Romans Graphiques

Le Lierre et l’Araignée - Par Grégoire Carle - Ed. Dupuis

Par Bérengère HALLIER le 30 janvier 2024                      Lien  
Dans une fresque intime où le récit personnel rejoint la grande Histoire, Grégoire Carle part sur les traces de son grand-père, résistant durant la Seconde Guerre mondiale.

Été 1994. Un enfant lance sa ligne dans le cours d’une rivière. Les poissons font doucement onduler la surface de l’eau. Les vacances ont le goût du paradis sur terre.

Un vieil homme regarde la scène, perdu dans ses souvenirs. Lui revient de l’enfer. Il se souvient d’une époque où les grenades faisaient jaillir de l’eau des geysers. Des gamins partaient à la guerre, et l’Alsace était occupée par l’Allemagne.

« Il est presque impossible de faire des comparaisons avec l’Allemagne nazie, mais je voulais souligner le paradoxe entre le passé traumatique vécu par mon grand-père, et la nostalgie d’un paradis perdu avec laquelle j’ai grandi », témoigne Grégoire Carle, après quatre ans passés sur cet album.

Plus qu’un récit mémoriel, Le Lierre et l’Araignée est un plaidoyer dédié à la beauté de la nature et sa fragilité.

Le Lierre et l'Araignée - Par Grégoire Carle - Ed. Dupuis
Une nature rêvée
© Dupuis

On se souvenait des lavis noirs et blancs d’Il était 2 fois Arthur. Ici, place à la couleur. Et quelles couleurs ! Tantôt pastel, tantôt tourmentées, elles forment une véritable symphonie aquarellée, mise en relief par des textures créées au pochoir et à la brosse à dents.

Quand l’hiver prend des airs d’estampe japonaise…
© Dupuis

Les découpages oscillent entre académisme et modernité. Les grenades explosent, les cases avec, et parfois, imposent la pleine page.

La frontière entre réel et imaginaire s’amenuise. La Grande Faucheuse surgit d’un nuage, un aigle gigantesque s’abat sur Strasbourg : l’araignée nazie tisse sa toile.

Des illustrations rappelant les plus belles heures du symbolisme
© Dupuis

Si l’on devait trouver un défaut à l’ouvrage, ce serait éventuellement son lettrage, un peu décevant. L’auteur, ou plutôt son lettreur, a privilégié une typographie plutôt qu’un travail manuscrit. Elle passe assez bien dans les passages de narration mais pour les dialogues, elle s’applique en haut de casse... et cela ne se fait pas sans casse ! Les phylactères les plus remplis deviennent des blocs de textes rigides, auxquels il manque le charme d’une patine « fait main ».

Après les couleurs directes, pourquoi ne pas avoir poussé le processus jusqu’au bout avec un lettrage manuscrit ? Les pages y auraient gagné une vraie cohérence graphique. À moins que le problème ne vienne du choix de la typographie ? Toujours est-il qu’il s’agit heureusement d’une faiblesse (très) mineure qui ne retire rien à la qualité de l’album !

La narration vue comme un séquencier d’images
© Dupuis

(par Bérengère HALLIER)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9791034753222

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