Quand on entre dans l’atelier de François Bourgeon, on entre dans un temple de la Connaissance, avec un grand C. Les livres de référence abondent : dictionnaires, encyclopédies, précis d’histoire, de marine ou de grammaire. C’est que ce fils de journaliste est né dans la culture. Toutes les cultures, d’ici et d’ailleurs, savante ou populaire. Dans cet entretien, il pousse la chansonnette : un air d’Aristide Bruand que Bourgeon vous décrit arpentant Montmartre avec une femme à chaque bras. Son héroïne croise Louise Michel, Elisée Reclus, le jeune Erik Satie, Steinlein. Rien n’est au hasard chez Bourgeon, il l’explique bien dans son entretien. Résultat : il lui faut quatre ans pour faire un livre. Pas vraiment de saison lorsqu’on voit des auteurs reconnus, comme dans le domaine des mangas, sortir jusqu’à six tomes par an.
On est aussi surpris en se promenant dans son bureau par une grande maquette en papier du quartier de Montmartre construite sur la base des plans des années 1870 à une époque où c’est encore un peu la campagne et où le Sacré Cœur – « cette immonde choucroute » dit Tardi- basilique expiatoire des « crimes » de la Commune est encore en construction. Il est comme cela Bourgeon, il doit tout maîtriser, tout comprendre, tout connaître. « Ce n’est pas pour faire sérieux, explique-t-il, c’est pour croire à ma propre histoire, pour m’amuser… »
Ça va loin : dans un coin, un mannequin avec une chemise datant du XVIIIe siècle. « Vous comprenez, les plis des vêtements ne tombent pas de la même façon qu’aujourd’hui. » Les personnages principaux ont chacun leur portrait sculpté, « pour pourvoir les animer sous tous les angles… » Étonnant Bourgeon, on n’imagine pas tout ce travail quand on lit l’ouvrage. Il faut revenir dessus, recouper l’information et découvrir avec stupeur l’exactitude de ses connaissances.
Regardez cette vidéo, il vous explique tout cela. C’est bluffant.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
(par François RISSEL)
(par Kelian NGUYEN)
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Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)
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