BD à Bastia 2022 : le festival corse retrouve le printemps

Comme tous les évènements culturels depuis le début de l’année 2020, le festival BD à Bastia a dû s’adapter aux contraintes liées à la pandémie. Il y a deux ans, alors que tout était prêt, le confinement annoncé moins d’un mois avant la 27e édition a conduit à prendre des mesures d’urgence : un report du festival en septembre, dans une version remaniée. En 2021, les circonstances ont permis davantage d’anticipation et donc, la tenue du festival de nouveau en septembre, cette fois dans une version « complète » et plus classique.

La levée début mars de la majorité des mesures sanitaires, peut-être un tantinet trop hâtive, a permis de lever les derniers doutes : la 29e édition aura bien lieu au printemps, plus précisément du 31 mars au 3 avril, comme c’était le cas avant la pandémie. La crainte d’un chevauchement avec le festival d’Angoulême, qui planait à la suite du report de celui-ci, a été vite levée. De quoi organiser sereinement un festival qui demeure l’un des plus qualitatifs en France voire au-delà. Et permettre à tous, auteurs comme visiteurs, de profiter de conditions idéales.

© Una Volta & les auteurs

Ce retour au printemps permet de souligner la personnalité du festival. Avec un nombre relativement limité d’invités, qui tous participent à une exposition individuelle ou collective ainsi qu’à une rencontre avec le public, c’est la dimension artistique de leur travail qui est prioritairement mise en avant. L’absence de stands d’éditeurs, de séances institutionalisées de dédicaces et la présence d’une seule librairie - indépendante et bastiaise, comme il se doit - permettent de mettre l’accent sur les aspects pédagogiques et conviviaux du festival. Au final, une atmosphère paisible et accueillante l’emporte, favorable à la naissance de moments privilégiés entre lecteurs et auteurs.

© Hugues Micol

Le programme de cette édition 2022 confirme également les différentes dimensions du festival. Il est, d’abord, très ancré localement. De nombreux hauts lieux culturels de Bastia sont investis pendant quatre jours, voire un peu plus longtemps. Le Centre culturel Una Volta reste le cœur de l’évènement en accueillant plusieurs expositions, la plupart des rencontres et plusieurs ateliers de création ouverts aux plus jeunes et au moins jeunes. Le Musée de Bastia, dans la Citadelle, est un écrin de choix pour exposer les œuvres de l’invité d’honneur, Hugues Micol en l’occurrence-, qui signe également l’affiche du festival. Juste à côté, L’Arsenal, situé aussi dans la Citadelle, est investi par Elen Usdin, l’une des révélations de l’année 2021 avec sa bande dessinée René.e aux bois dormants, parue chez Sarbacane. Le Théâtre municipal, les Archives de la ville, la Bibliothèque centrale et la Galerie Noir & Blanc complètent la cartographie du festival pour accueillir un total de onze expositions.

Si la forte implication des publics scolaires, de la maternelle au lycée, renforce cette implantation locale, BD à Bastia bénéficie également d’un rayonnement national et d’une ouverture internationale. Des autrices et auteurs venus de toute la France et des partenariats avec des médias généralistes ou spécialisés - dont ActuaBD ! - garantissent des échos à l’échelle du pays.

Enfin, le choix d’inviter quelques artistes venus parfois de loin ouvre le festival à l’international. Cette année, l’Allemagne est représentée par Ulli Lust et Sebastian Lörscher, la Suisse par Juliette Mancini, la Belgique par Alix Garin et Simon Spruyt, et les États-Unis par Jeremy Bastian.

© Una Volta & les auteurs

Difficile évidemment de résumer la programmation en quelques lignes. Parmi les expositions, « Camini » regroupe six auteurs autour de la thématique du voyage. Une invitation à prendre la route à retrouver dans les rues de Bastia sous la forme de panneaux guidant les visiteurs. L’autre exposition collective est consacrée au Prix des lycéens, à la Galerie Noir & Blanc, pour lequel ont été sélectionnés Coming In d’Élodie Font et Carole Maurel (Payot, 2021), Du Bruit dans le ciel de David Prudhomme (Futuropolis, 2021) et Le Tambour de la Moskova de Simon Spruyt (Le Lombard, 2021). Mais il ne faudra pas négliger les expositions monographiques...

© Juliette Mancini

Autour des expositions sont organisées une douzaine de rencontres. Animées par des journalistes, elles sont aussi l’occasion pour les public de dialoguer directement avec les auteurs. Une rencontre professionnelle, avec Geoffroy Pelletier (directeur de la SOFIA), Nicolas Piccato (directeur du LyonBD festival) et Juana Macari (directrice de BD à Bastia), permettra de se pencher sur le tout nouveau protocole de rémunération des dédicaces.

© Jeremy Bastian

Enfin, plusieurs ateliers inviteront les visiteurs à la création. Julia Spiers et Sarah Jossen offriront la possibilité aux enfants de réaliser des « cailloux à histoire ». Marie Mirgaine en fera de même avec des papiers découpés. Yann Le Borgne et Coline Llobet aideront à la réalisation de fanzines et Christian Humbert-Droz et l’atelier « Drozophile ! » mettront leur savoir-faire dans le domaine de la sérigraphie.

Un week-end dense en perspective, riche de découvertes, d’images, et de discussions... Nous en reparlerons !