Anton Witkowsky a la rage. La rage de sortir de sa condition. De quitter sa banlieue pourrie. De fuir la rigueur paternelle. La rage, il l’a dans ses poings. Il a de l’or dans ses poings, il le sent, il le sait. Tout le monde le lui répète, Marco, son entraîneur, Mo, son pote. La boxe, c’est la clé du paradis. Le paradis du fric et de la gloire. Pour gagner ce paradis-là, il est prêt à tout.
Baru trouve enfin un écrin à la mesure de son talent. Non pas que ses albums chez Casterman (L’Autoroute du soleil et Les Années Spoutnik) soient de mauvaise facture, mais un album dans Aire Libre, c’est quand même autre chose. Libéré de toute contrainte, Baru signe ici un album dur mais émouvant à plusieurs titres. D’abord par le désespoir des parents du héros, qui n’acceptent pas que leur fils se voue à la boxe. Ensuite le fils lui-même, Anton Witkowsky, qui a quelque chose d’attachant. Ce n’est pas l’amour de la boxe qui le motive, ni même l’argent sans doute, quoiqu’il en dise, mais c’est la seule manière qu’il a trouvé pour se sortir de son avenir tout tracé qui lui paraissait si terne, si banal, si déprimant. Il aurait tout aussi bien pu vendre des aspirateurs, des bagnoles, ou de la drogue, du moment que c’est à sa portée et que ça rapporte. Mais trouvera-t-il pour autant le bonheur au volant de ses voitures de sport rouge ? Seul l’avenir, et sans doute le tome 2, nous le dira.
(par JLM)
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