Wonder Woman Terre Un T. 3 - Par Grant Morrison & Yanick Paquette - Urban Comics

Publiée de 2016 à 2021 aux États-Unis, et trois ans après la sortie du volume deux en France, nous découvrons enfin l’acte final de la relecture de Grant Morrison de la troisième et dernière grande figure de la trinité de DC qui manquait encore à son arc.

Comme souvent, le scénariste est revenu au source du personnage et des intentions de son créateur, William Moulton Marston, qui oppose à la domination, associée aux sociétés patriarcales, le principe de soumission, où la force et l’honneur se manifestent par la capacité à s’en remettre à ses semblables.

Nous avions laissé la princesse des Amazones face à l’hostilité du gouvernement américain après son arrivée dans le Monde des Hommes. Mais c’est surtout une machination ourdie par Arès contre les Amazones qui mena au point de non retour : l’assassinat de sa mère, la Reine Hippolyte. Un évènement qui fait ainsi de Diana la nouvelle cheffe de l’île du Paradis qui compte de nombreuses alliées.

Sur la forme, ce dernier album suit un schéma simple et classique : le perfide Arès envoie ses robots-drones attaquer les Amazones qui se défendent vaillamment jusqu’à leur victoire. En passant pour Diana par un détour aux Enfers, afin de résoudre une énigme et boucler la boucle. Le tout se déroulant en parallèle avec un aperçu, mille dans le futur, de la société humaine et utopique bâtie par les Amazones.

© DC Comics / Urban Comics

Sur le fond, comme mentionné, le récit va au bout des idées de Marston pour qui l’homme représentait le laid et le mal, et la femme le beau et le bien. Ainsi l’histoire se termine par la création d’une société matriarcale et parfaite, expliquant que tous les maux du monde viennent du patriarcal. C’est radical et en partie elliptique : il n’est pas conté de quelle façon les Amazones prennent finalement le pouvoir sur Terre, ni quels principes gouvernent cette société, si ce n’est l’utopie.

D’ailleurs, parler de matriarcat n’est sans doute pas tout à fait correct pour caractériser le dénouement. Citons Marston : "Le seul espoir de paix est d’apprendre aux gens pleins de dynamisme et de force illimitée à aimer être ligoté... Ce n’est que lorsque le contrôle de soi par les autres est plus agréable que l’affirmation libre de soi dans les relations humaines que nous pouvons espérer une paix stable et une société humaine pacifique."

© DC Comics / Urban Comics

Morrison suit ce principe jusqu’au-boutisme, avec les Amazones qui l’apprennent à l’humanité, et aux hommes en particulier, en remplaçant la "domination" par la "soumission". Hyperbole ou premier degré, chacun appréciera à sa façon cette conclusion parfaitement logique. En effet, le récit a revendiqué dès le début l’héritage de Mouton, à savoir la supériorité des sociétés matriarcales.

Toujours accompagné des excellents dessins de Yanick Paquette, une vision de Wonder Woman passionnante mais qui manque peut-être de nuance dans son dénouement, à l’image de Beth Candy. Dans le premier tome, elle trouvait les mots justes pour relativiser la vision manichéenne de Diana, tandis que dans le dernier elle se montre prête à user du contrôle mental des Amazones pour soumettre ceux qui résisteraient à la révolution en marche.

© DC Comics / Urban Comics