Zamboula, mythique cité marchande du Désert oriental. Jadis simple oasis peuplé par des tribus nomades, Zamboula devint une riche et importante ville sous l’influence des Stygiens. Elle fut par la suite conquise par les envahisseurs de Turan, qui en firent l’avant-poste occidental de leur empire.
Aujourd’hui, Zamboula est une babel d’un millier de langues et de croyances, dirigée par le satrape [1] Jungir Khan, qui serait lui-même sous l’influence de sa maîtresse Nafertari.
C’est dans cette cité multi-ethnique que Conan a décidé de faire escale quelques jours. Il loge dans l’auberge d’Aram Baksh sans se douter du danger que représente son hôte... On raconte qu’Aram Baksh serait en réalité un démon ayant l’apparence humaine le jour pour duper les voyageurs qui s’arrêtent chez lui. Car la nuit, il recouvrirait sa forme réelle pour enlever les malheureux et les dévorer avec ses congénères dans le désert, à l’abri des regards. Averti à temps du piège dans lequel il s’est encore fourré, le Barbare se prépare donc en conséquence... Sa nuit promet d’être mouvementée !
Des Noirs tantôt cannibales sauvages tantôt serviteurs, une jeune femme gambadant entièrement nue durant -presque- tout l’album et sans raisons apparentes... Oui, ces clichés et stéréotypes sortis d’un autre temps, qui parsèment cette nouvelle aventure de Conan le Cimmérien nous ont fait tiquer ! Et pour cause, cette nouvelle était une œuvre de commande.
En 1935, Robert E. Howard se trouve dans une situation paradoxale. Après une interruption, l’auteur de Conan a repris l’écriture de ses nouvelles depuis 1933, marquant ainsi l’avènement d’une période faste. Il enchaînait les récits ambitieux dont le point culminant fut Au-delà de la rivière noire. Bien que ce récit représentait un tour de force scénaristique, son éditeur Weird Tales ne lui fit pas l’honneur de figurer sur la couverture du journal car cette nouvelle ne proposait pas de jeune femme dénudée pouvant servir à illustrer sa revue.
Cette décision fut vécue comme un revers par Howard. Afin d’inverser la tendance, il rédigea Les Mangeurs d’hommes de Zamboula, un récit qui exploite à dessein des clichés négrophobes et l’érotisme, afin de permettre notamment à son éditeur de siphonner l’audience de ses concurrents spicies (pulps érotiques) et shudder pulps (récits horrifiques et fantastiques), des styles de revues qui étaient ouvertes à toutes les outrances.
Malgré la piètre qualité scénaristique de cette nouvelle, Gess réussit néanmoins à nous proposer un album divertissant marqué par son trait qui magnifie la puissance physique du Cimmérien et de ses adversaires, et par le dynamisme de sa mise en scène.
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(par Christian MISSIA DIO)
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Conan le Cimmérien T. 9 : Les Mangeurs d’hommes de Zamboula - Par Gess, d’après l’œuvre de Robert E. Howard - Glénat - collection Grafica. Album paru le 11 mars 2020. 64 pages, 14,95 euros.
Conan le Cimmérien T. 9 : Les Mangeurs d’hommes de Zamboula version NB - Par Gess, d’après l’œuvre de Robert E. Howard - Glénat - collection Grafica. Album paru le 18 mars 2020. 48 pages, 29,50 euros.
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[1] Un satrape (du grec σατράπης / satrápês, lui-même adapté de l’iranien xšaθrapā, du vieux perse xšaθrapāvan, signifiant « protecteur du pouvoir [royaume] ») est le gouverneur d’une satrapie, c’est-à-dire une division administrative de l’empire achéménide (Perse), du Royaume de Macédoine et de l’empire séleucide. Il est le représentant direct du roi dans une province, où il exerce toutes les prérogatives royales (source : Wikipedia)
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