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La Mort rose : l’album chamanique de Jaume Pallardó

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 12 mars 2022                      Lien  
C’est un album qui interpelle avec son mot-valise oxymorique : « Mort rose » dont la couleur, sensée être celle du bonheur béat, contraste avec le sujet, morose à souhait : un virus mortel. Encore un album sur la Covid-19, direz-vous. Pas vraiment. Conçu en 2014, avant la crise pandémique qui a frappé le monde, il est cependant d’une brûlante actualité car il s’interroge sur les circuits de décision qui échappent aux citoyens en cas de catastrophe sanitaire importante ou en cas de guerre.

Nous découvrons Miguel, prof, qui donne cours à une classe en mode virtuel. C’est devenu la norme depuis qu’un virus mystérieux, surnommé « La Mort rose » a décimé une grande part de la population mondiale et que celle-ci a dû se réfugier dans des zones hermétiques et obligé tous les habitants à vivre dans des combinaisons étanches, à décontaminer toute marchandise et à se fournir en nourriture par le seul circuit autorisé par l’État.

La Mort rose : l'album chamanique de Jaume Pallardó
© La Cafetière

Sur un site de rencontre -car évidemment le Net a toute sa place dans la société- lui permet de rencontrer une jeune femme qui lui fait découvrir des endroits inconnus, fréquentés par des privilégiés, mais aussi une scène underground rebelle qui tague les immeubles officiels de slogans hostiles au gouvernement.

© La Cafetière

Nous sommes dans la lignée d’œuvres inquiètes comme le 1984 d’Orwell (1949), le Fahrenheit 451 de Ray Bradbury (1954), le Soleil vert d’Harry Harrison (1966) et, en bande dessinée, du Shelter de Chantal Montellier (1980) et le Transperceneige de Jacques Lob (1982). C’est-à-dire que l’auteur pousse jusqu’au bout le principe d’une société qui a fait de l’hygiénisme radical son système de gouvernement.

© La Cafetière
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Le graphisme de Jaume Pallardó est dans la mouvance d’une Ligne claire efficace qui, de Michel Rabagliati à Rutu Modan, est devenue un style international. Le dessinateur espagnol sait sortir du piège de ce graphisme somme toute un peu banal grâce à une narration bien menée et qui recèle quelques ingénieuses trouvailles.

Cette BD était parue dès 2017 sous la forme de fascicule en Espagne
© La Cafetière

Cette sobriété favorise en outre la pénétration d’un récit aux accents quelque peu complotistes, mais l’auteur s’en défend de façon convaincante dans les pages conclusives de l’album, soulignant que son travail n’était pas « … une quelconque prophétie, encore moins un positionnement vis-à-vis de théories absurdes et non-scientifiques. » Cela méritait d’être dit.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : ‎978284774029

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