Son père, Franzi, est un Autrichien séparé de ses parents à l’âge de sept ans et qui se planque au Touquet en 1940 avec sa tante en pleine France occupée. Ils ont dû fuir leur pays affecté par une situation d’abord pré-nazie, puis à cause de l’Anschluss (annexion de l’Autriche par l’Allemagne) qui a fait que les Juifs y étaient devenus indésirables
Le père de Franzi était un vétéran de la Première Guerre mondiale qui a connu le front russe. Sa femme a réussi à obtenir un visa pour les Etats-Unis, mais lui, il est… roumain, car né dans un petit bout de l’Autriche donné en compensation à la Roumanie à la suite de la Guerre de 1914. Par conséquent, il n’entre pas dans les mêmes quotas pour l’immigration américaine que sa femme et leurs enfants, et doit se réfugier à Cuba… Chacun de ces destins va tendre vers le Nouveau Monde, avec plus ou moins de réussite.
La famille finit par être réunie à New York, les enfants sont scolarisés aux USA, Franzi grandit et son fils, Jordan Mechner, est un petit prodige de l’informatique. Le jeune geek va créer un jeu vidéo qui va le rendre mondialement célèbre : Prince of Persia, vendu à plus de 20 millions d’exemplaires.
Sont-ce ces circonstances qui vont faire du jeune Jordan un francophile ? Oui, car son père parlait parfaitement le français et a toujours eu un attachement pour la France. Pendant des années, avec force détails (il a une mémoire d’éléphant), le père de Jordan Mechner a constitué un véritable trésor d’archives, des carnets où il a consigné toute l’histoire de sa famille.
C’est cela ce roman graphique : une espèce de journal qui raconte la venue de ce créateur de jeux vidéo en France, à Montpellier, où Ubisoft lui finance un nouveau développement pour Prince of Persia. Une nouvelle aventure, une nouvelle vie. C’est compliqué, sa femme n’a pas envie de venir en France, cela crée une véritable crise dans le couple. Sa plongée dans l’histoire de sa famille immigrée lui permet de mieux faire le lien avec la vieille Europe, avec son « retour d’exil ».
Bon dessinateur, Mechner, en expert de la narration, raconte excellement cette histoire. Il nous a confié appliquer ses acquis narratifs pour le jeu vidéo à la bande dessinée. Ce qui lui permet de nous livrer un des meilleurs romans graphiques du moment.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
(par Kelian NGUYEN)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Replay – Mémoire d’une famille – Par Jordan Mechner – Ed. Delcourt
Photo : Kelian Nguyen
Interview : Didier Pasamonik et Kelian Nguyen - Montage : Oussama Karfa
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