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Dan Brereton (Nocturnals, Giantkiller) : "Les monstres me rendent heureux" [INTERVIEW]

Par Romain GARNIER le 15 avril 2023                      Lien  
En 2022 et 2023, l'auteur états-unien Dan Brereton a vu une part essentielle de son œuvre être enfin éditée en français. Les éditions Huginn & Muninn sont à la manœuvre avec deux belles intégrales : "Nocturnals" et "Giantkiller". Une séduisante actualité grâce à laquelle nous avons pu longuement échanger avec ce grand auteur de comics, insuffisamment connu en France. Nous avons aussi bien abordé ses méthodes de travail, que sa formation, ses inspirations, sa culture japonaise du monstre, ses liens avec d'autres grands auteurs de comics, son rapport à la bande dessinée française et européenne, ainsi que ses créations à venir. Installez-vous confortablement et découvrez ce virtuose du pinceau amoureux des monstres.

Pouvez-vous vous présenter votre travail à vos lecteurs francophones ?

DB : Je suis Daniel Brereton, créateur et illustrateur de bandes dessinées. Je vis en Californie du Nord avec ma femme et mes enfants.

Je suis né près de San Francisco, j’ai fréquenté une école d’art d’Oakland (California College of Arts & Crafts), puis San Francisco (Academy of Art College) en tant qu’illustrateur.

Quand j’étais enfant, j’ai fait mes études dans une école publique et j’ai été élevé dans ce qu’on pourrait considérer comme une classe moyenne inférieure, une classe ouvrière, une éducation de banlieue. J’ai deux frères et sœurs, et je suis gaucher.

Nos parents nous ont élevés à penser par nous-mêmes en matière de politique religieuse et de créativité culturelle, et nous ont même poussé à développer un sens de l’aventure.

Bien que je ne sois pas souvent allé voir des films quand j’étais enfant (pas comme je le fais maintenant), j’ai toujours été un lecteur vorace. Ils nous ont emmenés tellement de fois à la bibliothèque. La première œuvre d’art à laquelle j’ai été exposé était de l’illustration de livres pour enfants. Mercer Mayer, Wallace Tripp, Maurice Sendak, Bill Peet, Arthur Rackham... Être auteur et illustrateur de livres pour enfants était l’une de mes premières ambitions.

Dan Brereton (Nocturnals, Giantkiller) : "Les monstres me rendent heureux" [INTERVIEW]
Wurst Seller de Wallace Tripp, illustrateur jeunesse qui a inspiré ses premières envies de carrière dans le dessin
© Sparhawk Books

À huit ans, je suis devenu obsédé par les bandes dessinées. C’était en 1974. Un enfant pouvait alors acheter quatre bandes dessinées pour un dollar. J’ai adoré Conan le barbare, Les Quatre Fantastiques, Man-Thing, Captain America, Ghost Rider - tout ce que j’ai pu trouver publié par Marvel Comics. J’ai été fasciné par l’art de Jack Kirby, Gene Colan, John Buscema, Gil Kane, Frank Robbins, Roy Thomas et la crème des écrivains d’alors.

Je créais alors mes propres personnages de brutes, je les envoyais par courrier aux bureaux de Marvel, en espérant une réponse quelconque. C’était mon rêve d’aller à Manhattan et de faire partie du Marvel Bullpen (je ne savais pas que le Bullpen n’existait pas vraiment) [Marvel Bullpen est un surnom donné au personnel de Marvel].

Un peu plus tard, j’ai développé une admiration pour le travail de Charles Schulz, Walt Kelly et sa bande dessinée Pogo, l’auteur Ralph McQuarrie pour ses Concept Arts de Star Wars, et les illustrations fantastiques des Frères Hildebrandt.

À l’âge de 13 ans, je suis tombé sur la série Astérix et je me suis accroché. Plus tard, j’ai écrit une lettre à ses créateurs et ai reçu une réponse des éditions Dargaud (dans la lettre, j’étais triste d’apprendre le décès de René Goscinny en 1977)

Extrait des comic strip quotidien de "Pogo" de Walt Kelly dont une partie a été publiée aux éditions françaises Akileos

Durant mon adolescence, j’ai été exposé aux vieux magazines Warren Publishing, [maison d’édition de comics et magazines pulp] comme Creepy, le travail de Richard Corben, de Bernie Wrightson, et celui de Frank Frazetta. Puis ce fut Heavy Metal, Mœbius, Bilal, Serpieri, et des dizaines d’artistes qui ont nourri mon obsession pour les histoires graphiques.

Vous dites avoir écrit une lettre aux créateurs d’Astérix (René Goscinny et Albert Uderzo). Qu’avez-vous dit dans cette lettre ? Quelle est la réponse de l’éditeur de Dargaud ?

DB : J’ai encore la lettre de réponse quelque part dans mon studio, mais essentiellement, autant que je me souvienne, j’avais écrit pour demander s’ils produisaient de nouvelles histoires. Je lisais l’édition anglaise et j’avais trouvé tous ceux que je pouvais trouver localement et je me suis demandé s’ils n’en faisaient plus. Les informations sur les bandes dessinées européennes étaient volontairement rares dans mon monde à cette époque. L’éditeur m’a répondu pour me remercier de mes gentils mots sur les bandes dessinées Astérix, et a eu le regret de m’informer que René [Goscinny] était décédé.

Un ouvrage rassemblant de nombreux travaux de Dan Brereton indisponible en français. Une idée pour la collection "Signatures USA" de Huginn & Muninn ?
© Image Comics

Les États-Unis sont une terre de création de monstres et de peurs. C’est une longue tradition dans votre pays. On pense à H.P. Lovecraft avec Cthulhu, George A. Romero avec les zombies, les nombreux films de monstres chez Universal, Tim Burton avec ses nombreux personnages étranges (loup-garou, sorcières et autres marginaux) et plus récemment Mike Mignola avec Hellboy. Vous êtes amoureux des monstres. Les monstres sont partout dans vos bandes dessinées. D’où viennent-ils ? Films ? Bandes dessinées ? Littérature ? Un autre art ? Quelles sont vos influences ? Pourquoi aimez-vous les monstres ?

DB : Les monstres me rendent heureux. Cela a vraiment commencé dans mon imagination. Bien avant mon obsession pour les bandes dessinées, j’étais obsédé par les monstres. Il y a eu un petit traumatisme lors de mon premier Halloween, quand j’avais 23 mois. Rien de dangereux, juste extrêmement effrayant à cet âge. Je porte toujours le traumatisme avec moi. Je pense que cela a tout déclenché.

Quand j’avais cinq ans, je dessinais des monstres tout le temps, c’était les premières choses que je dessinais intuitivement. Personne ne peut t’apprendre comment, et personne ne peut dire que tu les dessines mal. Les monstres que j’ai dessinés étaient pour moi, ils ne pouvaient pas me blesser, ils ne me faisaient pas peur. Au contraire de ceux de films terrifiants, ou ceux que j’imaginais vivant dans le noir après que les lumières se soient éteintes tous les soirs. Les créatures que j’ai dessinées étaient une forme de thérapie.

Couverture des nouvelles aventures d’Ultraman, personnage acquis par Marvel dont Netflix réalise une adaptation avec le fils du héros. Le personnage d’Ultraman a été inventé par Eiji Tsuburaya, co-créateur de Godzilla.
© Panini Comics

Je n’ai pas regardé beaucoup de films de monstres quand j’étais enfant, du moins pas quelque chose de trop effrayant. Les films qui ressortent sont La Planète des singes, Les Sept Voyages de Sinbad, L’Homme Omega, L’Île mystérieuse ou 20 000 lieues sous les mers. J’ai regardé beaucoup de dessins animés d’Ultraman, d’Herculoids et ceux du samedi matin.

Enfant, j’étais terrifié par les horribles monstres, les morts-vivants, les violents, ceux qui étaient dangereux. Jamais je n’ai été vraiment excité par le gore et ses gallons de sang. En tant qu’adulte, je suis bien sûr fasciné par tous les monstres, imaginaires et humains. La fantaisie a toujours été une forme d’évasion : monstres, mythologie, héros, horreur, l’étrangeté, les aliens, le cosmique, l’inconnu. Une partie de la fascination consiste à aller au-delà du mystère, de découvrir ce qui est derrière le rideau - et finalement maîtriser ses peurs.

Vous faites partie de la même génération que celle de Mike Mignola. En effet, Mike Mignola a créé Hellboy en 1994 et vous Nocturnals en 1995. Giantkiller, c’est plus tard, en 1999. Vous aimez tous les deux les monstres...

DB : Nocturnals a été publié la même année, en 1994, mais plus tard. Je lançais Nocturnals en même temps que Mike Mignola montrait ses histoires d’Hellboy aux gens, c’était en 1993. C’était le bon moment pour explorer les voies les plus créatives. Il s’agissait de l’époque où les créations appartenaient à leurs auteurs en raison du système éditorial et du succès d’Image Comics.

Mon deuxième grand projet dans les comics avait été en 1990, avec DC, appelé The Psycho. C’était aussi une création dont j’avais les droits, mais avec Nocturnals, c’était la première fois que j’étais responsable de l’écriture et de l’illustration.

Couverture de "Nocturnals" (Intégrale) publiée aux éditions Huginn&Muninn
© Huginn & Muninn

Connaissez-vous personnellement Mike Mignola ?

DB : J’ai rencontré Mike en 1987, alors que j’étais encore à l’école d’art. Lui et un autre créateur, Steve Purcell (maintenant membre important de Pixar), y sont d’anciens élèves. Ils sont entrés dans l’une de mes classes pour dire bonjour à mon professeur. C’était au CCPA à Oakland.

Ils étaient quelques années plus âgés et vivaient encore près de l’école. J’ai fini par leur rendre visite à quelques reprises. Mike m’a donné mon premier conseil pratique quand j’essayai d’entrer dans l’industrie de la BD. Rencontrer deux professionnels qui faisaient exactement ce que je voulais faire de ma vie était une source d’inspiration, c’est le moins qu’on puisse dire, et renforçait mes objectifs : faire ce qu’ils faisaient pour avoir une carrière. Mike m’a même engagé pour mon premier travail lié à la bande dessinée : faire des concepts de personnages pour un roman graphique, Dr. Strange Vs Doctor Doom.

Parlez-vous ensemble de votre travail et du sien ?

DB : De temps en temps.

Pensez-vous que Mike Mignola a une influence sur vous et votre travail – surtout vos scenarii – ou non ?

DB : Voir les pages crayonnées de Mike à l’école d’art m’a aidé à me faire la main sur le dessin des pages intérieures d’une manière très pratique. Je n’avais jamais vu de vrais crayonnés de BD avant (à part les exemples principaux de John Buscema dans How to draw comics the Marvel way) et Mike m’a donné des photocopies de certaines de ses pages au crayon. Je pouvais voir que nous avions des influences similaires - Frazetta, Wrightson, Kirby. Vous pouviez également percevoir l’influence des illustrateurs plus âgés et de ce qu’ils nous enseignaient au CCAC.

© Akileos

Et inversement ?

DB : Mike Mignola est-il influencé par mon travail ? Je n’en ai aucune idée, mais je ne pense pas.

Mêmes questions pour Alex Ross, non pour les histoires mais pour les dessins.

DB : Alex et moi sommes arrivés en même temps [dans le milieu des comics], et nous étions de vieux amis. J’aime dire qu’il conforme son imagination à la réalité et que je fais exactement le contraire. Dans le passé, je lui ai dit que j’aimerais être plus strict comme lui et il a dit qu’il aimerait être plus souple comme moi quant à la manière d’appréhender la réalité. Quand je regarde son travail, je suis émerveillé et me sens même un peu intimidé. Il est son propre genre de monstre artistique – inarrêtable !

Avec Giantkiller, vous parlez des traditions japonaises en abordant notamment la figure du « kaiju ». Quel est votre intérêt pour les traditions des monstres japonais comme le kaiju ? Avez-vous vu beaucoup de films japonais avec Godzilla ou un autre kaiju ?

DB : En tant qu’adulte, j’adore les films de monstres japonais ou « Kaiju Eiga ». Enfant, j’ai regardé Ultraman à la télévision tous les jours après l’école. J’ai adoré cette émission. Les monstres étaient simples et correspondaient au genre de créatures qu’un enfant pouvait dessiner, et cela m’a inspiré.

Ce n’est que lorsque j’’ai été adulte, mon fils aîné étant tout-petit, que j’ai pris une copie VHS de Godzilla Vs Biollante. C’était différent de ce que j’avais vu avant. Cette nouvelle génération de films de Kaiju était d’un ton un peu plus grave, les effets spéciaux étaient meilleurs. Godzilla était ce dieu terrifiant et en colère, marchant à travers Tokyo sans personne pour l’arrêter.

Godzilla VS Biollante, film de Kazuki Ōmori (1989)

À ce moment là, je n’avais pas encore vu le film original de Godzilla. Le jour où cela est arrivé, j’ai réalisé que ce film de 1954 avait les mêmes qualités que ceux que j’avais regardés auparavant. Je me suis alors lancé dans une odyssée sans fin de films Daikaiju (Monstre géant), en commençant par tous les films de Godzilla, suivis par toute la série Gamera, et tout ce que je pouvais trouver dans ces univers.

Mon jeune fils et moi nous sommes rapprochés en regardant ces films, nous avons mémorisé tous les noms des personnages ensemble, collectionné des jouets et des disques. C’est pendant cette période (1996) que l’idée de Giantkiller m’est venue à l’esprit et ne voulait plus partir.

Vingt ans auparavant, je m’étais épris de l’histoire du Japon féodal, qui a commencé avec la mini-série télévisée et le roman Shogun de James Clavell, suivi par des dizaines de films de genre Chanbara, dont le premier était l’œuvre d’Akira Kurosawa. Mon histoire de Daikaiju a donc été fortement influencée par les histoires de samouraïs et le bushido ou code guerrier.

Couverture de "Giantkiller" (Intégrale) publiée aux éditions Huginn&Muninn
© Huginn & Muninn

Pensez-vous que les traditions des monstres américains sont proches des traditions des monstres japonais ?

DB : Il y a certainement des liens entre les films de monstres américains et japonais - nous savons tous que le premier film de monstres géants des années 1930 (King Kong) n’était pas japonais, bien que les Japonais furent déterminants avec le sous-genre cinématographique créé par Godzilla en 1954. Mais concernant les bagages culturelles et stylistiques, les deux traditions se sentent, dans l’ensemble, très différentes - c’est une partie de ce que j’aime chez elles : les similitudes et le caractère unique des deux. Elles sont toutes deux criardes et sérieuses, enfantines et terrifiantes. Elles pénètrent profondément dans une partie de mon cerveau et me rendent heureux.

La plupart des « enfants-monstres » que je connais sont comme moi, nous aimons tout. Je connais un artiste de bande dessinée légendaire qui se sent comme ça, c’est Arthur Adams. L’amour et le dévouement d’Arthur envers les monstres est énorme ! Nous sommes nombreux. Derek Thompson, de Pixar, et Matt Frank, artiste de bandes dessinées, sont deux amis qui me viennent à l’esprit. Gene Colan, Bret Blevins, Jay Stephens, Bob Eggleston, Bob Larkin...la liste est longue.

Extrait de la galerie des Daikaiju de "Giantkiller"
© Huginn&Muninn

Dans la bande dessinée Giantkiller, vous créez une galerie de portraits où vous dessinez chaque monstre présent dans votre monde imaginaire. C’est absolument merveilleux. C’est très stimulant pour l’imagination, cela pousse à la rêverie.

DB : Merci. C’est très important à entendre pour moi.

Combien de temps avez-vous passé à créer cette galerie de portraits ?

DB : J’ai passé environ un an à développer les personnages, l’histoire et les créatures. Celles-ci ont été conçues durant les premiers six mois de cette période. Il faut ajouter une autre année pour produire la bande dessinée elle-même.

Pourquoi était-il si important pour vous de créer cette galerie pour les lecteurs ?

DB : L’idée d’un guide des monstres m’est venue après avoir écrit le pitch principal de la série, avant de l’envoyer à l’éditeur de DC Comics, Dan Raspler.

Il m’est alors venu à l’esprit que si je lançais mon projet de rêve, pourquoi ne pas ajouter une version "monstre" du Guide pratique que j’avais avec moi quand j’avais 12 ans ? Mon frère et moi allions chasser les reptiles et les amphibiens dans la campagne environnante près de notre quartier. Nous avions toute une collection de spécimens dans notre chambre et dans le garage de nos parents. C’est ce que je voulais faire de ma vie, étudier les reptiles. Une autre raison pour laquelle nous apportions le Guide pratique était de nous assurer de ne pas approcher ou tenter de capturer un serpent venimeux. Il y en avait quelques-uns dans la région de la baie et il s’agissait surtout de reptiles non venimeux qui ressemblaient à des crotales. Nous voulions nous assurer de savoir ce que nous faisions.

Guide pratique des reptiles et amphibiens de l’Ouest de Robert Cyril Stebbins, manuel utilisé par Dan Brereton et son frère qui a inspiré la galerie des Daikaiju de "Giantkiller"
© Houghton Mifflin Company

Donc, Jack [personnage principal de Giantkiller] a un guide de terrain avec lui pour s’assurer qu’il sait ce qu’il fait quand il est dans le territoire des monstres, alors qu’il traque des monstres géantes et bizarres ! À l’origine, cela a été publié comme un numéro zéro de la mini-série originale et je ne pouvais pas être plus heureux que l’idée ait été acceptée. Comme on le voit dans l’édition française, j’ai ajouté une histoire sous forme d’épilogue avec de nouveaux monstres. Et DC l’a approuvée !

Pendant un bon mois après que le projet ait été validé, mes pieds n’ont pas touché terre, j’étais tellement heureux. Des décennies plus tard, après que les droits me soient revenus, j’ai auto-publié une édition à couverture rigide, sur laquelle les éditions Huginn&Muninn se sont basées pour la publication française.

Extrait de "Giantkiller"
© Huginn&Muninn

Parlons maintenant de vos dessins. on adore vos dessins ! Ils sont incroyables. Quand nous lisons vos bandes dessinées, on a l’impression de regarder une succession de tableaux dans un musée (et c’est un grand compliment). Chaque dessin est merveilleux. Tellement travaillé. Qu’utilisez-vous pour créer une bande dessinée ? Quel type d’instrument de dessin pour vos planches ?

DB : Pour l’essentiel de ce que vous voyez dans Nocturnals et Giantkiller, le médium utilisé est l’aquarelle, qui va d’une consistance transparente à une consistance opaque. Ajoutez à cela de l’acrylique, des colorants à l’eau et certains crayons de couleur, ici et là. Dans les années 1990, je travaillais sur la planche Strathmore Bristol Série 500, 2 plis. Elle était la surface parfaite à cette époque, mais a beaucoup changé depuis le début des années 2000. Je l’utilise encore fréquemment, mais j’ai tendance à travailler, surtout avec de la gouache acrylique, à la taille 11 x 17 pouces, pour les pages intérieures, plutôt que 13 x 20 pouces. Maintenant que je numérise mon propre travail, tout ceci rend mon travail plus rapide.

Autrement, je travaille surtout avec des pinceaux-sable ou synthétiques pour les pages intérieures et couvertures. Pour les dessins techniques et crayonnés, j’utilise un crayon 2H [crayon à mine dure et sèche] et une gomme vinyle (j’utilise également des gommes électriques). Pour des travaux plus importants sur certaines couvertures, j’utilise souvent de grandes planches Crescent, Bainbridge, Strathmore ou Arche. Pour une grande partie de ce que vous voyez dans les éditions françaises, je n’ai pas pu numériser moi-même mon travail lorsque je bossais dans les années 1990. Par conséquent, la qualité visuelle varie, ce qui peut malheureusement affecter le rendu des pages imprimées. Aujourd’hui, je suis vraiment heureux de pouvoir scanner mon propre travail.

Extrait de "Giantkiller"
© Huginn & Muninn

Quel est le temps passé sur la création d’un planche de bande dessinée ?

DB : De deux à trois jours, parfois plus selon la situation. Cela ne comprend pas le temps passé à faire des vignettes, les mises en page, sur lesquelles je travaille très rapidement et de façon très rudimentaire afin de saisir une logique visuelle sans être trop pris par le rendu, le dessin.

Votre dessin est très influencé par un mouvement artistique : le photoréalisme. Vous prenez des photos de votre famille grâce auxquelles vous créez de nombreux personnages pour vos histoires. Est-ce vrai ? Pouvez-vous nous en parler ? Comment créez-vous vos personnages ?

DB : Les personnages commencent toujours leur existence par des dessins et des gribouillis dans mes carnets. Ensuite, quand je souhaite donner vie à mon monde, je réunis des modèles et prends des photographies qui me servent de référence, fondées sur mes mises en page très libres. C’est amusant et ça donne souvent de bonnes idées, des angles et de bons visuels. Ma femme, mes amis, les membres de ma famille - y compris mes parents et mes enfants, ont tous été devant mon appareil photo – moi y compris !

La photographie dans la bande dessinée et l’illustration remonte à des décennies, pratiquement aussi loin que la photographie elle-même - et dans les Beaux-Arts, au développement de la Camera Obscura [instrument optique]. Cela n’a vraiment rien de nouveau, mais je pense que certains artistes hésitent à discuter de l’usage de leurs références.

Le photoréalisme est un mouvement artistique (peinture, dessin, sculpture...) qui cherche à reproduire la réalité de la manière la plus réaliste qui soit en s’appuyant sur la photographie
John’s Diner with John’s Chevelle, de John Baeder (2007). La technique picturale utilisée est l’huile sur toile.

Aux États-Unis, les dessinateurs de bande dessinée sont souvent autodidactes et certains croient à tort que le recours à la référence est tabou ou qu’il dissipe « la magie ». C’était l’une des nombreuses techniques qui m’ont été présentées à l’école, en commençant par le dessin de modèle vivant. Nous avons ainsi dessiné ou peint à partir d’un modèle dans une salle de classe. Plus tard, nous avons organisé des séances de photos avec des modèles.

Dans les cours d’illustration, on a dit à un étudiant qui s’efforçait de créer des représentations du corps avec des résultats peu probants : « Avez-vous pris une photo pour cette main ? ». Cela signifiait qu’il avait échoué à saisir correctement quelque chose - et en tant que professionnels, ces professeurs savaient combien il est important d’obtenir une chose précise et rapide sur papier afin de respecter les délais de l’industrie.

Extrait de "Nocturnals" - Le personnage de Doc Horror.
© Huginn&Muninn

Comment choisissez-vous vos couleurs, comment créez-vous une atmosphère pour vos histoires ?

DB : La première chose à faire quand on peint une séquence est de décider de l’intensité de la lumière - est-ce une scène chaude ou est-ce froid ? Est-ce une scène d’extérieure la nuit ou à l’intérieur éclairée par des bougies, etc ? Si c’est une scène de nuit froide, j’utilise des lavis de bleu sur tout, on laisse sécher et quand c’est fait, l’éclairage a une teinte fraîche que je peux travailler. Les couleurs travaillent ensemble par-dessus ce lavis de couleur chaud ou froid.

Je n’aborde pas la couleur en tant que technicien, je me concentre davantage sur l’émotion et l’atmosphère que j’essaye de créer. Quand vous le faites correctement, les couleurs doivent fonctionner ensemble d’une manière agréable - que les teintes soient audacieuses ou plus sobres.

Dans Nocturnals, presque chaque personnage a une couleur pour le définir. Polychrome a une couleur bleu/vert clair. Firelion utilise le rouge-feu Starfish utilise le vert comme celui de son corps de poisson. Evelyn utilise le violet, couleur associée au féminisme. Tout cela crée une atmosphère merveilleuse, pleine de nuances.

DB : La première chose que vous devez savoir, c’est que ces personnages existaient tous dans mes carnets de croquis et autres œuvres d’art sous forme de concepts distincts, des années avant que je conçoive Doc Horror et son histoire. Evelyn (alias Halloween Girl), Polychrome, Starfish, Firelion, le Raccoon et le Gunwitch ont tous commencé leur vie comme des personnages individuels « attendant » un projet à habiter. Une fois que l’histoire a commencé à prendre forme, je les ai choisis pour le monde de Doc.

Jill et Jack de "Giantkiller"
© Huginn & Muninn

L’idée était alors d’avoir cette figure mystérieuse rassemblant des personnages fugitifs qui ne parvenaient pas à s’intégrer dans le monde "normal". Le noyau du groupe a été assemblé en raison de leur caractère unique - leurs palettes de couleurs les décrivent comme des entités distinctes plutôt que comme une équipe de membres vêtus de façon similaire.

Les Nocturnals devaient se sentir comme une bande d’individus hétéroclites qui ne s’intègrent nulle part ailleurs, mais quand ils sont ensemble, il est clair qu’ils sont une famille, même hétéroclite. Je n’ai jamais eu l’impression de créer une équipe de « monstres classiques », mais je voulais qu’ils soient tous uniques en tant que créatures. Nocturnals a été inspiré par les histoires de Pulp (d’où le nom très sinistre « Doc Horror » pour le personnage principal) après avoir été exposé à une collection de vieux magazines en ruine quelques années auparavant.

Les personnages principaux de "Nocturnals"
© Huginn&Muninn

J’avais aussi lu avec voracité des romans noirs deux ans avant de concevoir Nocturnals en 1992. Mon but était d’écrire une histoire de crime hard boiled, mais aussi de dessiner des monstres et des personnages étranges dans la distribution. Une fusion de Dashiell Hammett et de H.P. Lovecraft, avec un peu d’Halloween. Mais, bien sûr, les influences de super-héros ont la vie dure, je suppose.

Dans Giantkiller, le processus semble différent. Les monstres géants sont vos personnages principaux. Et votre réflexion sur la couleur semble se concentrer sur eux. Moins pour les autres personnages de cette histoire. On se trompe ?

DB : L’idée de sortes d’éclaboussures de couleurs criardes sur ces créatures gigantesques fait sens. Quand j’ai réalisé que je voulais peindre des histoires avec des Daikaiju qui se battaient sur la page, c’est exactement comme ça que je les voyais. De grandes couleurs primaires, littéralement contradictoires.

Les couleurs de Jack ont commencé à être vert et rouge, mais j’ai rapidement réalisé que le vert semble être comme une marque de fabrique pour les figures monstrueuses – les dragons ont tendance à être vert. À l’image d’autres créatures, Jack avait-il besoin d’être vert ? Ne devait-il pas ressembler aux créatures dont l’ADN a aidé à le créer ? Je me suis fixé sur le gris avec des accents rouges parce que c’était un bon contraste, parce que je voulais donner l’impression que sa chair était dure et robuste, comme l’asphalte. Mais vous avez certainement raison de supposer que les monstres obtiennent les meilleures couleurs !

Evelyn Horror et Gunwitch
© Huginn & Muninn

Créeriez-vous de nouvelles histoires sur Giantkiller ou The Nocturnals ? En tant que lecteur, nous en rêvons. Ou, pour vous, vos univers imaginaires sont complets, finis. Vous avez conclu vos histoires.

DB : L’histoire de Evelyn Horror et de son père continue ! En 2017, j’ai sorti un roman graphique complet, Nocturnals : The Sinister Path, qui suit le matériel des deux éditions Omnibus - actuellement épuisées (mais qui seront rééditées à l’avenir) et deux autres en production qui sont à venir. En fin de compte, le tout formera une trilogie. Tous les trois seront recueillis dans un troisième volume omnibus dans plusieurs années. Je peins actuellement le prochain, Nocturnals : Darkly, qui est complètement crayonné.

Quant à Giantkiller, je prévois soit de poursuivre avec un autre roman graphique ou d’intégrer ce monde dans Nocturnals. Vous avez peut-être vu que l’on a déjà planté les graines pour cela dans la séquence épilogue de Giantkiller)

Oui, on l’a vu. C’est une bonne idée de créer un monde unique pour vos créations. Le tout semble naturel.

Dans de nombreux cas, cela a du sens - mais dans le cas de Nocturnals, cela signifie à un moment donné qu’il y avait des monstres géants qui traversaient la Californie, et que l’équipe de Doc Horror semble ne pas s’être impliquée avant [l’épilogue]. Est-ce parce qu’ils ont choisi de ne pas quitter Pacific City ? Ou ont-ils été occupés par leurs propres problèmes ? Presque immédiatement après avoir commencé à travailler sur Giantkiller en 1998, j’avais une histoire à l’esprit, pour une suite, dans laquelle Doc Horror rencontre Jack et Jill, mais je n’ai jamais eu l’occasion de le faire. Je trouverai peut-être un moyen de le faire plus tard, et l’épilogue de Giantkiller est une introduction à ce scénario possible.

Children of Night (couverture) - Art Book de Dan Brereton non disponible en français
© Dan Brereton

Laisseriez-vous vos univers imaginaires être repris par un autre dessinateur de BD ?

DB : Dans le passé, j’ai beaucoup aimé travailler en collaboration avec de nombreux artistes sur des histoires de Nocturnals, et j’espère le faire à nouveau. Je suis en train d’en discuter avec un autre artiste. Cela s’applique aussi à Giantkiller ou à n’importe laquelle de mes univers que j’aimerais explorer. Je n’ai pas nécessairement besoin de les illustrer tous, si cela peut signifier qu’ils prennent vie sur papier.

Quand vous étiez enfant, vous lisiez Astérix. Avez-vous lu d’autres bandes dessinées françaises dans votre enfance ?  

DB : Comme je l’ai dit, je n’ai pas été exposé à beaucoup de BD européennes quand j’étais enfant, mais j’ai lu Tintin, bien sûr. J’adore Hergé.

Lisez-vous des BD françaises ces dernières années ?

DB : Je lis ce qui me parvient en anglais, mais j’ai tendance à m’intéresser aux dessinateurs plus qu’aux scénaristes, car une grande partie du travail que je trouve n’est pas traduite. J’aime beaucoup le travail de Loisel, Claire Wendling, Didier Cassegrain, Pierre Alary, Fred Beltran, Julien Telo et Nicolas Keramidas. J’aime beaucoup Blacksad (je connais Juanjo [Guarnido], c’est un gars merveilleux). Je suis aussi un grand fan de l’artiste espagnol Jordi Bernet, et je le considère comme une grande source d’inspiration.

Surfer d’argent de Moebius et Stan Lee
© Casterman

Vous parlez de Bilal et de Moebius. Pouvez-vous nous en dire plus ?  

DB : J’aime le travail des deux. Après avoir été exposé à leur travail dans Métal Hurlant - La version américaine - j’ai essayé de récupérer autant de livres que possible de ces deux auteurs. Les histoires de Nikopol d’[Enki] Bilal m’ont vraiment fasciné - avec cette vision du futur et ces dieux égyptiens. La couleur et le travail de ligne convergent ensemble dans une symétrie froide et étrange. Les westerns du Lt. Blueberry de Mœbius sont brillants, tout comme Le Garage hermétique, L’Incal ou Arzach. J’étais très excité quand il a créé l’histoire du Surfer d’argent avec Stan Lee pour Marvel. Je compte ces deux maîtres parmi mes sources d’inspiration.

Suivez-vous des dessinateurs francophones (de France, Belgique, Suisse, Québec, Côte d’Ivoire...) ?

DB : Certainement pas autant que je le voudrais. Lorsque j’étais à Paris, pendant exactement trois jours, en 2012, j’ai visité un carrefour de la ville qui avait une boutique de bandes dessinées à chaque coin de rue, ce qui était tellement dingue à voir, tout à fait incroyable. Mais je n’ai pas pu acheter et rapporter autant que je l’aurais aimé. Je découvre de nouveaux travaux tout le temps, c’est vraiment difficile de suivre. En fait, ma maison est pleine de livres avec une bibliothèque qui n’a pas assez d’étagères !

Couverture pour une édition souple au petit format de "Giantkiller"
© DC Comics

Je vous pose ces questions parce que les États-Unis, l’Europe et le Japon sont trois pôles créatifs de la bande dessinée depuis la naissance de la bande dessinée. La France, la Belgique, la Suisse, mais aussi les créations espagnoles et italiennes sont fondamentales pour l’Europe. La France est la deuxième contrée où l’on publie le plus grand nombre de mangas japonais à travers le monde en dehors du Japon. Grâce aux films Marvel, de plus en plus de Français lisent des bandes dessinées états-uniennes. De nombreuses maisons d’édition publient de plus en plus de bandes dessinées non produites par DC ou Marvel. On pense à des artistes très différents, morts ou vivants, comme Mike Mignola, Richard Corben, Brian K. Vaughan, Skottie Young, Bill Watterson, Mark Millar, Micheal Allred, Wallace Wood, Tony Millionaire, Jack Kirby, Will Eisner... La liste est interminable. Mais nous avons l’impression que la situation n’est pas la même dans votre pays et au Japon. La bande dessinée francophone n’a pas une grande place dans votre culture. Il en va de même pour les Japonais.

DB : Malheureusement, je crains que vous ayez raison. Il n’y a pas de parité dans l’exposition des bandes dessinées venant du reste du monde aux États-Unis, car le marché ne peut tout simplement pas le permettre, actuellement. Il supporte à peine les bandes dessinées américaines vendues en Amérique. Les bandes dessinées vendues ici qui connaissent le succès sont les importations de mangas japonais, une conséquence liée aux animés.

Extrait de "Giantkiller"
© Huginn & Muninn

Pensez-vous que les États-Unis et Japon ne sont pas suffisamment ouverts sur le plan culturel ? Le Comité des prix Nobel critique souvent les États-Unis pour avoir fait trop peu de traductions de livres étrangers. Y a-t-il un protectionnisme culturel aux États-Unis ?

DB : Je ne pense pas qu’il y ait un mouvement de « protectionnisme culturel » ici - du moins pas chez les créateurs ou toute personne qui aime les livres, les histoires et l’art. Je pense que c’est juste une question de ventes. S’il y avait un marché pour soutenir une bande dessinée diverse venant du monde entier, elle serait certainement en vente ici ! Comme je l’ai dit, le manga se débrouille mieux que la bande dessinée américaine, et ça me fait mal de le dire. Mais je ne suis pas non plus la meilleure personne à qui poser la question. J’ai déjà moi-même de la difficulté à faire exposer mon travail dans ce pays et dans le reste du monde. Mon travail n’a pas vraiment été imprimé en français, et je fais de la bande dessinée depuis 1988 !

Les artistes et les créateurs européens sont très appréciés dans nos milieux, non seulement nous révérons les personnes créatives et talentueuses qui en viennent, mais aussi la diversité des livres publiés en Europe, en particulier en ce qui concerne le sujet et le genre. Par exemple, vous pouvez toujours lire des bandes dessinées sur l’Ouest américain (Westerns) en Europe. Mais bonne chance pour essayer de trouver des histoires dans ce genre ici aux États-Unis ! Je veux faire un western depuis très longtemps, et il n’y a pas un éditeur américain que j’ai rencontré qui soit intéressé.

Octoberlands - Dessin présent dans un portfolio de Dan Brereton financé sur Kickstarter

Connaissez-vous le festival international de la bande dessinée d’Angoulême ?

DB : Oui.

Aimeriez-vous participer à ce festival pour présenter votre travail d’artiste ?

DB : Oui, je n’y suis jamais allé. Les histoires que j’entends au sujet de ce festival me semblent incroyables.

Ce serait une excellente idée parce que votre travail d’artiste est merveilleux et le public français serait heureux de le découvrir. Vous méritez une grande exposition dans ce festival. Ce serait une occasion idéale voir vos planches originales.

DB : Je ne peux pas être en désaccord ! Je serais heureux de pouvoir participer à ce festival. En tout cas, c’est merveilleux de savoir que mon travail est découvert par de nouveaux lecteurs.

Black Monday Murders de Tomm Coker et Jonathan Hickman - A lire absolument selon Dan Brereton
© Urban Comics

Justement, pour les lecteurs français, pouvez-vous nous donner cinq titres de bandes dessinées américaines à lire absolument, en étayant chaque proposition ?

DB : Je vais faire de mon mieux même si je ne lis pas beaucoup de bandes dessinées. Et je vais vous dire pourquoi. Je préfère ne pas être influencé par la concurrence ! Je ne sais pas ce qui pourrait être disponible en français, mais voici :

Watchmen - C’est un classique pour moi et je sais que la plupart des gens en Europe l’ont probablement déjà lu, mais si ce n’est pas le cas, c’est merveilleux. Il s’agit là du chef-d’œuvre de Dave Gibbons, et le scénario d’Alan Moore est aussi divertissant que les grandes bandes dessinées d’aventure et de super-héros.

Frankenstein, illustré par Bernie Wrightson - ce n’est pas une bande dessinée, mais ses illustrations doivent être appréciée à l’aune de la lecture du roman, comme Bernie voulait que ses illustrations soient vécues.

Black Monday Murders - fantastique illustration en noir et blanc par mon ami Tomm Coker, écrit par Jonathan Hickman. Fascinant conte surnaturel sur les entités obscures et les sociétés occultes qui contrôlent les systèmes bancaires du monde. Les visuels créent une atmosphère intense, des histoires superbement dessinées.

Mind MGMT - L’histoire tordue de Matt Kindt est vraiment divertissante et prend plusieurs dimensions au fur et à mesure qu’elle avance. Je suis entré dans la série après que Dark Horse m’ait embauché pour illustrer des reprises pour une mini-série récente.

Dwellings - par le génie canadien Jay Stevens. Il a produit une série financée par le public (4 numéros jusqu’à maintenant, donc prenez note Huginn & Muninn, il est temps de recueillir le premier volume dans un album !) de ce qu’il appelle l’« horreur mignonne ». Malgré l’aspect rétro de la bande dessinée, qui est tout à fait approprié, les histoires sont sombres et contemporaines, presque subversives dans la façon dont elles vous viennent à l’esprit et ne sortent pas. Certainement pas pour les enfants. Je ne le recommanderais jamais assez !

Couverture de "Danger Club" de Landry Walker
© Image Comics

Et parce que je vous dois encore une BD :

Danger Club - par Landry Walker et Eric Jones, une autre histoire de super-héros avec un twist violent et un principe essentiel : Les super-héros de la Terre ont disparu. Les acolytes des super-héros (sidekicks) sont tout ce qui reste pour protéger le reste d’entre nous et vont dans l’espace pour combattre une menace inconnue. C’est le chaos avec un clin d’œil affectueux vers les comics de super-héros classiques, tout en subvertissant et en faisant évoluer le genre.

Je peux aussi recommander avec enthousiasme Black Hammer, Harrow County, Night’s Dominion et Folklords.

Nous sommes très heureux d’apprendre que Nocturnals et Giantkiller auront des suites. Quand pouvons-nous espérer les lire en anglais ? Et en français ?

DB : Nocturnals : The sinister path pourrait être sortie par un éditeur américain en 2024. Quant à Nocturnals : Darkly, cela pourrait sortir en anglais, financé par Kickstarter, dès 2024, mais plus probablement en 2025.

J’aimerais également faire découvrir aux lecteurs français une nouveauté qui n’est pas liée aux Nocturnals d’ici les deux prochaines années. Nous en rediscuterons le moment venu. J’en suis sûr !

(par Romain GARNIER)

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Code EAN : 978236480884

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Sincères remerciements à l’auteur Dan Brereton pour l’incroyable gentillesse dont il a su fait preuve tout au long de nos échanges, ainsi que le temps conséquent consacré à cette interview.

Nocturnals Huginn & Muninn Arts martiaux, Combats Underground Comix Fantastique Super-héros Etats-Unis
 
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9 Messages :
  • états-unien ? woahhh !!!!

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  • Y aurait pas moyen de lire une transcription de l’interview en anglais, quelque part ? Parce que "Jamais je n’ai été vraiment excité par le gore et ses gallons de sang", ça pique les yeux. J’ignore si c’est du Chat GPT ou pas, mais c’est mauvais.

    En Français, on dirait plutôt : "Le gore et ses litres de sang ne m’ont jamais enthousiasmé".

    Et je cite un seul exemple parce que j’ai autre chose à faire de mon dimanche, mais tout le texte schlingue le mot-à-mot. Ce qui est très énervant quand on s’intéresse à l’auteur interviewé.

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    • Répondu par Billveuzé le 16 avril 2023 à  12:27 :

      Bah il a dit galon, pas litre, ce n’est pas la même quantité, pourquoi transformer son propos ?

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  • Je suis toujours étonné par la fascination qu’ont les artistes américains (et japonais dans une moindre mesure) pour la violence, le macabre et le morbide.
    C’est peut-être à l’image de leur société qui est plus violente et injuste que la notre même si on prend malheureusement le même chemin qu’eux ?
    Même dans le roman graphique ou la bd undergound US, il y a presque toujours de la violence alors que ce n’est pas le cas de toute la bd franco/belge. Bizarre

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    • Répondu le 16 avril 2023 à  15:59 :

      Peut-être simplement parce que les comics et mangas sont en grande partie le produit de la contre-culture de l’après-guerre alors que la Bd franco-belge est davantage restée figée sur son caractère de publication destinée à la jeunesse. Il y a bien eu une contreculture aussi en France et en Belgique mais on est depuis revenu à une forme de Bd plus nostalgique et plus conservatrice.

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      • Répondu par denis le 16 avril 2023 à  17:49 :

        Cette violence est plutôt mainstream puisqu’on la retrouve partout, dans les blockbusters, les jeux vidéos et les comics donc. Moi j’y vois le signe d’une immaturité de la société où les adultes consomment les loisirs transgressifs et violents qu’on aimait autrefois à l’adolescence

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        • Répondu le 16 avril 2023 à  23:15 :

          Vous trouvez les films de super-héros violents, vous ? Moi je vois surtout dans votre commentaire la condescendance habituelle des européens envers les américains, ces « grands enfants ».

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          • Répondu le 18 avril 2023 à  10:57 :

            Oui, ces films sont très violents. Je critique uniquement cette culture parce qu’avec la mondialisation et l’uniformisation des loisirs, elle nous affecte également mais ce n’est pas une critique de la culture US en soi, c’est juste qu’elle ne devrait pas nous concerner

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            • Répondu le 18 avril 2023 à  12:15 :

              La culture US ne devrait pas nous concerner ? Vous êtes pour un protectionnisme culturel absolu ?

              Répondre à ce message

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