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Saison israélienne (2/2) : « Juif-Arabe », le fabuleux thriller d’Asaf Hanuka

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Sur la couverture, un homme pose fièrement dans sa tenue ottomane : fez et moustache cirée, avec un narguilé. Sur ses genoux, un jeune garçon coiffé d’une casquette regarde le photographe d’un air jovial et quelque peu effronté. Est-ce là le portrait d’un père et de son fils ? Non, l’homme au fez est juif, c’est le grand-père de l’auteur. Le gamin est un jeune Arabe qu’il a adopté et qui l’aide dans ses tâches quotidiennes. Le cliché est tiré des archives familiales de Asaf Hanuka, d’origine judéo-arabe. Le dessinateur israélien est surpris d’apprendre que le garçonnet a la réputation d’être le propre assassin de son aïeul ! Enquêtant sur ce mystérieux meurtre, il en viendra à disculper, de son prétendu crime, l’enfant de la photo.

D’Asaf Hanuka, on connaît surtout Le Réaliste (4 vol. et une intégrale, chez Steinkis), distingué aux Eisner Awards et bien évidemment Je suis toujours vivant (Gallimard/Steinkis) qu’il cosigne avec le célèbre Roberto Saviano, l’auteur de Gomorra. On connaît son trait capable d’une clarté comme d’une grande justesse.

Quand on l’interroge sur ses origines, Asaf Hanuka revendique ses racines arabes : il est, selon ses mots, un « Arabe juif ». Dans cet album, on le voit revenant en Israël, de France où il a fait des études de bande dessinée à l’Ecole d’art Emile Cohl à Lyon. Sauf que la Terre Promise n’est pas celle du 9e art et, pour l’heure, sa carrière en France est dans une impasse. Un peu paumé, il est amené à réoccuper sa chambre chez ses parents. Désœuvré, il n’est pas trop actif pour trouver un boulot
rémunérateur.

Saison israélienne (2/2) : « Juif-Arabe », le fabuleux thriller d'Asaf Hanuka

À cela s’ajoute les ennuis de santé de son père, rendu muet pendant quelques semaines en raison d’une délicate opération aux vertèbres cervicales… Ce qui amène le jeune Asaf à conduire avec son oncle la liquidation du magasin de son grand-père à Tibériade. Dans les affaires de son aïeul, cette photo : on y voit Saül Hanuka avec un gamin. Qui est-ce ? Son père ? Non : « - C’est le salopard qui l’a tué », commente l’oncle. Asaf va enquêter sur ce meurtre.

Ce faisant, en coulisse, on découvre l’histoire de l’Etat d’Israël, le projet sioniste, la période ottomane puis, dans l’entre-deux-guerres, le mandat britannique, jusqu’à la proclamation d’indépendance de l’État. Au-delà du fait divers, ce sont ces identités qui sont interrogées : juif, arabe, juif-arabe… Les récits alternés jouent magnifiquement des temporalités dans une narration au trait et aux couleurs sobres, parfaitement maîtrisées.