Les frères Brizzi dans L’Enfer de Dante [VIDEO]

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Quand deux réalisateurs, parmi les plus prestigieux du dessin animé français, s’emploient à adapter en bande dessinée L’Enfer, issu de La Divine Comédie de Dante Alighieri, le résultat est forcément… dantesque ! Une œuvre d’une puissance impérieuse à la facture classique, tant ses qualités narratives et graphiques s’inspirent des plus grands illustrateurs et peintres romantiques, symbolistes voire préraphaélites, comme Gustave Doré ou Fernand Khnopff.

On connaît l’argument : Dante, à la recherche de Béatrice sa bien-aimée, rencontre en enfer le poète latin Virgile qui lui fait visiter la Géhenne. Après avoir franchi l’Achéron, il passe d’abord par les neuf cercles de l’enfer, puis il gravit les sept gradins du Purgatoire, pour accéder aux neuf sphères concentriques du Paradis où il rejoint sa muse, la fameuse Béatrice qui lui offre le salut.

Cela aurait dû s’appeler La Divine Comédie puisque L’Enfer n’est que la première étape de son périple dans l’Au-Delà. Mais pour faire le spectacle, les frères Brizzi ont préféré s’attarder sur la première partie du chef-d’œuvre de la littérature italienne du Moyen-Âge.

Les frères Brizzi dans L'Enfer de Dante [VIDEO]

Le thème est rebattu en bande dessinée : on se souvient de l’épisode Au-delà des ombres dans le Thorgal de Jean Van Hamme et Grzegorz Rosinski, où l’enfant des étoiles va chercher Aaricia jusque dans les limbes de la mort.

L’apport particulier de Paul et Gaëtan Brizzi, c’est leur qualité de narrateurs. On sait qu’ils ont été parmi les plus grands réalisateurs de dessins animés français : tout jeunes, ils avaient emporté un César du court métrage, réalisent ensuite Astérix et la surprise de César (ils ont 24 ans !) (1985), puis fondent le Studio de Montreuil où ils réalisent Le Piaf et enfin travaillent en France pour Disney (à qui ils ont revendu leur studio) sur les films Winnie l’Ourson ou La Bande à Picsou, avant de rejoindre Hollywood où ils travaillent sur Le Bossu de Notre-Dame, ou encore Fantasia 2000. On en passe et des meilleurs.

Et à l’âge de la retraite, ils font des bandes dessinées. On leur doit chez Futuropolis un album sur Céline, La Cavale du Dr Destouches (2015), sur scénario de Christophe Malavoy, et l’adaptation en bande dessinée de deux chefs-d’œuvre de Boris Vian, L’Automne à Pékin (2017) et L’Écume des jours (2020).

L’album est très classique mais les dessins sont sublimes, tout au crayon, dans une infinité de nuances dans les matières et dans les lumières, avec des décors impressionnants, dignes de Gustave Doré. Gaëtan est le metteur en scène et l’auteur de la plupart des décors. Paul, dont le trait repose sur une solide base académique, est plutôt l’auteur des personnages. C’est tout simplement remarquable. Écoutez-les parler de leur travail.