série de meurtres étranges. Une jeune africaine est découverte dénudée et saignée à blanc dans une chambre d’hôtel, après qu’elle ait séduit le responsable d’une association d’aide aux réfugiés. Les deux policiers chargés de l’enquête, Peter Volka et son jeune adjoint Julo Flores ne vont pas tarder à croiser Leyli et ses enfants Bamby, Alpha et Tidiane.
Quel lien y a-t-il entre la mystérieuse meurtrière noire masquée et les difficultés quotidiennes de Leyli ? Les chapitres flashbacks de l’épopée de cette femme et la progression de l’enquête alternent avec les faits qui font intervenir de nombreux personnages secondaires dont le rôle devient plus important au fil de la narration. L’actualité s’introduit bien évidemment dans la structure d’un récit à la fois crédible, réaliste et au final assez bouleversant.
Déclinée sur quatre jours et trois nuits, l’adaptation du roman de Michel Bussi par Joël Alessandra se plaît à brouiller les pistes tout en distillant suffisamment d’indices dans la recomposition du parcours des uns et des autres. Ce procédé, plutôt original, contribue à donner l’impression d’un suspense à tiroirs, une histoire humaniste où l’immigration et le déracinement suscitent l’émotion et l’attention au fil de ces 130 pages. Le traitement graphique de Joël Alessandra restitue avec efficacité aussi bien les lumières méditerranéennes que celles du désert grâce à un trait précis et soutenu par des ambiances colorées d’une redoutable efficacité.
Ce one-shot fort bien mené associe une mise en page sous forme de gaufrier classique avec de courts passages traités à l’aquarelle et une mise en couleurs séduisante.
(par Patrice Gentilhomme)
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