Intégrales et beaux-livres à mettre sous le sapin : le Noël "sexplosif" de Dynamite

Nous vous avions déjà présenté il y a trois ans, l’anthologie de la fellation quand l’éditeur spécialisé dans la littérature érotique La Musardine avait transposé son concept à la bande dessinée sous son label Dynamite. Ainsi, les très littéraires Miller, Maupassant, Deforges, Apollinaire, Arsan et autres cédaient la place aux grands imagiers qu’étaient Pichard, Crepax, Bruce Morgan, Serpieri, Coq, Varenne, Von Götha...

L’éditeur Nicolas Cartelet introduisait cette publication de 220 pages avec une introduction assez consistante, dont le titre évocateur donnait déjà le ton : Autopsie d’une pratique universelle (et mal-aimée). Ce dossier de 15 pages illustrées par de grands auteurs (Forest, Moebius, Serpieri, Crepax) analysait la représentation de la fellation à travers les âges et les civilisations, avant de d’aboutir au sujet de sa mise en images en bandes dessinées.

La couverture ne change pas

Le plat de consistance de cette anthologie résidait évidemment dans la sélection anthologique opérée par l’éditeur. Premier intérêt de l’ouvrage, son contenu ne se contentait pas nécessairement d’une seule planche de l’ouvrage considéré, mais souvent une séquence complète pouvant aller jusqu’à sept planches, comme dans la première scène de Twenty par Von Götha.

Cartelet ne limitait donc pas son traitement de ce sujet sensible et goulûment graphique à l’acte lui-même, mais s’employait à contextualiser l’approche, le jeu sexuel, commentant sa présentation par chacun des auteurs. On découvrait alors toutes les variétés de la pratique et les variations du plaisir, du franchissement de l’interdit, à l’abandon à l’autre ou dans celui de dompter sa jouissance.

L’autre intérêt de l’anthologie était la découverte d’auteurs encore inconnus : entre les séquences des notoires Paul Gillon, Giovanna Casotto, G. Lévis, Ardem et autres grands noms précités, on découvrait quelques extraits d’albums plus récents, dpnt les auteurs n’avaient pas (encore) atteint la même renommée mais aux qualités comparables.

Extrait des "Parallèles" par Nill, qui vient d’intégrer l’anthologie

Ce travail encyclopédique ne s’arrêta pas là. Il se poursuivait l’année dernière avec Les Plus Belles Filles de la bande dessinée érotique.

Et pour cette année, comme la première édition de L’Anthologie de la fellation en BD était épuisée, l’éditeur a décidé de non seulement la rééditer, mais aussi de la compléter d’une trentaine de pages complémentaires. Ainsi, sont venues se rajouter aux Manara, Varenne, Serpieri et autres, des extraits de quelques nouveautés publiées entretemps comme Le Pilier du ciel, Les Immorales, Parallèles, Symposium sans oublier notre coup de cœur Sixella. On retrouve également quelques autres extraits parfois plus anciens, comme ceux de Pornostar ou de Viviana, qui n’avaient sans doute pas pu intégrer la première sélection, faute de place.

« Nous avons complété l’anthologie de la fellation, nous confirme Nicolas Cartelet, Car après le succès de la première édition, nous nous sommes sentis plus libres de rajouter ce cahier de 32 pages et six nouveaux extraits. Ce sont des livres très coûteux à faire (en droits et en coût d’impression) donc nous nous étions limités à 224 pages au départ, et cela m’avait frustré, beaucoup de choses avaient dû être mises de côté. Dans cette nouvelle édition, je me venge (un peu) de cette frustration. »

L’extrait de "Sixella" par Janevsky, qui trouve une place toute légitime dans cette sélection

Giovanna Casotto se dévoile

Le second beau livre présenté par Dynamite pour cette fin d’année est une remarquable sélection des Pin-up de Giovanna Casotto. Les amateurs de bande dessinée érotique connaissent certainement la plus célèbre des autrices du genre, qui propulsa la collection Selen au firmament de la bande dessinée érotique dans les années 1990.

Extrait de l’introduction

Comme l’explique Bernard Joubert dans l’introduction de cet ouvrage qui compte plus de deux cinquante pages, la collection Selen présente... publiée par Vents d’ouest s’est interrompue en 2003, même si cela faisait plus d’un an que Giovanna Casotto avait cessé sa collaboration avec l’éditeur italien.

Par conséquent, pour la France, ses travaux passèrent dès 2006 dans le catalogue de La Musardine (Dynamite), sous le titre de Giovanna, puis sous celui de Giovannissima à partir de 2013. Pourquoi ces variations autour du prénom de l’autrice ? Car celle-ci se met d’une certaine façon en scène dans ses courts récits érotiques. Casotto travaille surtout sur base de clichés photographiques pour dessiner ses personnages, et elle utilise des photos d’elle pour l’héroïne qu’elle met le plus en scène. De quoi donner une dimension réelle aux fantasmes érotiques.

Extrait du dossier final explicatif

Comme nous l’apprend l’introduction de cet ouvrage, Giovanna Casotto a réalisé de moins en moins de récits de bande dessinée après avoir quitté Selen, afin de se consacrer davantage au dessin des Pin-up surtout pour la revue italienne Blue. Ce très bel ouvrage, qui rappelle dans sa maquette le superbe artbook consacré à Aslan, rassemble près de deux cents ravissantes réalisées par l’artiste. Souvent plus sages que ses héroïnes de bande dessinée, ces représentations illustrent toute la maestria atteinte par Casotto dans ce domaine.

En fin d’ouvrage, un dossier complémentaire permet d’ailleurs d’entrer d’une certaine manière dans l’atelier de la dessinatrice. Des clichés sont comparés à leurs usages finaux. D’autres dessins présentés restent inachevés pour une raison ou l’autre, ce qui permet de comprendre les différentes étapes de son travail.

Il y a encore beaucoup à dire sur le travail de Giovanna Casotto, aussi nous vous donnons rendez-vous dans quelques jours, car nous devrions prochainement publier une interview de la grande autrice italienne.

Extrait du dossier final explicatif