Il en a de la chance, Tim. À peine arrivé dans ce bar de Belfast agité de décibels, la serveuse lui sert, en plus de sa bière, un grand numéro de séduction. Ces deux-là ne tardent pas à devenir un charmant petit couple, entre romantisme à l’irlandaise et blagues rock’n’roll. Mais derrière eux, les vieilles blessures du conflit entre catholiques et protestants, pro-anglais et porte-drapeaux de la verte république n’ont pas totalement enterré la hache de guerre. Un drame sanglant va faire vaciller les amoureux et obliger Tim à se dévoiler. Un parcours sacrément lourd, effrayant même. Comment la piquante Mary va-t-elle réagir ?
L’univers de Kris ne peut se passer d’ingrédients indispensables : de la musique, des dialogues effervescents, de grosses tranches de sport, et toujours un contexte historique bien charpenté. Il retrouve Bailly douze ans après Coupures Irlandaises, et son dessin débordant d’énergie. La connexion entre eux apporte un punch constant aux planches. La force de Bailly tenant sur un parti-pris toujours équilibré entre la justesse des mouvements et des attitudes, la chaleur des ambiances, et un traitement plus succinct des décors.
Ce mélange de récit dramatique, de polar et de romance doit beaucoup aux personnages, immédiatement charismatiques, et à un texte inspiré. Les aller-retours entre les voix off de Mary et de Tim viennent bousculer astucieusement la narration. Jusqu’à offrir des formules aussi poétiques : « La nuit était trop profonde, trop vaste pour être vraie ». Deux tomes à suivre, et on peut parier qu’il sera encore question de rock et de foot gaélique.
(par David TAUGIS)
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