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"Les Passagers du vent", "Mattéo", "L’Arabe du Futur"… Trois chefs d’œuvre devenus des classiques de notre temps.

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 16 janvier 2023                      Lien  
François Bourgeon, Jean-Pierre Gibrat, Riad Sattouf, trois auteurs à part entière, trois créations caractéristiques de leur époque, trois approches littéraires différentes qui ont toutes eu un succès considérable et qui ont été portées par leurs auteurs des années durant. Si le terme galvaudé de « roman graphique » a un sens, c’est bien ici : de longues sagas, des personnages hors normes et des décors formidables qui assurent des heures de réflexion, d’émerveillement et de belle lecture. Trois témoignages aussi d’un âge d’or de la bande dessinée : celui que nous vivons aujourd’hui.

Parmi les « classiques » dont les cycles se sont achevés en 2022, trois ont marqué leur époque : Les Passagers du vent de François Bourgeon, une série entamée en 1979 à l’assise documentaire impressionnante et aux héroïnes attachantes et fortes couvrant deux siècles d’histoire sociale et coloniale en neuf volumes ; Mattéo de Jean-Pierre Gibrat, un récit en six volumes débuté en 2008, qui démarre en 1914 sur le front de la Somme et qui s’achève en mai 1940, réflexion sur une époque qui a accouché, sur le terreau de l’anarchie, de deux des tropismes politiques majeurs du XXe siècle : le communisme et le fascisme ; enfin, L’Arabe du Futur de Riad Sattouf, apparu en librairie en 2014, moins réaliste, davantage introspectif, qui apparaît comme une sorte de psychanalyse de l’époque contemporaine.

D’où venons-nous ? Quels sont les fondements de notre humanité, de notre modernité, de notre rapport au monde ? C’est à ces questions que répondent ces trois auteurs dont aucun n’est jusqu’ici Grand Prix d’Angoulême, même s’ils ont chacun été plusieurs fois primés.

La bande dessinée au service de l’Histoire

Les historiens de la BD un peu affutés sauront donner un sort favorable à François Bourgeon et à sa série Les Passagers du vent. Il a lancé le mouvement de la BD historique, alors fer de lance du jeune éditeur Jacques Glénat au tournant des années 1980. Il a fait entrer la bande dessinée adulte dans la grande distribution, sa série dépassant le cap du million d’exemplaires vendus au mitan de sa notoriété. Il porte enfin les valeurs de son époque : relecture humaniste des colonisations du XVIIIe et le XIXe siècle, déconstruction des matrices politiques qui ont structuré le XXe : anarchisme, communisme, capitalisme.

Une œuvre où l’on reconnaît les premiers discours en faveur de l’égalité homme-femme ou de conscience des enjeux écologiques… C’est une BD qui reste cependant marquée par son époque, encore engoncée dans le récit d’aventure classique franco-belge avec ses marqueurs commerciaux obligés (le chemisier mouillé de la première couverture…) mais qui n’a jamais concédé à la facilité. L’intégrité et la sincérité de Bourgeon, notamment dans le domaine de la défense du droit des auteurs, est totale.

"Les Passagers du vent", "Mattéo", "L'Arabe du Futur"… Trois chefs d'œuvre devenus des classiques de notre temps.

Il y a aussi un vrai travail d’écriture dans cette série : un intérêt pour les peuples, leurs cultures et leur langue, une approche pointue et documentée des enjeux historiques et une conscience politique, marquée à gauche, quand cette notion avait encore un sens.

Il y a ensuite un dessin qui n’appartient à personne. Voici un auteur qui n’a pas eu le nez collé sur les planches d’Alex Raymond, de Milton Caniff, de Jacobs, de Jijé, de Giraud ou d’Hermann. Bourgeon fait du Bourgeon. C’est parfois laborieux, rarement esthétisant, mais toujours d’une grande intelligence et d’une grande probité.

Ses personnages sont touchants, entiers, humains ; comme ses décors minutieusement travaillés ; ses dialogues parfaitement en phase avec le sujet et surtout écrits dans une langue précise et documentée qui conserve ses archaïsmes comme un trésor national. Une série érudite, en résumé.

Exemple : dans le dernier album, on voit l’héroïne, Zabo, utiliser l’expression « tomber comme à Gravelotte ». On pourrait croire qu’elle est anachronique, issue par exemple de la Guerre de 1914. Eh bien, non, nous avons vérifié : l’expression date de 1870, lors de la guerre contre les Prussiens, contemporaine donc de cette histoire qui se passe après « l’année terrible » de la Commune. En clair, cette série qui se termine est un chef-d’œuvre de notre temps.

Les Passagers du Vent T. 9 : Le Sang des cerises Livre II - Par François Bourgeon
© Delcourt

Ballotés par les guerres

Mattéo de Jean-Pierre Gibrat (Ed. Futuropolis) est cette autre série aux qualités remarquables qui court de 1914 à l’aube de la Seconde Guerre mondiale et qui offre une vision romantique des déchirures idéologiques du début du XXe siècle, éclairant au travers du moment-clé de la Guerre civile espagnole, la compréhension des enjeux de l’époque.

Écrite à hauteur de combattant : des jeunes gens qui se lancent dans la vie, une vie bien secouée d’ailleurs, cette BD met en situation les discours et les émotions qui traversent les acteurs d’une Histoire en train de s’écrire et qui se cristallise, dès avant la Seconde Guerre mondiale autour du combat entre le monde libre et des régimes autoritaires de plus en plus désinhibés et de plus en plus criminels. Un enjeu dont nous subissons encore les aléas de nos jours.

Certes, la série renvoie une vision de la guerre qui peut paraître idéalisée : les protagonistes, tous dans leur genre, sont complaisamment typés, tous très beaux, dans une sorte d’antithèse de la démarche d’un Tardi par exemple qui, à l’instar de l’écrivain Céline et de sa prose éructée, préfère évoquer le cloaque des combats. Gibrat a plutôt fait le choix de documenter la confrontation des idéaux, lesquels ne sauraient être représentés sans un brin de positivité, de romanesque. Ils sont le fait de jeunes gens projetés vers l’avenir qui ignorent le degré d’abomination des régimes qui œuvrent en coulisse, confortés dans leurs crimes une fois assurée leur victoire. C’est cette complexité, entre enthousiasme et désillusion, qui donne tout son prix à cette saga à nulle autre pareille, qui s’appuie en outre sur des témoignages et des travaux récents d’historiens de la période. Un autre chef d’œuvre.

Matteo T. 6 - Par Jean-Pierre Gibrat
© Futuropolis

Contradictions contemporaines

Nous sommes dans une toute autre atmosphère dans le roman graphique en six volumes L’Arabe du futur de Riad Sattouf (Ed. Allary). D’abord parce que nous entrons dans la période contemporaine : la France provinciale des années 1970-80, mais aussi le Moyen-Orient : la Libye, le Liban, la Syrie… Ensuite parce que nous sommes dans le domaine de l’autobiographie. Pas besoin d’une énorme documentation pour surdéterminer l’historicité du propos : les souvenirs de l’auteur suffisent.

Le trait, contrairement aux deux précédents, est schématique et humoristique façon Peanuts, loin des canons de la bande dessinée franco-belge. Dans une bichromie qui varie selon les périodes et les lieux concernés, le dessin est sans esbrouffe et va à l’essentiel. Le talent de Sattouf n’est pas (seulement) dans cette formidable capacité de synthèse, dans ce « dessin-écriture » revendiqué par son « mentor » Émille Bravo : il est dans sa formidable qualité d’observation des comportements et des émotions qu’il arrive à caractériser de façon exceptionnelle.

La figure du père, par exemple, engoncé dans ses contradictions et de plus en plus vindicatif à mesure que les parents du jeune Riad se séparent (il va jusqu’à enlever son plus jeune fils pour l’emmener en Syrie) met le drame familial au premier plan projetant cette histoire dans l’actualité la plus récente : celle de la guerre civile en Syrie.

Là est le lien avec les deux précédents corpus : L’Arabe du futur confronte la civilisation occidentale, ses valeurs, sa vision du monde et ses convictions avec celle de peuples qui ont leur propre romantisme. « L’arabe du futur » dont rêve le père de l’auteur, Abdel-Rasek, un prof d’histoire nationaliste panarabiste émigré en France, est celui d’un socialisme prôné par des dictateurs qui ont laissé des traces, souvent sanglantes, dans l’Histoire : Nasser, Saddam Hussein, Mouammar Kadhafi, Hafez el-Assad

La différence, c’est que ce romantisme nationaliste a directement impacté sur la vie de l’auteur qui a dû vivre entre ce père absent, mais toujours présent dans l’esprit, et une mère déprimée par l’enlèvement de son fils, un frère avec lequel Riad communique par internet et qui s’avère être complètement du côté de son paternel, pleinement syrien.

L’Arabe du futur T.6 - Par Riad Sattouf
© Riad Sattouf : Ed. Allary

Déchiré entre ces contradictions, complexé et peu sûr de lui, s’interrogeant sur sa vocation -la bande dessinée- dont les perspectives ne sont pas évidentes, Riad Sattouf offre de lui-même le portrait profondément humain d’un créateur en devenir. Là encore, la complexité du propos, l’empathie, y compris pour un père qui a fait souffrir sa famille, constitue un champ de réflexion absolument inoubliable.

Ces trois œuvres témoignent, n’en déplaisent aux grincheux, de l’âge d’or de la bande dessinée que nous vivons depuis trente ans en dépit de l’insolent succès des mangas. Trois œuvres et autant de raison d’aimer la bande dessinée.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782370734242

Delcourt Allary Futuropolis ✏️ Riad Sattouf ✏️ Jean-Pierre Gibrat ✏️ François Bourgeon Histoire Autobiographie Pédagogie
 
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32 Messages :
  • Bonjour
    Peut-être faudrait-il "rendre à César ce qui appartient à César" en attribuant la planche du Matteo T6 à Gibrat et non à Bourgeon...
    Cordialement

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 16 janvier 2023 à  22:54 :

      Effectivement. C’est corrigé. Merci. César sera content par Toutatis !

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      • Répondu le 17 janvier 2023 à  07:39 :

        De notre temps ? Les Passagers du Vent ont plus de 40 ans.

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        • Répondu le 17 janvier 2023 à  08:57 :

          Et les plus récents sont horribles, graphiquement c’est une catastrophe.

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  • "Classiques de notre temps"

    Vous frôlez l’oxymore !

    Attendons quelques décennies pour le vérifier !

    Merci de nous faire partager vos goûts mais en ce qui concerne les miens, aucune de ces trois séries n’est ma tasse de thé.
    Une critique n’est rien de plus qu’une opinion, voire un commentaire.

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  • C’est fou que François Bourgeon ne soit pas Grand Prix à Angoulême. Voilà un auteur qui approche des 80 ans, dont la carrière est exemplaire, qui a eu une influence énorme sur la bande dessinée, dont le talent ne faiblit pas (on est en droit de préférer le premier cycle des Passages du vent, certes, mais à titre personnel je trouve que les derniers albums de la série restent passionnants).

    J’aime beaucoup Riad Sattouf, Catherine Meurisse et Alison Bechdel mais avant de leur donner le Grand Prix, on devrait d’abord penser à le donner à François Bourgeon – de même que Larcenet trouvait absurde d’être récompensé avant Cosey.

    (Je rêve où l’on annonce depuis quelques semaines une entretien vidéo avec Bourgeon sur ce site ?)

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    • Répondu le 18 janvier 2023 à  17:40 :

      Ce vote pour le Grand Prix est tellement opaque qu’il est forcément truqué comme un combat de catch !

      Comment croire que la majorité des auteurs a choisi trois auteurs qui font de l’auto-fiction avec un penchant pour le dessin de presse. Trois auteurs qui représentent un seul axe de la bande dessinée actuel. C’est incohérent ! Vous imaginez tous els dessianteurs réalistes de fiction préférez votez pour eux. Un peu comme si tous les gens de droite se mettaient à voter à gauche ou l’inverse. Ça n’existe que dans les dictatures !
      Et pourquoi un auteur défendrait le travail d’un autre ? Un auteur est individualiste par essence, il défend son œuvre, sa crèmerie, pas celle du voisin. Ou alors, à la rigueur, pas copinage.
      Le FIBD choisit les auteurs qui servent ses enjeux.

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    • Répondu le 18 janvier 2023 à  21:04 :

      Du coup Larcenet ne l’a pas eu. Dans la vie il faut saisir les opportunités quand elles se présentent. La vie ne repasse pas les plats. Cosey et Hermann et Munoz l’ont enfin finalement obtenu. Bien sûr que Bourgeon le mérite. Mais Jean-Claude Servais, Patrice Pellerin, Alain Dodier, Jordi Bernet, Mike Mignola, Adam Hugues, Ruben Pellejero, Angelo Stano, Milo Manara, Ryōichi Ikegami, Christian Binet, Nicole Claveloux, Edika, Lucas Nine et beaucoup d’autres vivants aussi. Et combien de morts qui le méritaient et ne l’ont pas eu ? Carlos Nine, Antonio Hernandez Palacios, Attlio Micheluzzi, Aldo Di Genaro, Sergio Toppi, Sergio Zaniboni, Dino Battaglia, John Romita, John Buscema, Gil Kane, Joe Kubert, Neal Adams, Jack Davis, Wallace Wood… et tous ceux qui sont morts avant même la naissance du festival ?

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      • Répondu le 19 janvier 2023 à  08:33 :

        Larcenet est passé de mode. De la même manière, Pénélope Bagieu est en train de passer de mode.

        Encore une fois, c’est la démonstration que les nominés correspondent d’abord aux enjeux du Festival d’Angoulême. Ce n’est pas une vraie académie qui reconnaît une œuvre et l’apport de cette œuvre dans l’histoire du 9ème art.

        Riad Sattouf, Catherine Meurisse et Alison Bechdel correspondent à l’actualité. Le premier tome de "L’arabe du futur" est sorti pendant la guerre en Syrie. Catherine Meurisse est liée aux attentats de Charlie Hebdo et Alison Bechdel et le test sur le sexisme qui porte son nom. Tout ça a plus à voir avec l’actualité, le journalisme qu’avec l’essence d’un art.

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        • Répondu le 19 janvier 2023 à  11:15 :

          Oui mais d’un autre côté l’art n’existe pas en dehors de son époque. On peut trouver Matisse et Picasso géniaux, et ils l’étaient, mais leur œuvre évoquera toujours l’époque pendant laquelle ils l’ont produite. Picasso c’est Guernica comme Andy Warhol c’est les années 60.

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          • Répondu par Milles Sabords le 22 janvier 2023 à  07:22 :

            La démonstration avec Matisse ou Picasso à ses limites, car leur évolution picturale est si dense qu’ils ne sont pas les peintre que d’une seule époque. Quant à Warhol, il a créer un concept consumériste qui a su traverser toutes les époques. La BD a ceci de particulier, elle utilise un langage artistique particulier, indépendant des autres.

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            • Répondu le 22 janvier 2023 à  18:31 :

              Ça ne change rien au fait que les œuvres Bd sont totalement liées à leur époque. Tintin c’est le XXe siècle.

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              • Répondu par Milles Sabords le 22 janvier 2023 à  20:19 :

                Et Little Nemo in Slumberland a su traverser les époques, comme les œuvres de Matisse et Picasso.

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              • Répondu le 23 janvier 2023 à  06:39 :

                Un classique est à la fois lié à son époque et intemporel.

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                • Répondu le 23 janvier 2023 à  11:36 :

                  Little Nemo est un chef-d’oeuvre absolu mais totalement représentatif de l’époque de l’Art Nouveau.

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                  • Répondu par Milles Sabords le 23 janvier 2023 à  16:48 :

                    Le plus important ce n’est pas l’esprit d’une BD, mais d’abord les valeurs universelles qu’elle véhicule et la force de son graphisme. Tintin et Little Nemo ont ceci de concomitant ; des œuvres BD qui par leur grande modernité traversent toutes les modes et les époques. Des BD dont on parlera encore dans les décennies qui viennent.

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      • Répondu par bob le 23 janvier 2023 à  00:17 :

        John Romita (92 ans) n’est pas mort !
        Un peu de respect s’il vous plait. Merci.

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  • "Trois témoignages aussi d’un âge d’or de la bande dessinée : celui que nous vivons aujourd’hui."

    Âge d’or pour les éditeurs, les libraires, les lecteurs et quelques auteurs.
    Pour la majorité des auteurs, étant donné le système capitaliste archaïque qu’est l’édition, ce serait plutôt un âge de pierre.

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 19 janvier 2023 à  11:23 :

      Je pense que pour Bourgeon, Gibrat et Riad Sattouf, ça va. Il semble qu’en matière de droit d’auteur, la rémunération soit indexée au succès, non ?

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      • Répondu le 19 janvier 2023 à  14:20 :

        La rémunération est UNIQUEMENT au succès. C’est en ça que c’est un capitalisme archaïque.
        Le succès ne veut pas dire talent. Mais parfois, les deux s’accordent.

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        • Répondu le 21 janvier 2023 à  10:06 :

          Heureusement ! Que proposez-vous pour remplacer ce « capitalisme archaïque » ? Des artistes officiels ? Nommés par les États et rémunérés également quelles que soient leurs ventes ? Et obéissant à une charte officielle encadrant leurs créations ?

          Répondre à ce message

          • Répondu le 21 janvier 2023 à  10:48 :

            Que les auteurs ne soient plus seulement rémunérés sur leurs ventes. Payés pour le travail à produire en plus des droits patrimoniaux et supprimer le principe de l’avance. Si l’auteur n’a pas terminé son bouquin parce qu’il n’avait pas assez d’argent pour le fabriquer, il rembourses. Quel scandale ! Réformer le code la propriété intellectuelle et reconnaître un droit du travail aux auteur, pas seulement un droit de propriété. L’esprit du CPI a été détourné pour ne profiter qu’aux éditeurs et aux auteurs de bestsellers.
            Et là, on verra sur quoi repose cet âge d’or sans fin : une belle exploitation d’une masse d’auteurs.
            Ce serait un peu moins du capitalisme archaïque et ce ne serait pas du communisme non plus.
            Ce n’es tpas du communisme

            Répondre à ce message

            • Répondu le 21 janvier 2023 à  15:16 :

              Vous connaissez beaucoup d’auteurs qui ont remboursé leur avance parce qu’ils n’avaient pas fini leur livre ? L’avance est censée financer le travail de réalisation du livre. Ce qui serait scandaleux, ce serait de devoir rembourser si on n’a pas vendu assez de livres pour payer l’avance. Comme quoi ça peut toujours être pire.

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              • Répondu par Milles Sabords le 22 janvier 2023 à  07:09 :

                Si déjà l’auteur-triche touchait un % dès le premier album vendu, ce serait une belle avancée. Avec, bien sûr, un premier % commençant à 10 et non plus 6, 7, ou 8.

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                • Répondu le 22 janvier 2023 à  09:38 :

                  Un pourcentage veut tout et rien dire.

                  Le 15 novembre dernier, le Conseil d’État a annulé partiellement l’ordonnance du 12 mai 2021 portant transposition notamment de l’article 18 de la directive européenne sur le droit d’auteur du 17 avril 2019. Parce que le ministère de la culture avait volontairement omis d’ajouter "approprié" à rémunération proportionnelle
                  Après cela, au sénat, un cavalier législatif a été tenté pour casser le cou à se fameux terme "approprié".
                  Certains politiques font tout pour que la question ne soit pas débattue au parlement. Alors qu’il faudrait.

                  La rémunération est proportionnelle. Mais est-elle appropriée et peut-elle être proportionnelle sans être appropriée ?

                  La rémunération proportionnelle reconnaît le succès des ventes.
                  Mais une rémunération appropriée est une porte ouverte sur la reconnaissance du TRAVAIL à fournir pour produire telle œuvre.
                  Toutes les bandes dessinéene nécessitent pas le même temps de travail pour exister. C’est l’objet qui décide du temps de travail et non pas une rémunération optimisée sur les ventes. Je devine qu’il faut beaucoup plus de travail pour dessiner un tome d’un Bourgeon ou d’un Gibrat plutôt que d’un Sattouf. Mais ce temps de travail n’est pas optimisé et n’entre pas dans le calcul de la rémunération de l’auteur. En clair, un auteur n’est pas payé pour son travail mais pour son succès commercial. C’est pour cela que je dis que c’est un capitalisme archaïque. Et cerise sur le gâteau, l’avance n’est pas un dû pour un travail à faire mais un prêt à taux zéro sous condition.

                  Le terme "approprié" est une reconnaissance d’un droit du travail qui reste à inventer.

                  Et je dis que l’âge d’or depuis trente ans dont parle Monsieur Pasamonik s’appuie sur une absence de rémunération appropriée du travail des auteurs. Un travailleur qui n’est pas payé, ça porte un nom : esclave.
                  Voilà sur quoi repose cet âge d’or. L’exploitation de la majeure partie des auteurs par un capitalisme archaïque.
                  Si les éditeurs peuvent publier autant d’ouvrages depuis quelques décennies, c’est parce que la matière première (le travail) ne coûte absolument rien.

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                  • Répondu le 22 janvier 2023 à  20:10 :

                    Je suis d’accord avec vous, le temps de travail n’est pas rémunéré en temps que tel. Mais quand vous parlez d’esclavage, vous insultez les vrais esclaves, qui existent toujours, y compris dans nos pays, et qui eux ne touchent rien, même pas une "avance". L’avance est censée correspondre au temps de travail nécessaire pour réaliser le livre. Qu’elle soit appropriée ou non, c’est dans la négociation entre l’auteur et l’éditeur que ça se détermine jusqu’à présent.

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                    • Répondu le 23 janvier 2023 à  18:54 :

                      "L’avance est censée correspondre au temps de travail nécessaire pour réaliser le livre"
                      Non. L’avance correspond seulement çà une prévision de la valeur patrimoniale d’une œuvre. Et pour la plupart des auteurs, l’avance ne couvre pas les ventes du premier tirage. Le premier tirage est rarement indiqué sur le contrat alors qu’il le devrait et l’avance devrait correspondre aux ventes de ce tirage. Il faut souvent plusieurs tirages avant de rembourser une avance. Et je dis bien : rembourser.

                      Qu’elle soit appropriée ou non, c’est dans la négociation entre l’auteur et l’éditeur que ça se détermine jusqu’à présent.

                      Non. Si l’avance était appropriée au travail à fournir, les éditeurs publieraient beaucoup moins de livres et moins de livres seraient bâclés.

                      Vous comprenez sur quoi repose cet âge d’or ?

                      Répondre à ce message

                      • Répondu le 23 janvier 2023 à  22:36 :

                        "L’avance correspond seulement çà une prévision de la valeur patrimoniale d’une œuvre." Non, la valeur patrimoniale d’une œuvre n’a rien à voir avec le montant de l’avance versée pour la réaliser. Ou alors, je ne sais pas quel sens vous donnez au mot "patrimoine" ;

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                  • Répondu le 22 janvier 2023 à  20:15 :

                    Ce que vous préconisez c’est un CDD par livre ? Parce qu’un CDI, autant rêver que le lait et le miel coule des fontaines et que les billets de banque poussent sur les arbres.

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                    • Répondu le 23 janvier 2023 à  18:47 :

                      Un réalisateur de série de dessins animés est à la fois salarié (un CDD pour réaliser l’œuvre) et rémunéré en droit d’auteur. L’un n’empêche pas l’autre.

                      Bien sûr que l’argent ne coule pas des fontaines et ne poussent pas dans les arbres. Mais la matière première qui fabrique de l’argent pousse dans la tête des auteurs : leur travail. Ce sont les auteurs qui sont à la source de la richesse. Et c’est cette valeur qu’il faut estimer justement.
                      Les éditeurs se rémunèrent aussi en plaçant leurs bénéfices, pas seulement sur les ventes des ouvrages qu’ils publient. Etc.

                      Répondre à ce message

              • Répondu le 22 janvier 2023 à  09:17 :

                Je connais quelques auteurs qui ont dû rembourser leur avance parce qu’ils n’avaient pas terminé leur livre faute d’argent pour pour y travailler.

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