Nous découvrons Miguel, prof, qui donne cours à une classe en mode virtuel. C’est devenu la norme depuis qu’un virus mystérieux, surnommé « La Mort rose » a décimé une grande part de la population mondiale et que celle-ci a dû se réfugier dans des zones hermétiques et obligé tous les habitants à vivre dans des combinaisons étanches, à décontaminer toute marchandise et à se fournir en nourriture par le seul circuit autorisé par l’État.
Sur un site de rencontre -car évidemment le Net a toute sa place dans la société- lui permet de rencontrer une jeune femme qui lui fait découvrir des endroits inconnus, fréquentés par des privilégiés, mais aussi une scène underground rebelle qui tague les immeubles officiels de slogans hostiles au gouvernement.
Nous sommes dans la lignée d’œuvres inquiètes comme le 1984 d’Orwell (1949), le Fahrenheit 451 de Ray Bradbury (1954), le Soleil vert d’Harry Harrison (1966) et, en bande dessinée, du Shelter de Chantal Montellier (1980) et le Transperceneige de Jacques Lob (1982). C’est-à-dire que l’auteur pousse jusqu’au bout le principe d’une société qui a fait de l’hygiénisme radical son système de gouvernement.
Le graphisme de Jaume Pallardó est dans la mouvance d’une Ligne claire efficace qui, de Michel Rabagliati à Rutu Modan, est devenue un style international. Le dessinateur espagnol sait sortir du piège de ce graphisme somme toute un peu banal grâce à une narration bien menée et qui recèle quelques ingénieuses trouvailles.
Cette sobriété favorise en outre la pénétration d’un récit aux accents quelque peu complotistes, mais l’auteur s’en défend de façon convaincante dans les pages conclusives de l’album, soulignant que son travail n’était pas « … une quelconque prophétie, encore moins un positionnement vis-à-vis de théories absurdes et non-scientifiques. » Cela méritait d’être dit.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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